Le bataillon de Noirs affectés à la construction



Si les Noirs ont été utilisés par les colonialistes britanniques comme chair à canon pour réprimer les luttes pour les droits des autres, leurs propres droits et revendications légitimes ont été marginalisés et niés.

Lorsque la Première Guerre mondiale a éclaté, les Noirs en Nouvelle-Écosse et d'autres endroits ont essayé de s'enrôler, mais ont été confrontés aux obstacles et justification racistes. Le chef de l'état-major général de l'armée canadienne à l'époque a demandé dans une note : « Est-ce que les Noirs canadiens feraient de bons soldats pour le combat ? Je ne le crois pas ? » Quand un groupe d'environ 50 Canadiens noirs de Sydney, en Nouvelle-Écosse, ont essayé de s'enrôler, ils se sont fait dire : « [Ce ] n'est pas pour vous, les gars. C'est une guerre pour les hommes de race blanche. »

Face à l'opposition répétée à ce racisme et cette discrimination de l'État, le gouvernement du Canada a permis la formation du 2e bataillon de construction (également connu sous le nom du Bataillon noir), basé à Pictou, en Nouvelle-Écosse. Ce bataillon maintenu à l'écart des combats n'a jamais participé aux actions militaires parce qu'il n'a pas été autorisé à porter des armes. Cinq cents soldats noirs se sont portés volontaires uniquement de la Nouvelle-Écosse, ce qui représente 56 % du bataillon noir. Il a été le seul bataillon noir de l'histoire militaire canadienne.

Les membres du bataillon ont été envoyés dans l'est de la France armés de pioches et de pelles pour creuser des fossés et construire les tranchées le long du front, ce qui les a mis en sérieux danger. Ils ont également travaillé à la construction des routes et des voies ferrées. Après la fin de la guerre, en 1918, les membres du bataillon ont été rapatriés et l'unité a été dissoute en 1920.

Selon Anciens Combattants Canada, quelque 2000 autres Canadiens noirs ont servi sur les lignes du front de la Première Guerre mondiale dans d'autres unités, certains avec les armées d'autres pays.

Une fois de retour, les anciens combattants noirs du 2e Bataillon de construction et d'autres anciens combattants noirs revenus au pays ont constaté que rien n'avait changé au Canada et que non seulement leur contribution à l'effort de guerre n'a pas été reconnue mais ils ont continué de subir le racisme et la discrimination en matière d'emploi, de prestations pour les anciens combattants et d'autres services sociaux[1].

Note

1. L'État canadien aime dépeindre la participation des Noirs dans l'armée canadienne d'une manière intéressée. Anciens combattants Canada fait remarquer que « la tradition du service militaire par des Canadiens de race noire remonte à bien avant la Confédération. En effet, de nombreux Canadiens de race noire peuvent retracer leurs racines familiales à partir des Loyalistes qui ont émigré au Nord dans les années 1780, après la Révolution américaine. On avait offert la liberté et des terres aux esclaves américains s'ils acceptaient de se battre pour la cause britannique et des milliers saisirent cette occasion pour se faire une nouvelle vie dans l'Amérique du Nord britannique. »

Un tableau idyllique mais loin de la réalité. Les esclaves, au nombre de 30 000, qui ont pris part à la Guerre d'indépendance des États-Unis du côté des colonialistes britanniques se sont enfuis du côté britannique et ont servi comme soldats, ouvriers et cuisiniers. Lorsque les Britanniques ont été défaits, ils ont évacué quelque 2000 de ces « loyalistes noirs » vers la Nouvelle-Écosse avec la promesse d'une vie meilleure et de pouvoir vivre comme des êtres humains libres. D'autres ont été dispersés aux quatre vents et se sont retrouvés dans les îles des Caraïbes, au Québec, en Ontario, en Angleterre et même en Allemagne et en Belgique. Ceux que les Britanniques ont carrément abandonnés aux États-Unis ont été recapturés comme esclaves.
De nombreux Loyalistes noirs se sont retrouvés à Shelburne, dans le sud de la Nouvelle-Écosse, et plus tard ont créé leur propre communauté à proximité de Birchtown, la plus grande colonie noire à l'époque à l'extérieure de l'Afrique. D'autres loyalistes noirs se sont installés à divers endroits en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick.
Loin de trouver la liberté, la terre et de nouvelles opportunités, la plupart des loyalistes noirs n'ont jamais reçu de terre ou des dispositions qui leur avaient été promises et ont été contraints de gagner leur vie comme main-d'oeuvre à bon marché – comme ouvriers agricoles, travailleurs journaliers dans les villes ou comme domestiques. En 1791, afin de résoudre le « problème noir », les autorités coloniales britanniques ont rapatrié près de la moitié de ces loyalistes noirs de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick vers le Sierra Leone, en Afrique où les Britanniques voulaient fonder une colonie et ont utilisé les loyalistes noirs pour faire face aux dangers, qui ont coûté la vie à beaucoup d'entre eux.
Les Noirs qui sont restés ont été utilisés par l'État colonial britannique dans la guerre de 1812 pour lutter contre les Américains. Les Noirs en Ontario et aussi d'autres endroits ont fait partie d'une armée coloniale appelée à réprimer la rébellion du Haut-Canada en 1837.

(Sources : Les Anciens Combattants, CBC et l'Encyclopédie canadienne)


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Volume 54 Numéro 52 - 11 novembre 2024

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