L'ordre du jour du sommet confirme le désespoir des impérialistes et l'intensification des préparatifs de guerre
L'OTAN cherche désespérément à mettre en place des engagements pluriannuels de tous ses membres pour financer et armer l'Ukraine dans le cadre de la guerre par procuration que les États-Unis et l'OTAN mènent contre la Russie « jusqu'au dernier Ukrainien ». Le sommet de Washington prévoit passer outre la volonté démocratique de tout peuple de changer de direction pour mettre fin à l'implication dans la guerre par procuration menée par les États-Unis et l'OTAN en Ukraine en demandant à tous les membres de l'OTAN de s'engager par des accords juridiquement contraignants à soutenir la guerre en Ukraine « aussi longtemps qu'il le faudra ». Tout cela se fait sans le consentement des peuples des pays membres, ce qui a provoqué une forte réaction en Europe et aux États-Unis.
Telle est la « démocratie » que défend l'OTAN.
Dans le communiqué de presse du 5 juillet, Jens
Stoltenberg a
expliqué que le sommet était axé sur la guerre par
procuration
menée par les États-Unis et l'OTAN en Ukraine, en
essayant de
soutenir ce pays financièrement et militairement, bien
que les
actions antérieures à cet égard n'aient pas réussi à
empêcher sa
faillite et sa défaite sur le champ de bataille. « Je
veux
croire que les chefs d'État et de gouvernement se
mettront
d'accord sur un ensemble substantiel de mesures en faveur
de
l'Ukraine », a-t-il déclaré. « L'OTAN sera[it]
amenée à
coordonner la fourniture de la majeure partie de
l'assistance
internationale à la sécurité que reçoit le pays »,
par
l'intermédiaire d'un commandement dédié placé sous les
ordres
d'un général trois étoiles. Ce commandement, basé en
Allemagne,
et les plateformes logistiques dont il disposera sur le
flanc
est, emploieront plusieurs centaines de personnes
travaillant au
siège de l'OTAN en Allemagne et dans les noeuds
logistiques de
la partie orientale de l'Alliance, a-t-il ajouté.
Un n ud logistique est un point qui relie un réseau
logistique
de la chaîne d'approvisionnement et cela montre comment
le bras
puissant des impérialistes américains s'empare de
l'Europe.
Notons également que le commandement sera assuré par un
général
trois étoiles, alors que les États-Unis comptent 43
généraux
quatre étoiles. Néanmoins, la direction semble assez
claire : en
utilisant l'OTAN, les États-Unis continueront à causer
des
problèmes et ne permettront pas une paix durable en
Europe,
tandis que les pays de l'OTAN paieront de plus en plus la
facture. L'annonce est une mesure de protection
indubitable
contre une présidence erratique et imprévisible de Donald
Trump
ou une présidence incompétente comme celle de Joe Biden.
L'exigence que tous les membres de l'OTAN s'engagent dans
des
accords juridiquement contraignants pour soutenir la
guerre en
Ukraine est une indication claire du fait que l'OTAN est
tout
sauf unie.
Les pays de l'OTAN devront prendre un engagement
financier en
faveur de l'Ukraine, lui apporter davantage de soutien
militaire
dans l'immédiat, conclure de nouveaux accords bilatéraux
de
sécurité et « poursuivre les travaux sur le plan de
l'interopérabilité militaire ». L'interopérabilité
consiste
à fournir à l'armée ukrainienne des armes et un
entraînement
conformes aux normes de l'OTAN.
Même avec l'inévitable défaite militaire de l'Ukraine,
Stoltenberg et l'OTAN continuent de faire miroiter
l'adhésion de
l'Ukraine, affirmant que tous ces éléments « constituent
une
passerelle vers l'adhésion du pays à l'OTAN et un
ensemble
solide de mesures à présenter au sommet » et que «
l'Ukraine ne cesse de se rapprocher de l'OTAN ».
