Deuxième anniversaire de la guerre par procuration
des États-Unis/OTAN en Ukraine

L'échec de la politique étrangère des États-Unis souligne la nécessité de nouveaux arrangements fondés sur la défense de la paix

– Hilary Leblanc –

Ce 24 février marque le deuxième anniversaire du déclenchement de la guerre par procuration des États-Unis et de l'OTAN en Ukraine. Ce conflit est le produit des objectifs impérialistes d'expansion de l'OTAN pour encercler et déstabiliser la Russie. Des années d'ingérence étrangère en Ukraine pour soumettre ce pays à ces objectifs ont notamment consisté à inciter des forces réactionnaires et néonazies en Ukraine à prendre le pouvoir par le coup d'État de Maïdan en février 2014. Ces forces réactionnaires ont ensuite brutalement attaqué les citoyens ukrainiens russophones dans les régions orientales du pays au cours des années qui ont précédé février 2022. Il s'agissait non seulement de lois dénigrant la langue russe, mais aussi de meurtres et de massacres perpétrés par des néonazis avec le soutien des autorités. Tous ces événements ont été couverts par un déluge de désinformation destiné à créer un soutien à la guerre des États-Unis et de l'OTAN contre la Russie, en utilisant l'Ukraine comme intermédiaire.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré aux journalistes lors d'une conférence téléphonique le 7 février que les objectifs de la Russie en Ukraine étaient toujours d'actualité, les énumérant comme suit : « La démilitarisation, la dénazification et la garantie de la sécurité des personnes vivant dans les régions qui sont déjà devenues russes, en les protégeant des attaques directes et en leur sauvant la vie.

« En outre, dans un sens plus large, il s'agit d'assurer la sécurité de la Fédération de Russie face aux tentatives de détruire le statut de neutralité de l'Ukraine, de l'intégrer à l'OTAN et de rapprocher l'infrastructure militaire de l'OTAN des frontières de notre pays. »

Dans un discours prononcé à la fin de l'année 2023, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré que la Russie ne percevait « aucun intérêt de la part des États-Unis ou de l'OTAN à parvenir à un règlement juste du conflit en cours en Ukraine. Ils ne veulent pas entendre parler de nos préoccupations, et encore moins s'engager dans des discussions sérieuses pour résoudre nos divergences fondamentales. Au contraire, l'Occident fait tout pour aggraver la crise ukrainienne, ce qui crée actuellement des risques stratégiques supplémentaires. » Lavrov a déclaré que ce n'est pas la Russie qui refuse de négocier, mais plutôt les gouvernements des pays de l'OTAN qui, en avril 2022, ont interdit à l'Ukraine de signer un traité déjà convenu en vue de parvenir à un règlement avec la Fédération de Russie. Lavrov a souligné que la Russie n'a jamais refusé les pourparlers. « Toutefois, a-t-il ajouté, ceux qui le font devraient se rendre compte que plus ils font traîner les choses, plus il sera difficile de parvenir à un accord par la suite. Nous voyons aujourd'hui que cette prédiction se réalise. Il n'y a aucun espoir que la Russie soit 'vaincue'. »

Les États-Unis affirment que leur soutien à l'Ukraine est inébranlable, même si Joe Biden n'a pas encore réussi à obtenir des fonds supplémentaires malgré des mois d'efforts. En outre, les États-Unis ont clairement indiqué que l'Ukraine ne sera pas de sitôt membre de l'OTAN et qu'elle ne peut donc pas invoquer l'article 5 de la Charte de l'OTAN pour apporter ouvertement des renforts au nom de la « défense collective ». Les guerres en cours garantissent d'énormes profits aux fabricants d'armes, quelle qu'en soit l'issue. Comme l'a récemment souligné Joe Biden, 40 des 95 milliards de dollars de financement pour l'Ukraine et Israël actuellement débattus au Congrès iront aux monopoles de la guerre. Il a tenté de gagner le soutien pour l'Ukraine et pour le génocide en Palestine en prétendant que cela signifiait plus d'emplois. Il a obtenu comme réponse des manifestations massives de soutien à la Palestine à San Francisco et ailleurs.

