Exposition d'armes génocidaires à la BFC Suffield, Alberta

- Merryn Edwards -

Des entreprises d'armement israéliennes sont présentées lors d'une exposition d'armes du ministère de la Défense nationale (MDN) qui s'est ouverte le 27 mai et se poursuivra jusqu'au 21 juin à la base des Forces canadiennes de Suffield, dans le sud de l'Alberta. La BFC Suffield accueille une démonstration d'armes israéliennes fabriquées par des entreprises qui vendent des armes utilisées par les forces d'occupation israéliennes contre les Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie. Il est honteux et impardonnable que le Canada accueille cette démonstration d'armes israéliennes alors même que la Cour internationale de justice a rendu son arrêt exigeant qu'Israël cesse immédiatement ses opérations militaires à Rafah.

Le site web du ministère qui fait la promotion de l'événement vise à attirer des invités prêts à essayer des prototypes de drones sur des systèmes anti-drones fabriqués par 15 entreprises du Canada, des États-Unis, du Royaume-Uni, de l'Australie et d'Israël. Ces entreprises, qualifiées d'« innovatrices » par le ministère, vendent des systèmes anti-drones équipés pour détecter et/ou détruire les armes des drones aériens sans équipage. La liste comprend la société israélienne Twenty20Insight Inc. qui présentera le système Smash Hopper, et la collaboration américano-israélienne Sentrycs avec son système Counter Uncrewed Aerial Systems[1].

Les participants aux essais d'armes se voient promettre « jusqu'à cinq jours d'utilisation personnelle gratuite à temps plein de notre champ de tir d'essai CUAS entièrement équipé, y compris des cibles ». Le ministère de la Défense appelle les « innovateurs » à « être à la hauteur pour battre les drones de l'équipe rouge », en compétition pour « des prix en argent » pour avoir « changé la donne dans l'environnement protégé ».

Présenter cet événement où des marchands de mort se réunissent pour compétitionner voir qui a les meilleurs « jouets » comme un rassemblement jovial de jeux vidéo montre les profondeurs de la dépravation et de l'impudeur auxquelles le Canada et ses militaires sont descendus.

Sindhu Sundarakumar, invitée à l'événement Sandbox 2022 du ministère de la Défense du Canada, apparaît dans une vidéo promotionnelle sur le site. Elle explique que l'emplacement de la BFC Suffield, dans le sud de l'Alberta, avec son ciel dégagé et ses lignes de vue à 360 degrés, est idéal pour ce type d'essais.

Tout en « jouant » avec des armes et en écoutant des arguments de vente, les participants peuvent également discuter avec des « experts en la matière » issus de différentes branches de l'armée canadienne et de la GRC, ainsi que de la direction du soutien technique à la guerre irrégulière du département de la Défense des États-Unis.

Le site web The Maple décrit l'utilisation réelle en Palestine d'armes testées au Canada :

« Le 'Smash Hopper' est un système d'armement télécommandé développé et fabriqué par la société d'armement israélienne 'Smart Shooter', dont la technologie est déployée par l'armée israélienne dans les fortifications utilisées pour réprimer la dissidence palestinienne en Cisjordanie occupée, ainsi que dans le matériel militaire actuellement utilisé dans l'assaut israélien contre Gaza.[...]

« En décembre dernier, Michal Mor, PDG de Smart Shooter et ancienne employée du fabricant de missiles israélien RAFAEL, s'est vantée que les produits de son entreprise, qui comprennent des optiques de fusil de haute technologie ainsi que des tourelles télécommandées, étaient utilisés par l'armée israélienne à Gaza à la fois dans des combats face à face et pour éliminer des drones[2]. »

Le site du ministère parle de capacités « anti-drones », mais le Smash Hopper est en fait conçu pour attaquer également des « cibles terrestres » telles que des « individus hostiles à pied et des véhicules en mouvement », c'est-à-dire des hommes, des femmes et des enfants palestiniens. L'armée israélienne affirme que la technologie des optiques de fusil de Smart Shooter quadruple les chances de ses soldats d'atteindre leurs cibles à Gaza[3].

La stratégie de commercialisation des produits de Smart Shooter qui souligne que ces armes ont été testées sur des Palestiniens au cours de la dernière guerre est une pratique typique des entreprises d'armement israéliennes. Par exemple, Elbit Systems a fait la publicité vantant le « principal avantage » d'une nouvelle bombe de mortier de 120 mm guidée avec précision, appelée Iron Sting, utilisée à Gaza, à savoir sa « létalité et sa précision élevées »[4]. L'Iron Sting est présentée comme l'une des armes qui « aide les troupes de Tsahal à éliminer les ennemis avec précision »[5].

Les prétentions de frappes « de précision » sont des déclarations claires de l'intention génocidaire qui se voit dans l'assassinat ciblé des médecins de Gaza et d'autres travailleurs de la santé, d'éminents universitaires, historiens, scientifiques, écrivains, poètes, artistes, travailleurs humanitaires, journalistes et de leurs familles, et le massacre de plus de 37 300 Palestiniens à Gaza, en plus 11 000 personnes disparues et plus de 85 000 blessées.

Sentrycs est une autre entreprise israélienne qui participe à l'événement « Environnement protégé ». Elle propose une « solution autonome et intégrée de lutte contre les drones qui assure la détection, le suivi, l'identification et l'atténuation des effets ».

Malgré les déclarations extravagantes sur l'avantage écrasant de ces armes de haute technologie, la résistance a trouvé des moyens d'utiliser des drones d'attaque de fabrication artisanale pour déjouer les systèmes de défense de haute technologie d'Israël. Par exemple, la barrière frontalière de Gaza a été jugée « impénétrable ».

Cet événement est une démonstration dégoûtante de l'enthousiasme du gouvernement canadien à s'intégrer pleinement au projet de guerre américano-israélien en particulier, ainsi qu'à la machine de guerre et à l'économie américaines dans leur ensemble. Philippe Hebert, directeur général de l'innovation en recherche et développement pour Défense nationale, apparaît également dans la vidéo promotionnelle, où il espère que l'événement permettra aux participants de connaître « notre rôle en termes de soutien à l'innovation pour les Forces armées canadiennes en tant qu'établissement de recherche et de développement ».

Les Canadiens disent Non ! aux Forces armées canadiennes qui vendent des armes utilisées pour commettre des crimes contre l'humanité !

Notes

1. « L'Environnement protégé des systèmes de défense contre les systèmes aéronefs sans pilote 2024 », ministère de la Défense nationale

2. « Canada to Host Tests of Israeli Arms Tech Used on Palestinians », Alex Cosh, The Maple, 23 avril 2024

3. Ibid.
4. Ibid.
5. « The IDF's Most Precise GPS-Powered Mortar : The Iron Sting », X, 17 mars 2024

(Avec des informations de AlbertaPolitics.ca, Al Jazeera, AP News, France 24, DND)


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Volume 54 Numéro 37 - 18 juin 2024

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