Les problèmes de recrutement de l'OTAN
Le Sommet de l'OTAN 2024 à Washington prend son envol et des plans sont élaborés pour inciter les pays à augmenter leurs budgets militaires en appui aux objectifs des États-Unis/OTAN, accroître leur financement et le flot d'armes vers l'Ukraine afin de « gagner » la guerre par procuration des États-Unis/OTAN contre la Russie et amplifier l'hystérie guerrière de l'OTAN au nom de l'impérialisme américain partout dans le monde. Un des défis que plusieurs pays membres de l'OTAN doivent relever est le recrutement militaire des jeunes.
En décembre 2023, le département de la Défense des États-Unis (DOD) a souligné qu'« au cours de l'année fiscale 2023, 41 000 recrues manquaient à l'appel dans l'atteinte des cibles de recrutement des services militaires ». La principale raison de cette pénurie, selon le DOD, est que « la génération Z, la génération née entre 1997 à 2012, a généralement moins confiance aux institutions ». Le même rapport soulignait qu'il y a 20 ans, pas moins de 75 % des jeunes Américains envisageaient de faire carrière dans l'armée. Aujourd'hui, il y en a moins de 50 %. Pour assister le recrutement militaire, entre autres choses, le DOD exhorte les membres du Congrès à promouvoir davantage l'armée chez les jeunes électeurs. Il propose utiliser les « jeux » pour encourager les jeunes enfants à jouer à des jeux vidéo où sont promues la guerre et l'agression, en plus de la promotion de l'armée dans les sports et les évènements sportifs, etc.
Au Canada, qui est un des membres fondateurs et un grand défenseur de l'OTAN, le recrutement militaire est aussi en crise. Plus tôt cette année, le ministre de la Défense Bill Blair a annoncé que les forces armées canadiennes étaient déficitaires de près de 16 500 membres et que l'impossibilité de l'armée d'augmenter son recrutement menait à une « spirale de la mort ». Pour résoudre cette crise, en 2022 l'armée canadienne a retiré l'interdiction empêchant les résidents permanents de joindre les forces armées. La CBC rapporte qu'au cours d'une seule année, l'armée canadienne a reçu plus de 21 000 demandes. Cependant, à ce jour, seulement un peu plus de 100 personnes ont été acceptées, le processus de recrutement ayant été ralenti par la lourdeur des contrôles de sécurité imposés à ce groupe de demandeurs. Des 21 000 résidents permanents demandeurs, 15 000 ont choisi d'abandonner en raison des listes d'attente interminables et de la complexité des exigences de sécurité.
Dans un sondage en 2022 parrainé par le ministère de la Défense nationale du Canada en préparation pour les célébrations du 100e anniversaire de la Royal Canadian Air Force en 2024, 58 % des personnes interrogées ont répondu qu'il était « peu probable » qu'elles se joignent aux forces armées de l'air et un autre 21 % a indiqué qu'il était « très peu probable » qu'elles s'y joignent. Pour ce qui est de l'armée, les chiffres étaient de 57 % et de 22 % respectivement et pour la marine, ils étaient encore plus élevés, 61 % et 22 % respectivement.
La campagne menée depuis dix ans par les Forces armées canadiennes (FAC) pour que les femmes représentent 25 % des effectifs militaires d'ici 2026 a également échoué. Les statistiques sur la représentation des femmes dans les FAC en mai 2023 montrent qu'elles représentent 16,06 % de l'ensemble des membres des forces régulières, 16,99 % des officiers de la Première réserve, 17,48 % des officiers et aux militaires du rang (MR) de la Première réserve et 17,39 % de l'ensemble des membres de la Première réserve. Elles représentent 16,48 % de l'ensemble des membres de la Force régulière et de la Première réserve.
D'autres pays de l'OTAN sont aux prises avec la même difficulté. En Grande-Bretagne, on signale un déficit annuel de recrutement de 1 100 soldats, bien que le gouvernement ait confié le recrutement à Capita, une entreprise privée. Entre 2022 et 2023, le nombre de candidats à l'armée allemande a chuté de 7 %.
Non seulement les pays comme l'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne connaissent-ils des problèmes de recrutement, mais ils sont aux prises avec un nombre élevé d'abandons. En 2023, plus de 1 500 soldats ont démissionné du Bundeswehr, les forces armées allemandes composées de près de 183 000 membres actifs. Le ministre français des Armées Sébastien Lecornu a souligné en mars de cette année : « Aux réunions de l'OTAN, nous parlons souvent d'équipement, mais maintenant nous parlons aussi des niveaux de rétention. » La France compte régler ce problème en aidant le personnel militaire à se trouver un logement, en subventionnant les soins de santé et les garderies et en augmentant les salaires et les régimes de retraite.
Certains pays de l'OTAN comme la Croatie songent à rétablir la conscription. Le Danemark, un des membres fondateurs de l'OTAN, a, pour la première fois, imposé la conscription aux femmes et augmenté la période de service militaire de quatre mois à un an au mois de mars. Bien que l'Allemagne ait supprimé la conscription en 2011, il est question de rétablir une forme de service militaire.
Ces exemples montrent que l'incapacité d'attirer et de
retenir
les jeunes dans l'armée exacerbe la crise de l'OTAN qui
continue
malgré tout de se targuer d'être « l'alliance la plus
puissante
de l'histoire ».
(Avec des informations de la CBC, du Ottawa Citizen, de Politico et du département de la Défense des États-Unis)
Cet article est paru dans
Volume 54 Numéro 35 - 8 juillet 2024
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