Les impérialistes américains attendent de l'Ukraine qu'elle se batte jusqu'au dernier Ukrainien, même si, deux ans après le début de la guerre par procuration, le régime réactionnaire corrompu qui la dirige est soutenu militairement et économiquement, ainsi qu'en termes de régime politique, par l'extérieur. Il n'y a aucune perspective d'issue pour l'Ukraine, si ce n'est des négociations avec la Russie pour une sécurité mutuelle, y compris l'élimination de la menace de l'expansion de l'OTAN.

Il s'agit là d'un nouvel échec cuisant de la politique étrangère des États-Unis, du Canada et des grandes puissances européennes, au prix tragique de centaines de milliers de vies ukrainiennes et de nombreuses vies russes. Cela souligne la nécessité pour les peuples du monde de ne pas se laisser décourager par la désinformation selon laquelle les impérialistes peuvent résoudre tous les problèmes auxquels l'humanité est confrontée. Il est important que les travailleurs élaborent leur propre point de vue en identifiant et en défendant leurs propres principes et intérêts, et non en se basant sur les calculs pragmatiques des impérialistes. Ils doivent discuter de ce qui est nécessaire pour défendre la cause de la paix internationale et tirer les conclusions qui s'imposent des événements survenus en Ukraine, en Palestine et ailleurs au cours des deux dernières années et plus.

Les difficultés militaires de l'Ukraine

L'Ukraine a sacrifié la vie de centaines et de milliers de soldats et des milliers d'autres ont été blessés et handicapés. Elle a un besoin urgent de troupes et de munitions supplémentaires. L'armée ukrainienne a appelé à la conscription forcée de 500 000 soldats supplémentaires.

Outre le manque de personnes physiquement aptes et en âge d'être enrôlées, l'économie ukrainienne ne peut supporter un tel nombre de soldats supplémentaires. Les conflits entre les forces en présence sont tels que le commandant des forces armées ukrainiennes, Valery Zaloujny, a été démis de ses fonctions le 8 février, tandis qu'un projet de loi visant à élargir la conscription et à imposer des sanctions plus sévères en cas de refus a dû être amendé et se trouve toujours en commission au parlement ukrainien. Une indication de l'opposition à la guerre en Ukraine est l'information selon laquelle il y a 9000 cas de poursuites criminelles pour résistance à la conscription.

Le colonel-général Oleksandr Syrskyi, précédemment commandant des forces terrestres de l'Ukraine, a pris la tête de l'armée ukrainienne. Oleksandr Syrskyi a commandé les troupes ukrainiennes contre la population des régions orientales de Donetsk et de Lougansk en 2014, ce qui lui a valu le surnom de « léopard des neiges ». Il est également connu sous le nom de « boucher » pour avoir créé un « hachoir à viande » dans la défense de Bakhmout. Deux autres commandants nommés par Volodymyr Zelensky ont également combattu dans l'est de l'Ukraine en 2014 et un autre, nommé commandant des forces de défense territoriale, travaillait au ministère de l'Intérieur et dirigeait les troupes intérieures lors du massacre des manifestations du Maïdan en 2014. Tous ont une association connue au bataillon néonazi Azov. En janvier, Oleksandr Syrskyi a déclaré que les forces terrestres étaient désormais en « défense active » et ne tentaient plus de gagner des territoires après la contre-offensive ratée de l'année dernière. En fait, le 17 février, l'armée ukrainienne s'est retirée de la ville d'Avdiïvka, où des combats intenses ont eu lieu pendant des mois.

