Un gouvernement en désarroi, sans aucune perspective d'avenir


Manifestation contre le soutien de la Grande-Bretagne au génocide, avec comme slogan « Ne touchez pas à Rafah ! », 7 mai 2024

Le premier ministre du Royaume-Uni, Rishi Sunak, a convoqué des élections générales pour le 4 juillet, pour une campagne de six semaines. Avant cela, le 13 mai, il a prononcé un discours important à Policy Exchange sur la « sécurité » de la Grande-Bretagne, présenté comme sa prétention à être le nouveau leader à la suite des élections générales[1], sous le couvert de la création d'un « avenir sûr », qui trahissait un mélange incohérent de rhétorique usée et réactionnaire.

Rishi Sunak a déclaré ressentir « un profond sentiment d'urgence » parce que « davantage de choses vont changer au cours des cinq prochaines années qu'au cours des trente dernières ». Il a tenté de donner un ton prémonitoire en parlant de « tempêtes à venir » face aux « menaces auxquelles nous sommes confrontés dans notre pays et à l'étranger », mais avec « une action audacieuse et un plan clair, nous pouvons créer un avenir sûr et nous le ferons ». Il a tenté de dépeindre les « dangers qui menacent notre pays », mais ceux-ci n'ont rien à voir avec la position belliciste et le soutien au génocide israélien qui font l'unanimité au sein des principaux partis cartellisés au Parlement. La « menace » à laquelle il a tenté de répondre est qu'« un axe d'États autoritaires comme la Russie, l'Iran, la Corée du nord et la Chine travaille ensemble pour nous miner, nous et nos valeurs ». Il a parlé d'un « retour de la guerre en Europe », comme si la Grande-Bretagne ne faisait pas partie de l'axe États-Unis/OTAN qui intensifie son expansionnisme et déstabilise l'Europe de l'Est et l'Ukraine depuis de nombreuses années. Rishi Sunak a complètement occulté le rôle de la Grande-Bretagne dans la provocation et la poursuite de l'escalade de la guerre par procuration de l'OTAN dirigée par les États-Unis en Ukraine contre la Russie, ainsi que le rôle de la Grande-Bretagne dans l'escalade des sanctions, des tensions et des menaces de guerre contre la Chine, l'Iran et la République populaire démocratique de Corée (RPDC).

Rishi Sunak affirme que la guerre fait également rage au Moyen-Orient « alors qu'Israël se défend non seulement contre les terroristes du Hamas mais aussi contre un barrage de missiles tirés – pour la première fois – directement depuis l'Iran ». Rishi Sunak et Keir Starmer, qui accusent la résistance d'être à l'origine de la guerre, tentent honteusement de disculper Israël, en lui apportant leur soutien, pour ses crimes de guerre. Le discours de Sunak n'a fait aucune mention du nettoyage ethnique en cours à Gaza et de la guerre génocidaire qu'Israël mène avec le soutien de la Grande-Bretagne à Gaza et en Cisjordanie. Il nie également le droit des Palestiniens de résister au génocide de leur peuple et les traite de terroristes. Il ne mentionne pas non plus les provocations contre l'Iran avec le bombardement par Israël du complexe de son ambassade à Damas, détruisant le bâtiment abritant la section consulaire, ce qui a conduit à un bras de fer entre l'Iran et Israël. Le premier ministre britannique a également blâmé l'Iran pour la position du Yémen qui a imposé des sanctions maritimes à Israël en soutien aux Palestiniens et il a justifié le bombardement du Yémen par la Grande-Bretagne en soutien à Israël.

En outre, ce discours expose un gouvernement en désarroi, sans perspective d'avenir, qui tente désespérément de dissimuler son bellicisme et son soutien au génocide sous le couvert de la « sécurité » pour le peuple britannique. Cette situation a encore été mise en évidence lorsque David Cameron, ministre des Affaires étrangères siégeant à la Chambre des lords, a déclaré le même jour à la BBC que même s'il ne soutiendrait pas une offensive terrestre majeure à Rafah, le Royaume-Uni « ne suivrait pas les plans américains visant à mettre fin à certaines ventes d'armes à Israël », car, selon David Cameron, refuser des armes à Israël ne ferait qu'aider le Hamas.

