La Haute Cour du Kenya juge inconstitutionnel le déploiement de la police kenyane en Haïti
La Haute Cour du Kenya a statué le 26 janvier que le déploiement de 1000 policiers kenyans en Haïti dans le cadre d'une mission multinationale de soutien à la sécurité (MSSM) parrainée par les Nations unies était inconstitutionnel et illégal. Cette décision fait suite à une plainte déposée par Ekuru Auko, membre du Parlement du Kenya et chef de l'Alliance de la troisième voie.
Dans sa décision, le juge Enoch Chacha Mwita a déclaré : « Le Conseil national de sécurité n'a pas le mandat de déployer des agents de la police nationale en dehors du Kenya. Une telle décision est contraire à la Constitution et à la loi, et est donc inconstitutionnelle, illégale et invalide. Un ordre est émis par la présente interdisant le déploiement de forces de police en Haïti ou dans tout autre pays. »
En octobre 2023, le Conseil national de sécurité du Kenya, sous la direction du président kenyan William Ruto, avait demandé l'approbation du Parlement pour le déploiement de cette force, qui a été approuvée un mois plus tard par l'Assemblée nationale. Le Kenya a accepté cette mission après des mois de menaces et de chantage des États-Unis contre les pays des Caraïbes, d'Amérique latine et d'Afrique pour qu'ils mènent une telle mission sous le drapeau des Nations unies. Les États-Unis espèrent ainsi légitimer une nouvelle intervention étrangère dans les affaires du peuple haïtien, ce que les Haïtiens rejettent catégoriquement.
Le gouvernement kenyan a l'intention de faire appel de la décision de la Haute Cour. S'il perd devant la Cour d'appel, c'est la Cour suprême qui décidera en dernier ressort si le déploiement de la police kenyane en Haïti est légal au regard de la Constitution.
Les Haïtiens ont manifesté en grand nombre à plusieurs reprises pour demander qu'il n'y ait pas d'intervention étrangère et que les Haïtiens aient le droit de décider de leurs propres affaires. De nombreuses organisations de défense des droits humains en Haïti soutiennent cette demande et se sont opposées à toute intervention de l'ONU. Rosy Auguste Ducena, avocate et directrice de programme au Réseau national de défense des droits humains en Haïti, a déclaré : « L'histoire nous a montré plus d'une fois que les forces étrangères nous apportent plus de problèmes que de solutions. » Le Groupe de travail sur la sécurité, un groupe de réflexion dirigé par des citoyens haïtiens, a également rejeté la perspective d'un nouveau déploiement de l'ONU « sous le prétexte de nous aider à rétablir un climat de sécurité ». Les Haïtiens du Canada et des États-Unis se sont également mobilisés sous le mot d'ordre : Ne touchez pas à Haïti !
(Avec des informations de Haïti Libre, Al Jazeera)
Cet article est paru dans
Volume 54 Numéro 1-2 - Janvier-Février 2024
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