Le fait que les criminels des États-Unis et de l'OTAN refusent les négociations et exigent que la guerre se poursuive est illustré par les appels du Conseil atlantique de l'OTAN demandant à l'Ukraine de « tenir la ligne de front » et de rester sur la défensive dans ce qu'ils admettent être une guerre d'usure. Le Conseil admet également que les engagements de l'Union européenne (UE) et des États-Unis en matière d'aide et de fournitures sont confrontés à de graves problèmes. Les États-Unis, qui étaient auparavant le principal bailleur de fonds militaire de l'Ukraine, n'ont pas été en mesure, depuis l'automne dernier, de procéder à des livraisons d'armes substantielles. Après deux ans, et avec les armes destinées à Israël également, le manque d'équipement militaire et d'armement des États-Unis est tel que l'on craint que si les États-Unis devaient mener une guerre majeure, ils seraient incapables de le faire par manque d'approvisionnement.

Il est rapporté que les forces ukrainiennes en première ligne manquent de munitions. Dans une lettre adressée aux ministres de la Défense de l'Union européenne, le ministre ukrainien de la Défense, Rustem Umerov, a demandé davantage de munitions, expliquant que les forces ukrainiennes sont rationnées à seulement 2 000 tirs obus par jour. Cela ne représente qu'un tiers de la capacité de la Russie, a-t-il ajouté. Au cours de l'été 2023, l'Ukraine avait pu tirer 7 500 obus par jour. La ligne de front s'étend sur 1 500 kilomètres.

En mars 2023, l'Union européenne, un bloc de 27 pays, s'était engagée à fournir un million d'obus avant mars 2024, mais elle affirme aujourd'hui que seulement 524 000 obus seront livrés à l'Ukraine à la date convenue. Seulement 300 000 obus ont été livrés après sept mois. L'Union européenne affirme qu'elle sera en mesure d'envoyer un total de 1,1 million d'obus d'ici la fin de l'année 2024. À l'automne 2023, le grand fabricant d'armes norvégien Nammo a déclaré que la capacité de production annuelle de l'Europe n'était que de 500 000 obus.

À ce stade, tout en exigeant la poursuite de la guerre, les États-Unis et l'Union européenne sont incapables de fournir à l'Ukraine les munitions et les fournitures dont elle a besoin, ce qui accroît son désespoir.

Autre exemple de désaccord en Europe, la Grande-Bretagne a augmenté son aide militaire à l'Ukraine de 2,5 milliards de livres (3,2 milliards de dollars américains), ce que le premier ministre britannique Rishi Sunak a qualifié de « plus important programme d'aide depuis le début de la guerre ». Cette aide, qui comprend divers armements et la formation de troupes, ferait de la Grande-Bretagne le deuxième fournisseur européen d'aide militaire à l'Ukraine, après l'Allemagne.

Le 16 février, l'Allemagne, premier donateur militaire de l'Union européenne à l'Ukraine, a signé un « accord de sécurité à long terme » avec l'Ukraine, dans le but de renforcer son influence. Rien que cette année, l'Allemagne aurait promis 7 milliards d'euros (7,6 milliards de dollars américains) d'aide militaire à l'Ukraine. Cette aide va directement à l'Ukraine et contourne le fonds de guerre de l'UE, appelé la Facilité européenne pour la paix (FEP).

Selon les règles de l'Union européenne, l'Allemagne, en tant que première économie, est responsable de 1,3 milliard d'euros sur les 5 milliards d'euros d'aide militaire que l'Union européenne prévoit d'accorder à l'Ukraine cette année. L'Allemagne affirme que son financement direct à l'Ukraine est pris en compte et qu'elle ne devrait pas avoir à fournir d'aide supplémentaire. La France, qui a également signé un accord de sécurité bilatéral avec l'Ukraine, insiste sur le fait que la FEP ne devrait servir qu'à financer les producteurs d'armes européens. La Hongrie, qui s'oppose toujours à l'adhésion de la Suède à l'OTAN, a également bloqué les versements prévus de la FEP à l'Ukraine.