Ces commentaires honteux visant à masquer la complicité de la Grande-Bretagne dans le génocide à Gaza ont incité Craig Murray, ancien diplomate britannique, à condamner le gouvernement le 13 mai en déclarant : « Incroyablement, le génocide israélien à Gaza atteint maintenant de nouveaux sommets de violence. Les chiffres des pertes ne sont pas communiqués, car les attaques sont si graves que les corps ne peuvent pas être récupérés, que les médecins ne peuvent pas se déplacer et que, de toute façon, il n'y a pratiquement plus d'installations médicales opérationnelles[2]. » Il a poursuivi en disant : « Nous voyons maintenant que les injonctions occidentales de ne pas attaquer Rafah n'étaient qu'un écran de fumée de mensonges pour masquer la complicité. La dernière poche de Gaza fait l'objet d'un nettoyage ethnique impitoyable et ses infrastructures seront détruites comme toutes les autres. [...] La seule conclusion possible de tout ce qui précède est celle qui vient renforcer mon analyse selon laquelle les classes politiques et médiatiques sionistes en Occident, y compris Biden, Blinken, Trudeau, Macron, Sunak, Starmer, Scholtz, von der Leyen et tous les autres, sont des participants actifs et volontaires à un projet de génocide. »

Le discours de Rishi Sunak reflétait cette vision des valeurs du vieux monde et non les valeurs des peuples qui luttent pour la paix, l'émancipation et la nouveauté dans le monde moderne. Les valeurs bellicistes et génocidaires des sionistes que Rishi Sunak tente de dissimuler sont la continuation de la quête d'hégémonie des oligopoles et de leurs industries de guerre dans le monde. Les guerres menées dans la poursuite de leurs intérêts causent des morts et des destructions massives et déplacent des millions de personnes en tant que réfugiés, comme c'est encore le cas aujourd'hui à Gaza. C'est une infamie.

Les droits appartiennent aux êtres humains du fait qu'ils sont humains

Après s'être vanté : « Nous avons fièrement pris la décision générationnelle d'augmenter les dépenses de défense pour atteindre un nouveau seuil de 2,5 % du PIB d'ici à 2030 », Rishi Sunak est passé à un autre sujet, à savoir que « le déplacement global de cent millions de personnes est un nouveau défi déterminant de notre époque ». Il tente de réduire les problèmes massifs de réfugiés que le système belliciste a contribué à créer dans le monde à un seul lorsqu'il affirme que « nous pouvons nous protéger contre l'immigration illégale et nous le ferons ». Le monde que les impérialistes imposent est celui du déplacement global des peuples par leurs guerres, mais une fois de plus, ils confondent cela avec leurs mensonges à l'effet que les migrants et les réfugiés sont le problème et les qualifient d'« illégaux ».

C'est ainsi que Rishi Sunak tente de justifier le projet illégal du Rwanda : essayant de le déguiser en mesure humanitaire. Il déclare : « C'est la raison pour laquelle nous sommes les premiers à mettre en place le programme pour le Rwanda. Ainsi, lorsque les gens verront que s'ils viennent ici illégalement, ils seront rapidement arrêtés et expulsés, ils seront dissuadés de faire ce voyage périlleux, ce qui permettra d'arrêter les bateaux et de sauver des milliers de vies. » Avec cette perspective, qui est contredite par la dure réalité, il prétend que les « cadres internationaux sur les droits de l'homme sont dépassés », et non les lois antihumaines qu'il défend sans vergogne pour la Grande-Bretagne. Il tente d'inciter les gens à s'opposer aux droits humains en affirmant qu'« il pourrait y avoir des points chauds à l'avenir avec la Convention européenne des droits de l'homme (CEDH) »[3].

Qu'un premier ministre puisse, à l'ère moderne, prononcer un discours qui donne un visage humain aux valeurs et aux crimes du passé contre lesquels les peuples du monde se sont battus pendant la Deuxième Guerre mondiale, cela dépasse l'entendement. Cela montre à quel point ils sont déphasés par les exigences de l'ère moderne.

La question qui se pose à la classe ouvrière et au mouvement des peuples montre que la lutte sur tous les fronts oppose le Nouveau à l'Ancien. La nécessité brûlante d'aujourd'hui, pour la sécurité du peuple britannique et du monde entier, est celle d'un gouvernement antiguerre, expression d'une personnalité démocratique moderne opposée aux pouvoirs policiers et exécutifs et à l'utilisation de la force pour régler les conflits. Ce ne sont pas les Sunak de ce monde qui sortiront la société de cette crise, mais la classe ouvrière qui deviendra elle-même une classe politique. Leur objectif est de créer une nouvelle situation où la prise de décision engage tous les travailleurs, les communautés et le peuple dans son ensemble, parlant et agissant en leur nom propre et en tant qu'un, sans les mécanismes politiques de l'élite dirigeante qui les privent de leur pouvoir et empêchent la réalisation de leurs décisions directes.


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Volume 54 Numéro 35 - Mai 2024

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