Militante opposition à la visite du secrétaire général de l'OTAN au Canada


Ottawa, 19 juin

Le 19 juin, le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg s'est rendu aux États-Unis et au Canada en préparation pour le sommet de l'OTAN à Washington du 9 au 11 juillet.

Comme ils le font depuis la création de l'OTAN, les Québécois et les Canadiens se sont opposés à l'alliance belliciste et à la visite du secrétaire général. Un militant piquetage a été dressé devant le bureau du premier ministre le 19 juin pour affirmer que Stoltenberg est persona non grata et que pour réaliser la paix et la sécurité au pays et à l'échelle mondiale, l'OTAN doit être démantelée. L'appel au piquetage a été lancé par les Jeunes pour le renouveau démocratique, avec la participation de divers activistes et organisations antiguerre de la région de la capitale nationale. Des manifestations ont aussi eu lieu à Calgary et à Edmonton.

Plusieurs piétons et automobilistes passant devant le bureau du premier ministre ont exprimé leur approbation ou leur appui. Autant la visite du secrétaire général de l'OTAN était une affaire relativement discrète, autant il est important de rappeler les activités des États-Unis/OTAN et de les faire connaître, qu'il s'agisse de leur rôle dans la prolongation du conflit en Ukraine, leurs appels à une participation directe de l'OTAN dans les attaques contre le territoire russe, leur appui à l'État sioniste d'Israël et le génocide en cours à Gaza, leurs appels constants à augmenter le financement militaire pour alimenter l'industrie de guerre aux dépens des secteurs sociaux, ou leurs exercices de guerre partout dans le monde.

Durant sa visite, M. Stoltenberg a rencontré le premier ministre Justin Trudeau, a été l'invité d'honneur lors d'une réception parrainée par l'Association canadienne pour l'OTAN et l'Association parlementaire canadienne de l'OTAN et a donné une entrevue à l'émission Question Period du réseau CTV.

Lors de la réception, il a reçu le Prix d'excellence Louis St-Laurent, la plus haute distinction de l'Association du barreau canadien (ABC) remise « à un membre afin de reconnaître les services exceptionnels qu'il a rendus et les réalisations professionnelles qu'il a menées tout au long de sa carrière pour le bien de la profession juridique, de l'ABC et de la société en général ». Louis Saint-Laurent a été premier ministre du Canada de 1948 à 1957. C'est sous son égide que le Canada est devenu membre fondateur de l'OTAN le 30 avril 1949. C'est donc sur cette base que les cercles dirigeants, qui cherchent désespérément à soutenir l'OTAN et son hystérie guerrière, ont décerné ce prix à Stoltenberg, qui n'est ni avocat, ni Canadien, ni membre de l'ABC, et qui ne parle pas au nom des Québécois ou des Canadiens.

Dans son allocution lors de la réception, Jens Stoltenberg a jugé bon de s'exprimer sur le rôle du Canada dans l'OTAN et de rappeler le décret de l'OTAN sur l'augmentation des dépenses militaires de ses membres, questions sur lesquelles les travailleurs du Canada et du Québec sont privés de tout droit de parole. Il a salué le rôle du Canada dans l'hystérie guerrière de l'OTAN, en particulier son rôle de leadership dans le groupement tactique de l'OTAN en Lettonie. Il a souligné l'importance de l'appui canadien en termes de financement et d'entraînement à l'Ukraine, ajoutant que le Canada avait fourni des « milliards de dollars en aide à l'Ukraine sous forme de systèmes de défense aérienne, de chars d'assaut et de formation au pilotage de F-16 ». Il a souligné que l'appui indéfectible à l'Ukraine sera « de la plus haute priorité » lors du prochain sommet à Washington.

Le secrétaire général de l'OTAN a aussi dit qu'il saluait la décision du Canada d'augmenter ses dépenses militaires, mais a exhorté le Canada à se joindre aux 23 autres pays membres de l'OTAN qui se sont engagés à consacrer 2 % de leur PIB aux forces militaires. Accroître le financement « ajoutera des milliards de dollars dans les années à venir, y compris l'achat d'équipement militaire de haute gamme, la modernisation de NORAD et l'investissement dans les F-35 de cinquième génération ».

Stoltenberg a dit qu'il s'attendait à ce que les membres de l'OTAN respectent la « directive » du 2 %, ajoutant qu'en tant qu'ancien parlementaire et premier ministre, il sait que « c'est toujours plus facile de dépenser de l'argent sur la santé, l'éducation, l'infrastructure et plusieurs autres obligations que d'investir dans la défense », mais que dans le contexte actuel des menaces auxquelles l'Alliance est confrontée, il est nécessaire de s'engager et de « prioriser les investissements dans la défense ».

Que les cercles dirigeants du Canada invitent un tel personnage au Canada pour lui dicter ouvertement la direction de son économie, tout en permettant aux services de renseignement internationaux de hurler à propos d'une prétendue ingérence étrangère dans les affaires du Canada et en adoptant des lois à leurs ordres, serait risible et d'une ironie cruelle si ce n'était du grave danger que représente la participation du Canada à l'hystérie guerrière de l'OTAN et à la machine de guerre des États-Unis.


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Volume 54 Numéro 35 - 8 juillet 2024

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