Le Danemark vient également de signer un accord de sécurité bilatéral avec l'Ukraine. Cet accord prévoit un soutien de 1,8 milliard d'euros cette année. Le Danemark soutiendra également les efforts visant à garantir le plein potentiel des avions de combat F-16 promis à l'Ukraine dans le cadre de la coalition aérienne, en fournissant des chasseurs, des munitions, des simulateurs, de la formation et de l'entretien, a annoncé Volodymyr Zelensky.

L'une des principales raisons des difficultés rencontrées par l'Union européenne et les États-Unis est l'opposition persistante et généralisée à la guerre et à son financement. L'opposition à la guerre et au financement de la guerre est très répandue, notamment chez les agriculteurs qui ont manifesté par dizaines de milliers dans toute l'Europe pour dénoncer leurs conditions de vie et de travail insoutenables.

La guerre des États-Unis/OTAN nuit à l'économie de l'Ukraine

En novembre 2023, le ministre ukrainien des Finances, Serhiy Marchenko, a déclaré que l'Ukraine risquait de connaître une grave récession économique en 2024 si les États-Unis et les autres pays de l'OTAN ne parvenaient pas à réunir suffisamment de fonds pour combler un énorme trou dans son budget. Ce trou est principalement dû au financement massif de la guerre et à la corruption. Les fonctionnaires du ministère des Finances ont déclaré qu'ils s'attendaient à recevoir 41 milliards de dollars d'aide internationale en 2024 et que l'Ukraine s'attendait à un déficit budgétaire d'environ 43 milliards de dollars en 2024.

Le 1er février, l'Union européenne a approuvé un accord visant à mettre en place un plan de 50 milliards d'euros pour maintenir à flot un gouvernement ukrainien autrement en faillite. « Les 27 chefs d'État et de gouvernement sont parvenus à un accord politique qui nous permettra de mobiliser 50 milliards [d'euros] supplémentaires dans le cadre de la Facilité pour l'Ukraine », a déclaré Charles Michel, président du Conseil européen. Le fonds spécial, connu sous le nom de la Facilité pour l'Ukraine, combine 33 milliards d'euros de prêts et 17 milliards d'euros de dons et sera progressivement déboursé à partir de 2024-2027. Il est bien connu que les prêts signifient plus de dettes, de paiements d'intérêts et de contrôle de la part des financiers européens. Ceci est évident dans la demande que les prêts soient conditionnés à ce que l'Ukraine fasse ce que l'Europe et les États-Unis ne peuvent pas faire, c'est-à-dire mettre fin à la corruption et à la fraude.

En mars 2023, le Fonds monétaire international (FMI) a approuvé un nouveau programme de prêt de 48 mois pour l'Ukraine, d'une valeur de quelque 15,6 milliards de dollars. En décembre 2023, le FMI a approuvé un décaissement de 900 millions de dollars pour l'Ukraine, ce qui porte le financement total du FMI pour 2023 à 4,5 milliards de dollars. En 2024, l'Ukraine devrait recevoir 5,4 milliards de dollars du FMI. Chaque tranche est liée à une série de mesures qui renforcent le contrôle de l'oligarchie financière mondiale sur l'Ukraine. En outre, l'Ukraine attend également environ 1,5 milliard de dollars d'autres institutions financières internationales, dont la Banque mondiale, l'année prochaine. Si les fonds promis par l'Union européenne, le FMI et les États-Unis se concrétisent, ce qui est hautement improbable, cela représente environ 30 milliards de dollars sur les 41 milliards dont l'Ukraine dit avoir besoin pour éviter la faillite cette année. Le résultat est que l'Ukraine est détenue en bloc par des institutions financières étrangères.

Le premier ministre hongrois Viktor Orban a décrit l'Ukraine comme un État en faillite et a déclaré que le soutien financier visait à empêcher son effondrement complet. Il a dit que « l'économie ukrainienne est branchée à une machine de maintien des fonctions vitales. Sans le soutien de l'Union européenne et des États-Unis, il n'y aurait ni salaires, ni pensions, ni institutions fonctionnelles, et 'fermer boutique' serait la seule option restante. »


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Volume 54 Numéro 1-2 - Janvier-Février 2024

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