Les modifications intéressées du gouvernement de l'Ontario aux lois sur les mines

Dans son empressement à servir les monopoles miniers et les entreprises technologiques engagées dans la production de batteries électriques, le gouvernement de Doug Ford en Ontario, tout comme le gouvernement fédéral de Justin Trudeau, a apporté toutes sortes de changements législatifs et réglementaires sans aucune discussion autorisée par la population de l'Ontario, ni même par les communautés et les peuples autochtones directement concernés. La loi fédérale censée consacrer la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones (DDPA) ne reconnaît pas le droit au consentement préalable, libre et éclairé, qui fait pourtant partie intégrante de la DDPA. Son seul devoir est de consulter les peuples autochtones et d'ignorer leur besoin de consentement préalable en connaissance de cause. En ignorant les droits héréditaires, il s'associe à des intérêts commerciaux et à des conseils de bande qui prétendent représenter les intérêts des peuples autochtones. Le gouvernement conclut des accords avec une bande ou une entreprise tout en cherchant à les déposséder tous.

Le 2 mars 2023, le ministre des Mines George Pirie – également député de Timmins et cadre dans l'industrie minière – a présenté le projet de loi 71, Loi de 2023 visant l'aménagement de davantage de mines, à l'Assemblée législative de l'Ontario. En présentant ce projet de loi, il a déclaré : « La Loi sur les mines créera les conditions permettant aux entreprises de construire davantage de mines tout en maintenant les normes environnementales et l'obligation de consultation de l'Ontario. Ces mises à jour permettront également de s'assurer que nous disposons en Ontario des minéraux critiques à la construction de la chaîne d'approvisionnement pour les véhicules électriques. » (souligné par LML)

Nulle part dans ces remarques d'introduction le ministre Pirie ne s'est adressé aux travailleurs ou aux peuples autochtones qui sont en première ligne pour affirmer leurs droits face à des cartels miniers sans scrupules et à des gouvernements à leur service qui les traitent comme des choses sans importance dans leur quête pour s'en mettre plein les poches avec les subventions publiques pour l'investissement et le développement miniers. Le ministre s'est contenté de saliver à l'idée de la richesse des gisements et la nécessité pour les monopoles miniers d'y accéder. Il a déclaré :

« L'Ontario possède certains des gisements les plus riches au monde, y compris le Cercle de feu, qui contiennent des minéraux critiques utilisés dans la fabrication de véhicules électriques, de téléphones intelligents, de produits pharmaceutiques et d'autres technologies. » Il a ajouté : « Ces changements rendraient l'Ontario plus concurrentielle, attireraient de nouveaux investissements dans la province et ouvriraient la voie pour que l'Ontario devienne la première juridiction au monde en matière d'investissement et de développement miniers. »

Ainsi, le gouvernement parle de plus de mines alors que l'expérience des travailleurs et des peuples autochtones avec les monopoles miniers existants est qu'ils font ce qu'ils veulent. Dans de nombreux cas, ces monopoles ont pris le contrôle des décisions gouvernementales pour faire adopter des lois qui leur sont favorables, tout en étant rémunérés par des incitations fiscales et des subventions gouvernementales. Tout cela est présenté sous le couvert de l'énergie verte, en disant que l'objectif est de fabriquer des véhicules électriques, ce qui donne l'impression qu'il s'agit d'être « vert ». Cela masque les objectifs réels et empêche toute discussion sur la manière de développer l'exploitation minière d'une manière qui favorise la classe ouvrière et le peuple, ainsi que l'environnement.

Un exemple de la façon dont les résidents de l'Ontario sont mis à l'écart et délibérément éliminés de la discussion nous vient des débats à l'assemblée législative de l'Ontario. S'exprimant sur le projet de loi 71 en troisième lecture, le 9 mai 2023, Anthony Leardi, député d'Essex et adjoint parlementaire du ministre des Mines, a déclaré : « Je suis originaire du sud de l'Ontario. Je viens du comté d'Essex. Nous avons une belle économie mixte dans le comté d'Essex. Nous avons de l'agriculture, de l'industrie, du tourisme, de sorte que lorsqu'un secteur de l'économie faiblit, d'autres secteurs de l'économie compensent. Nous avons toujours eu des opportunités dans la circonscription d'Essex et nous voulons les partager. Nous voulons les partager avec l'ensemble de l'Ontario. Nous voulons que les habitants du nord de l'Ontario en bénéficient également. Les habitants du nord de l'Ontario dépendent, dans une large mesure, de l'exploitation minière. Nous voulons partager notre type de prospérité économique avec le nord de l'Ontario, et nous pouvons le faire grâce à cette loi. »

En parlant de la « belle économie mixte » de la région, Anthony Leardi a omis de mentionner que sa circonscription possède une mine de sel très importante. Pourquoi l'adjoint parlementaire du ministre des Mines a-t-il omis de le mentionner ? À l'époque, les travailleurs de cette mine, dont beaucoup sont des électeurs de Anthony Leardi, étaient en grève depuis 14 semaines. Ils étaient confrontés à des exigences inacceptables de la part d'une société de portefeuille américaine qui voulait détruire leur syndicat en recourant à la sous-traitance. L'entreprise américaine avait établi un monopole sur la production de sel en Amérique du Nord, financé en partie par le régime de retraite des enseignants et enseignantes de l'Ontario.

Anthony Leardi, un ancien enseignant de l'Ontario devenu avocat, cachait ce qui se passe dans sa circonscription afin de maintenir la fiction d'une prospérité dans laquelle les intérêts privés sont encouragés par les gouvernements à faire ce qu'ils veulent contre les travailleurs, les peuples autochtones, les communautés du Nord et l'environnement naturel. Ce n'est pas ce que demande la population de l'Ontario et le gouvernement parle clairement au nom d'autres intérêts que les siens.


Cet article est paru dans
Logo
Volume 54 Numéro 3 - Mars 2024

Lien de l'article:
https://cpcml.ca/francais/Lml2024/Articles/SM540311.HTM


    

Site web :  www.pccml.ca   Courriel :  redaction@pccml.ca