Une action militante à Toronto dénonce les crimes de l'industrie minière
Plus d'une centaine de personnes ont manifesté devant l'hôtel Royal York à Toronto le 5 mars pour dénoncer les violations généralisées des droits humains et la dégradation de l'environnement causées par les monopoles miniers canadiens et étrangers établis au Canada. Il s'agissait de la conférence annuelle de l'Association canadienne des prospecteurs et entrepreneurs (ACPE) et d'un dîner de gala en l'honneur de différents monopoles miniers comme Barrick, qui ont un passé de violence contre des défenseurs de la terre autochtones dans le monde entier.
L'un des principaux thèmes de la manifestation de cette année était le lien étroit entre l'industrie minière et les guerres et agressions impérialistes. Les orateurs ont souligné que sans l'industrie minière, qui fournit des minerais essentiels à la production de guerre, l'armée aurait des difficultés à mener des guerres dans le monde entier. Rawan Nabil, représentante du Mouvement de la jeunesse palestinienne, a mis l'accent sur la production d'armes et d'équipements militaires fournis par les États-Unis, le Canada et d'autres pays à Israël pour poursuivre son génocide brutal contre les Palestiniens. Elle a donné l'exemple des avions de chasse F-35 utilisés pour bombarder les civils palestiniens. Elle a dénoncé le génocide du peuple palestinien et a appelé le gouvernement canadien à cesser de fournir des armes et des équipements à l'État sioniste d'Israël.
Nisrin Elamin a parlé, au nom du Collectif de solidarité avec le Soudan, du groupe Lundin, l'une des entreprises récompensées lors du gala de remise des prix de l'ACPE. Elle a rappelé que cette entreprise est actuellement jugée par un tribunal suédois pour avoir aidé et encouragé des crimes de guerre au Soudan entre 1999 et 2003, qui ont entraîné le massacre de dizaines de milliers de personnes, le déplacement d'innombrables autres et la destruction de maisons et de récoltes, ce qui a déclenché la première phase du génocide au Darfour. « Cette entreprise a non seulement du sang sur les mains, mais elle a aussi créé les conditions qui ont déclenché un génocide dans l'ouest du Soudan et aggravé la guerre civile au Sud-Soudan. Et le groupe Lundin n'est pas le seul, il fait partie d'un consortium d'entreprises minières, pétrolières et de fabrication d'armes qui voient leurs actions augmenter alors que des civils sont assassinés à Gaza, au Soudan et au Congo », a-t-elle déclaré.
Un autre thème de l'action était les dévastations causées par l'exploitation minière et l'extraction des ressources sur les terres autochtones au Canada et à l'étranger. Le chef Rudy Turtle de la Première Nation de Grassy Narrows a dénoncé le gouvernement canadien et le gouvernement de l'Ontario pour leur refus de respecter le moratoire que sa communauté a décrété sur la poursuite de l'activité minière. Il a fait remarquer que Grassy Narrows a souffert et continue de souffrir de la pollution industrielle et que trop c'est trop. Il a fait remarquer que lorsque les sociétés minières et autres sociétés d'extraction de ressources pénètrent sur les terres autochtones et y mènent des activités, ce sont les populations et l'environnement qui en pâtissent et ce sont les populations autochtones qui en subissent les conséquences.
Pauline Moonias, de la Première Nation Neskantaga, a également fait écho aux sentiments du chef Turtle, soulignant que dans sa petite communauté du territoire Nishnawbe Aski, au nord de Thunder Bay, qui se trouve sur le Cercle de feu, les intérêts miniers extérieurs continuent d'écarter son peuple sans aucune considération pour lui ou pour la terre. Les consultations sont une farce et tout est mis en oeuvre pour saper le droit de son peuple à l'autodétermination. Toutefois, a-t-elle promis, les Neskantaga et les Premières Nations du Nord continueront de résister aux tentatives des entreprises minières et des gouvernements de piller les ressources de la terre, notamment les ressources minérales.
Un jeune militant brésilien de l'organisation Amazon Watch a fait remarquer que plus de 50 organisations d'Amérique latine et des Caraïbes ont cartographié 37 projets canadiens dans la région, y compris dans le bassin amazonien, et ont constaté des violations généralisées des droits humains, notamment des délocalisations forcées, des violences contre des dirigeants autochtones et des défenseurs de la terre, ainsi que la destruction de l'environnement qui assure la subsistance des peuples autochtones. La grande majorité des projets se situent sur des terres autochtones et l'essentiel de l'exploitation minière concerne l'or.
La destruction de l'environnement était un autre thème de l'action. Outre la dénonciation de la fourniture de minéraux critiques à la machine de guerre américaine et à d'autres armées, l'action a porté sur les affirmations bidon des sociétés minières selon lesquelles la fourniture de matières premières pour les voitures électriques « protégera » l'environnement. Chuka Ejeckam, de l'Alliance noire pour la paix, a souligné qu'un grand nombre des minéraux essentiels aux batteries des véhicules électriques, comme le lithium et le cobalt, proviennent d'Afrique. Il a fait remarquer que les entreprises minières exploitent les Africains en leur imposant des conditions de travail horribles et des salaires d'esclaves pour engranger un maximum de profits. Il a déclaré que « les entreprises présentes à ce gala célèbrent leur capacité à générer des profits aux dépens de toute vie sur cette planète. En servant de foyer mondial à ces entreprises, le Canada contribue à faciliter les crimes qu'elles commettent. C'est indéfendable. »
L'action s'est terminée sur une note positive, les
participants
s'engageant à redoubler d'efforts pour que les
entreprises
minières et les gouvernements rendent des comptes de
l'exploitation et de la dégradation de la Terre
nourricière,
pour protéger l'environnement naturel et humain et pour
créer un
avenir prospère et durable pour tous.
Cet article est paru dans
Volume 54 Numéro 3 - Mars 2024
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