Canada fauteur de guerre dans la région de l'Asie-Pacifique

Une participation accrue aux préparatifs de guerre

– Philip Fernandez –

La politique étrangère belliciste et génocidaire du Canada est très préoccupante. Du 9 au 14 septembre, Bill Blair, ministre de la Défense du Canada, s'est rendu en République de Corée et au Japon. Le Canada faisant partie intégrante de la machine de guerre des États-Unis, la visite de Bill Blair s'inscrivait dans le cadre des calculs américains en Asie-Pacifique, particulièrement axés sur le conflit politique, économique et militaire avec la Chine. Un autre objectif principal est de cibler la République populaire démocratique de Corée (RPDC), de l'éliminer en tant qu'obstacle à l'objectif des États-Unis de dominer l'ensemble de la péninsule coréenne et de l'utiliser comme base pour menacer la Chine et la Russie.

Pour justifier sa présence, le Canada présente un récit frauduleux de l'histoire en prétendant qu'il fait partie de l'état de droit international défendu par la Charte des Nations unies. Un communiqué de presse du ministère de la Défense nationale concernant la visite de Bill Blair en Asie en septembre indique que « le Canada s'investit dans la sécurité de la péninsule coréenne depuis sa participation à la guerre de Corée en 1950. Le Canada a depuis maintenu une présence permanente au sein du Commandement des Nations unies pour faire respecter l'accord d'armistice. »

Pas un mot sur l'agression menée par les États-Unis contre le peuple coréen lors de la guerre de 1950-1953, ni sur la manière dont cette guerre a été menée : recours au bombardement massif, à la guerre bactériologique et en commettant des crimes horribles contre la population. Depuis, les États-Unis ont refusé de signer un traité de paix et le Canada met également en péril la paix dans la péninsule coréenne.

L'utilisation par le Canada du terme « indo-pacifique » est un artifice destiné à étendre la zone au-delà de l'Asie-Pacifique. L'appel à une « région indo-pacifique libre et ouverte » est en vogue parmi les pays de l'OTAN pour dissimuler leurs objectifs malveillants. La visite de Bill Blair dans ces deux pays s'inscrit dans les plans des États-Unis visant à dominer la région, ce qui inclut l'opération Horizon, « la mission des forces armées canadiennes visant à mettre en oeuvre les éléments de défense de la stratégie indo-pacifique du Canada en augmentant la présence militaire du Canada dans la région, ce qui permet de renforcer l'engagement, la coopération et la collaboration »[1].

Le Japon, comme la République de Corée, est un partenaire de l'OTAN, ainsi que la base pour la 7e flotte américaine qui sillonne l'Asie-Pacifique.

Dans le cadre de ces machinations, les gouvernements de la République de Corée et du Japon, dont les peuples ont le malheur de payer respectivement pour 25 000 et 55 000 soldats américains sur leur sol, sont de plus en plus sollicités par les États-Unis pour se joindre à eux afin d'officialiser une alliance de guerre tripartite qui s'apparente à une OTAN asiatique.

Engagement dans la péninsule coréenne

Loin de contribuer à la paix dans la péninsule coréenne, l'engagement du Canada en Corée perpétue son appartenance à l'alliance dirigée par les États-Unis qui a brutalisé le peuple coréen après la Deuxième Guerre mondiale et divisé sa nation. Cette alliance reste la plus grande menace pour la paix dans la région.

Au cours de son séjour en Corée, Bill Blair a notamment visité la zone démilitarisée (DMZ). Il a également rencontré des membres des forces armées canadiennes servant au sein du « Commandement des Nations unies (CNU) ». Le CNU, dirigé par les États-Unis, a été créé pendant la guerre de Corée pour donner une apparence de légitimité à l'agression américaine au début de la guerre en 1950, et il continue à remplir cette fonction.

Bill Blair était également présent au nom des fabricants d'armes, notamment pour saluer l'achat par l'armée de la République de Corée de 40 hélicoptères Bell construits au Canada et, dans cette optique, il a « rencontré le vice-ministre de la Défense de la République de Corée, Sung Il, afin de discuter des possibilités de collaboration industrielle future ».

