L'«accord politique inclusif devant mener à la tenue d'élections libres et équitables» de Trudeau en Haïti
Les médias rapportent que le 11 mars, le premier
ministre
Justin Trudeau a convoqué le « Groupe d'intervention en
cas
d'incident » pour discuter de la situation en Haïti.
Un
communiqué du bureau du premier ministre indique que
Justin
Trudeau « a souligné l'importance de parvenir de toute
urgence à
un accord politique inclusif devant mener à la tenue
d'élections
libres et équitables en vue de rétablir l'ordre
démocratique en
Haïti.
Il semble que l'ironie de l'imposition d'un ordre
démocratique
« dirigé par les Haïtiens » en Haïti par le biais d'une
intervention étrangère échappe au premier ministre. La
déclaration ajoute que le Canada contribue à hauteur de
80,5
millions de dollars à la mission multinationale de
soutien à la
sécurité (MSS) autorisée par les Nations unies et
soutient la
Communauté des Caraïbes (CARICOM), qui est prête à
participer à
la mission interventionniste.
Plus tard dans la journée, l'ambassadeur du Canada à
l'ONU, Bob
Rae, a participé à ce qu'on a appelé le « dialogue
organisé par
le CARICOM avec les parties prenantes haïtiennes, y
compris les
États-Unis ». Dans un communiqué du département
d'État
américain, le secrétaire d'État Antony J. Blinken affirme
qu'il
participait à la réunion « pour discuter de la création
d'un
collège présidentiel afin d'aider à accélérer la
transition
politique en Haïti, et pour discuter du déploiement d'une
mission multinationale de soutien à la sécurité afin de
rétablir
l'ordre ».
Imaginez l'utilisation de l'image d'un « collège
présidentiel »
à un moment où le « collège présidentiel » américain, qui
a le
dernier mot sur les résultats des élections aux
États-Unis, est
tellement discrédité ! Les États-Unis prétendent qu'un
tel
collège « aidera à accélérer la transition politique en
Haïti »
alors que la version américaine ne peut même pas « aider
à
accélérer la transition politique » aux États-Unis, ce
qui
semble être le mieux qu'ils puissent trouver.
Au micro de la CBC, Bob Rae a insisté sur le fait que cette ingérence étrangère dans les affaires intérieures d'Haïti était « dirigée par les Haïtiens ». Il a précisé que le Canada « ne fournit qu'un soutien financier et logistique » et qu'il ne « met pas de bottes sur le terrain ». « Le Canada participera à tout effort combiné. C'est juste que nous n'envoyons pas de troupes », a déclaré Rae. « La raison en est que (Trudeau) veut insister sur le fait que ce sont les Haïtiens eux-mêmes qui doivent ouvrir la voie. »
Lors d'un entretien ultérieur avec le journaliste Alec Castonguay à Radio-Canada, Justin Trudeau a souligné que le gouvernement du Canada faisait son possible pour assurer la sécurité en Haïti. Il a rappelé que le Canada « est engagé avec la communauté internationale en Haïti depuis 30 ans ». « Il a cité des exemples d'interventions policières, militaires et médicales menées dans le pays », a rapporté d'Haïti le journal Le Nouvelliste le 17 mars. « Nous avons construit des prisons, des hôpitaux, nous avons été là avec la communauté internationale pendant longtemps. Malgré tout cela, nous nous retrouvons après trois décennies de travail dans cette crise abominable », a déclaré le premier ministre du Canada.
Jamais Justin Trudeau ne s'est demandé pourquoi, après 30 ans, les Haïtiens rejettent tout ce que le Canada et « la communauté internationale » ont fait. Au contraire, les machinations visant à maintenir Haïti sous la coupe d'intérêts privés étrangers et dans les griffes d'une élite dirigeante corrompue sont la cause de l'« abominable crise » haïtienne. Elles sont au service de l'enrichissement financier des éléments américains les plus pourris qui profitent des biens mal acquis, avec le soutien total du Canada,
Note sur « Groupe d'intervention en cas d'incident »
L'identité des personnes qui participent aux réunions du « Groupe d'intervention en cas d'incident » est secrète. La première fois que les Canadiens ont entendu parler de ce « Groupe d'intervention en cas d'incident », c'est lorsque Trudeau a annoncé sa formation le 28 août 2018. Il a été décrit comme « un comité formé spécialement pour réagir aux urgences. Il se réunira dans l'éventualité d'une crise nationale ou lors d'incidents survenus ailleurs et ayant des conséquences importantes pour le Canada ». Il a été présenté comme étant similaire à ce que les « Cinq yeux » – États-Unis, Royaume-Uni, Canada, Australie et Nouvelle-Zélande – ont déjà mis en place au sein de leur propre gouvernement.
Selon les rapports, les services de renseignement étrangers « cherchent généralement à établir des réseaux d'agents qu'ils peuvent utiliser pendant une période prolongée, afin d'obtenir un flux d'informations fiable. Les agents opèrent en exploitant des relations et des positions de confiance pour obtenir des informations sensibles ».
Le « Groupe des cinq » est un réseau d'échange de renseignements impliquant plus de 20 agences différentes des cinq « pays anglophones ». Il s'agit à la fois de renseignements basés sur la surveillance et de renseignements d'origine électromagnétique (SIGINT). Il s'agit de renseignements « dérivés de signaux et de systèmes électroniques utilisés par des cibles étrangères, tels que des systèmes de communication, des radars et des systèmes d'armes, qui offrent à notre pays une fenêtre vitale sur les capacités, les actions et les intentions de nos adversaires étrangers ». Voici quelques exemples : « Des clés USB secrètement équipées d'émetteurs radio. Des logiciels malveillants pour iPhone utilisés pour surveiller les communications et les activités des utilisateurs. Des générateurs portables d'ondes continues qui peuvent surveiller les activités du clavier d'ordinateurs même hors ligne par le biais d'une attaque par vibration du clavier. »
Une réunion au niveau ministériel des « Cinq yeux » s'est tenue le même jour en 2018 que l'annonce du « Groupe d'intervention en cas d'incident ».
(Avec des informations de CBC, Radio-Canada, Le Nouvelliste, Reuters)
Cet article est paru dans
Volume 54 Numéro 3 - Mars 2024
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