Ne touchez pas à Haïti !
La désinformation sur les gangs criminels pour détourner l'attention de l'ingérence brutale du Core Group
Rassemblement à Ottawa lors du 20e anniversaire du coup
d'État
en Haïti, 29 février 2024
L'affirmation des États-Unis, du Canada, de la France et d'autres pays que les « gangs criminels » sont le problème en Haïti est une tentative pitoyable de détourner l'attention des sales magouilles du groupe restreint appelé Core Group établi par la résolution S/RES/1542 (2004) du Conseil de sécurité de l'ONU à l'instigation des États-Unis. Le soi-disant Core Group est présidé par le Représentant spécial de l'ONU en Haïti et comprend également des représentants du Brésil, du Canada, de la France, de l'Allemagne, de l'Espagne, de l'Union européenne, des États-Unis et de l'Organisation des États américains. C'est le vrai « gang criminel » qui opère en Haïti.
Haïti a été l'un des
membres
fondateurs de l'ONU en 1945. En 1948, Haïti a joué un
rôle clé
dans la rédaction de la Déclaration universelle des
droits de
l'homme (DUDH), notamment grâce au sénateur haïtien Emile
Saint-Lot, rapporteur du comité de rédaction de la DUDH.
Haïti a
été la première république à renverser la puissance
coloniale
française en 1804 et à déclarer les droits de citoyenneté
en
vertu du fait d'être humain, sans discrimination de race,
de
croyance ou de toute autre catégorie discriminatoire.
Elle a
joué un rôle héroïque et fraternel dans les luttes
d'indépendance des peuples de toutes les Amériques, y
compris
les États-Unis. Haïti n'a pas besoin de leçons de
démocratie.
Elle n'a pas à recevoir de leçons sur la manière de faire
respecter son droit à exprimer sa souveraineté comme elle
l'entend. Cela est également vrai aujourd'hui, dans les
conditions d'une nouvelle intervention brutale de la part
de la
France, des États-Unis et maintenant du Canada et
d'autres, elle
peut décider de la manière dont elle veut être gouvernée
pour
elle-même. C'est ce qui est en jeu en Haïti.
C'est ce qui est en jeu en Haïti et le peuple haïtien est
un
peuple sage et cultivé qui possèdes son propre matériel
de
pensée qui l'a conduit à se libérer de la brutale
domination
coloniale française en 1804 et qui l'a guidé pour vaincre
toutes
les tentatives brutales de contrôle dont il a fait
l'objet
depuis lors. Contrairement à l'image raciste que le
soi-disant
Core Group et ses médias dépeignent, ce sont les
impérialistes
qui sont obligés de déclarer que toutes leurs
machinations sont
« dirigées par les Haïtiens » alors que, au contraire,
tout met
leur pitoyable affirmation à la poubelle.
Il est bien connu que ce que l'on appelle les « gangs
criminels
» en Haïti ont été installés et servent à maintenir le
diktat
des États-Unis et des autres exploiteurs étrangers sur
Haïti et
à empêcher le peuple haïtien d'exercer son droit de
contrôler
ses propres affaires et d'affirmer la souveraineté
d'Haïti.
Tout le monde sait que c'est le coup d'État organisé par
les
États-Unis, le Canada et la France qui a renversé le
gouvernement démocratiquement élu de Jean-Bertrand
Aristide il y
a 20 ans parce qu'il ne se pliait pas à leurs ordres. Ce
sont
eux qui ont imposé une dictature militaire au peuple
haïtien,
provoquant le chaos et la misère. Sous leur tutelle, les
oligarques ont une fois de plus pris le contrôle des
ressources
naturelles et humaines d'Haïti, y compris la gestion des
ateliers de misère et des stations balnéaires de luxe où
accostent également les bateaux de croisière. Sachant
parfaitement que le peuple haïtien s'oppose à leur
présence
directe, les États-Unis, le Canada, la France et d'autres
pays
pensent qu'ils peuvent utiliser les forces de police
kenyanes,
une institution créée par les bâtisseurs d'empire
britanniques,
dans le cadre de la Mission multinationale de soutien à
la
sécurité des Nations unies. Les États-Unis ont même
obtenu le
soutien du Bénin, qui a « proposé » de fournir 2 000
soldats à
une force de sécurité multinationale approuvée par les
Nations
unies et dirigée par le Kenya, composée également de 2
000
policiers. L'annonce a été faite le 27 février lors d'une
conférence de presse tenue à Georgetown, en Guyane, par
l'ambassadrice des États-Unis auprès des Nations unies,
Linda
Thomas-Greenfield, puis confirmée par le Bénin le 1er
mars.
La langue officielle du Bénin est le français et les
États-Unis
calculent que cela compensera le fait que la langue
officielle
du Kenya est l'anglais et que les forces de police de ce
pays ne
sont donc pas aptes à travailler en Haïti. Le peuple du
Bénin
est un des peuples les plus anciens ; le Bénin a été
colonisé
d'abord par les Portugais puis par la France en 1872,
connu sous
le nom de Dahomey français jusqu'à ce qu'il obtienne son
indépendance le 1er août 1960, date à laquelle il a été
rebaptisé Bénin. Sous les deux maîtres coloniaux, le pays
est
devenu l'un des principaux pays impliqués dans la traite
des
personnes réduites en esclavage. Aujourd'hui encore, la
ville de
Ouidah, située à moins d'un kilomètre de ce qui fut le
plus
grand port négrier d'Afrique de l'Ouest, abrite une
statue du
grand marchand d'esclaves Francisco Felix de Souza, qui
s'employa aux XVIIIe et XIXe siècles à fournir des
esclaves. Le
port était le point de départ de plus d'un million de
personnes
enchaînées à destination du Brésil, d'Haïti et des
États-Unis.
Les résultats de la pensée des impérialistes selon
laquelle les
descendants des Africains de l'Ouest emmenés en esclavage
se
battront contre les descendants d'Africains de l'Ouest
maintenus
en esclaves en Haïti restent à voir. Ce ne sera pas joli
pour
les esclavagistes modernes qui oppriment le peuple
haïtien.
Toute tentative de déploiement de forces armées kenyanes
ou
étrangères en Haïti se heurte à une résistance farouche
de la
part du peuple haïtien, qui affirme sa dignité et son
droit
d'être. Comme ce fut le cas lorsqu'il fut la première
colonie à
gagner sa liberté et à établir une république en 1804,
son mot
d'ordre reste le même aujourd'hui : « La patrie ou la
mort
! La victoire ou la mort ! »
Cet article est paru dans
Volume 54 Numéro 3 - Mars 2024
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