Le 10 septembre, Bill Blair et son homologue coréen, Kim Yong-hyun, ont coorganisé la deuxième réunion annuelle des ministres de la Défense des pays membres de la Commission des Nations unies et de la République de Corée. Cette réunion était un exercice de désinformation et de falsification historique, dans le but de poursuivre les crimes contre le peuple coréen et la division de la nation coréenne.

Les 17 pays membres du CNU ont publié, à l'issue de cette réunion, une déclaration commune scandaleuse qui va totalement à l'encontre de l'objectif et de l'esprit de l'accord d'armistice du 27 juillet 1953[2], que les États-Unis ont été contraints de signer après que leur occupation de la Corée a failli être vaincue par l'Armée populaire coréenne et les volontaires chinois. L'objectif de l'accord était que la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et les États-Unis signent un traité de paix permanent pour mettre officiellement fin à la guerre. Au lieu de cela, les États-Unis cherchent à se venger de la RPDC depuis plus de 70 ans, tout en imposant leurs troupes aux Coréens vivant en République de Corée.

La déclaration commune indique que « les États membres du CNU ont réaffirmé que l'esprit et les engagements énoncés dans l'Accord d'armistice de 1953 demeurent nécessaires aujourd'hui pour assurer la paix et la stabilité sur la péninsule coréenne. En particulier, les ministres de la Défense et les représentants ont reconnu les rôles du CNU, des États membres du CNU et de la République de Corée, à titre de pays hôte, dans la gestion, la mise en oeuvre, le respect et l'application de l'Accord d'armistice. Ils conviennent que l'Accord d'armistice constitue un mécanisme efficace pour maintenir la cessation des hostilités et garantir la paix et la stabilité sur la péninsule coréenne. »

Aucune mention n'est faite du refus des États-Unis de négocier de bonne foi sur quelque front que ce soit et de l'intensification de leurs préparatifs de guerre contre la RPDC, qui sont la source de l'instabilité et du risque de guerre dans la péninsule coréenne.

Les Coréens dénoncent le CNU et appellent à son démantèlement en dehors de la réunion du CNU à Séoul, 10 septembre 2024.
Une manifestation organisée dans le cadre du Dialogue sur la sécurité à Séoul contre l'acquisition de matériel militaire et à l'accord de services croisés entre la République de Corée et le Japon

Le 11 septembre, le ministre Bill Blair s'est adressé au Dialogue de défense de Séoul, où il a débité des absurdités sur la dissuasion nucléaire de la RPDC. Comme si le Canada avait le droit de s'immiscer dans les affaires des peuples des pays de l'Asie-Pacifique, Blair a fait la leçon à la RPDC sur les pays avec lesquels elle peut ou ne peut pas avoir de relations. De même, le communiqué de presse du ministère de la Défense indique que Blair « a aussi soulevé des préoccupations quant aux efforts de la Chine pour entraver la liberté de navigation dans la mer de Chine méridionale, ainsi que ses manoeuvres dangereuses et déstabilisantes à l'encontre de vaisseaux philippins ».

Le rôle du Canada pour assurer la « liberté de navigation dans la mer de Chine méridionale » est évident dans l'annonce hypocrite de Bill Blair plus tard au cours de son voyage que « de septembre à octobre 2024, le Canada déploiera un détachement aérien de CP-140 Aurora de l'Aviation royale canadienne (ARC) au Japon dans le cadre de l'opération NEON, qui constitue la contribution des FAC à un effort multinational visant à appuyer la mise en oeuvre des sanctions imposées par le Conseil de sécurité des Nations Unies (CSNU) contre la RPDC ».

L'opération NEON, la contribution du Canada à un blocus naval contre la RPDC, n'a aucun fondement en droit international et équivaut à de la piraterie en haute mer.

Relations avec le Japon

Le 13 septembre, le ministre canadien de la Défense, Bill Blair, a rencontré le ministre japonais de la Défense, Kihara Minoru, pour « discuter des défis en matière de défense et de sécurité dans la région indo-pacifique, de la coopération opérationnelle entre le Canada et le Japon, et des progrès réalisés dans le cadre du plan d'action Canada-Japon visant à contribuer à une région indo-pacifique libre et ouverte ».

Ce plan date d'octobre 2022, peu de temps avant que le Canada ne publie sa « Stratégie indo-pacifique » à la fin du mois de novembre 2022. Masquant le fait que la guerre des États-Unis et de l'OTAN en Ukraine est causée par l'expansion des États-Unis et de l'OTAN pour menacer et isoler la Russie, la stratégie du Canada a été présentée comme nécessaire en raison d'un " fort sentiment d'urgence quant au fait que l'agression de la Russie contre l'Ukraine aurait des répercussions graves et énormes non seulement pour l'Europe mais aussi pour la communauté internationale dans son ensemble, et porterait atteinte aux valeurs universelles telles que la liberté, la démocratie, les droits de l'homme et l'État de droit, ainsi qu'aux fondements de l'ordre international fondé sur des règles »[3].

Le voyage de Bill Blair a également mis en évidence les pressions exercées pour que l'alliance agressive de l'OTAN ait une « interopérabilité » avec les armées du Japon et de la République de Corée (RdC). Cette démarche est en contradiction avec le contenu pacifiste de la constitution japonaise, qui stipule que l'armée ne doit être déployée qu'à des fins de légitime défense. Cela montre que les États-Unis et l'OTAN n'ont aucun scrupule à collaborer avec les militaristes japonais, qui n'ont jamais exprimé de remords pour les crimes brutaux commis par l'armée impériale japonaise dans toute l'Asie.

Le communiqué de presse du ministère canadien de la Défense nationale indique ce qui suit :

« Le ministre Blair et le ministre Kihara ont salué la coopération grandissante entre les forces armées de leurs pays. Cet été, la Marine royale canadienne (MRC) et la Force maritime d'autodéfense du Japon ont pris part à l'exercice PACIFIC VANGUARD mené par les États-Unis aux côtés des marines de la République de Corée et des États-Unis. En plus de permettre aux participants se livrer à des scénarios de guerre de haut niveau visant à accroître les compétences et l'interopérabilité lors des opérations maritimes, anti-sous-marines et aériennes, l'Ex PACIFIC VANGUARD offre aux pays aux vues similaires l'occasion de resserrer leurs liens professionnels et personnels et d'ainsi forger d'étroits partenariats. Plus récemment, du 6 au 8 septembre 2024, la MRC et la Force maritime d'autodéfense du Japon ont mené l'exercice KADEX, dans la mer de Timor, qui visait à renforcer l'interopérabilité entre les marines des deux pays. »

La visite du ministre de la Défense Bill Blair en République de Corée et au Japon souligne la nécessité pour les Canadiens et les Québécois de s'opposer au rôle du Canada dans les plans de guerre des États-Unis en Asie-Pacifique. Ces derniers attisent les conflits pour servir leurs objectifs hégémoniques et ce faisant ils menacent la sécurité et le bien-être des peuples de la région et du monde.

En plus de racheter le rôle du Canada dans la guerre de Corée et son rôle actuel dans la division de la Corée, l'organisation contre la guerre au Canada et au Québec est une contribution à la paix dans le monde. Nous partageons une lutte commune avec les peuples de Corée et du Japon, qui luttent également pour un monde fondé sur des relations pacifiques, l'avantage réciproque et l'amitié. Ils luttent pour détacher leurs pays de la machine de guerre des États-Unis.


Manifestation du 19 septembre 2024 réunissant 2 700 personnes à Tokyo, au Japon, pour s'opposer aux politiques de guerre du gouvernement japonais. Il s'agit de la plus récente des actions organisées le 19 de chaque mois.

Notes

1. Voir « Opération Horizon », ministère de la Défense nationale.

2. Dix-sept pays composent actuellement le CNU : l'Allemagne, l'Australie, la Belgique, la Colombie, le Canada, le Danemark, la France, la Grèce, l'Italie, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, les Pays-Bas, les Philippines, le Royaume-Uni, la Thaïlande, la Turquie et les États-Unis.

3. Voir « Plan d'action Canada-Japon pour contribuer à une région indo-pacifique libre et ouverte », document d'information du gouvernement du Canada, 20 octobre 2022


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Volume 54 Numéro 43 - 15 octobre 2024

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