« Nous sommes en train de mettre au point une série de
mesures
réalisables qui serviront essentiellement de passerelle
vers
l'adhésion », a déclaré à la presse un responsable
du
département d'État américain, quelques jours avant le
sommet de
Washington. Il s'agirait notamment de
l'institutionnalisation du
soutien et de la formation de l'Occident à l'Ukraine,
d'un
engagement financier annuel de 40 milliards d'euros (43,3
milliards $US), d'un engagement en faveur du statut de
pays-membre et de la nomination d'un envoyé de l'OTAN en
Ukraine. Une « passerelle » vers l'OTAN inclurait
une aide
militaire concrète et une formation pour moderniser les
forces
armées, ainsi qu'un engagement à déclarer «
irréversible »
l'entrée de l'Ukraine dans l'alliance militaire
occidentale.
Plusieurs hauts fonctionnaires de l'OTAN ont récemment
déclaré
que cela pourrait être considéré comme un progrès vers
l'adhésion, rapporte Euractiv. Toutefois,
plusieurs
diplomates de l'OTAN ont exprimé des doutes quant à la
pertinence des termes choisis pour marquer les progrès de
l'Ukraine, tant pour le processus d'adhésion que pour la
crédibilité de ce processus, l'OTAN promettant
essentiellement à
l'Ukraine que son adhésion est inévitable. Le fait que
les
autres pays européens qui ont rejoint l'OTAN depuis
l'effondrement de l'ex-Union soviétique aient dû faire
des pieds
et des mains pour pouvoir adhérer à l'Alliance, alors que
les
mêmes normes ne s'appliquent pas à l'Ukraine, n'est pas
non plus
garant de bonne volonté au sein de l'OTAN.
Depuis le sommet de l'OTAN de 2023 à Vilnius, en
Lituanie, on
dit que l'OTAN s'efforce de trouver un équilibre entre la
reconnaissance du fait que l'Ukraine se conforme aux
réformes et
à la modernisation de ses forces armées et le fait de
modérer
ses attentes quant à son adhésion à l'OTAN dans un avenir
plus
ou moins proche. En fin de compte, la faction menée par
les
États-Unis au sein de l'OTAN ne veut pas que l'Ukraine
puisse
invoquer l'article 5 de la Charte de l'OTAN et ouvrir un
conflit
militaire direct avec la Russie. Il n'en reste pas moins
que les
armes et le personnel américains et ceux d'autres pays
sont déjà
directement impliqués dans des attaques contre la Russie
à
partir de l'Ukraine et d'autres bases dans les pays
voisins.
L'ampleur du conflit s'en trouve sérieusement accrue, ce
qui,
tout compte fait, rend peu probable un quelconque
règlement de
la question lorsque les dirigeants se retrouveront à
Washington
le 9 juillet.
Le deuxième point important du sommet concerne les
préparatifs
de guerre de l'OTAN, en particulier en Europe. Lors du
sommet,
les pays de l'OTAN devront s'engager à renforcer la
production
de guerre transatlantique, ce qu'ils appellent la «
coopération
transatlantique en matière d'industrie de défense ».
Alors
que la crise financière et l'offensive néolibérale
antisociale
font peser une profonde insécurité sur les travailleurs
des pays
membres de l'OTAN, Jens Stoltenberg a déclaré avec fierté
que 23
membres de l'OTAN consacraient désormais au moins
2 % de
leur PIB à la défense. Stoltenberg a indiqué « que l'OTAN
allait
renforcer ses moyens de défense antimissile
balistique » en
Europe par le biais d'une nouvelle base Aegis Ashore qui
sera
établie en Pologne. Il s'agit d'une nouvelle menace au
désir du
peuple polonais de ne pas être utilisé comme pion dans
une
guerre contre la Russie.
En 2023, les membres de l'OTAN ont dépensé plus de 1,2 billion de dollars pour faire la guerre et s'y préparer. L'Europe a dépensé 380 milliards de dollars américains, soit 2 % de son PIB combiné, tandis que les États-Unis ont dépensé plus de 916 milliards de dollars. La part du lion revient à cinq producteurs d'armes basés aux États-Unis. En revanche, les Nations unies signalent qu'en 2021, 828 millions de personnes souffraient de la faim, un chiffre qui a augmenté de 150 millions depuis la pandémie mondiale. Selon Oxfam, il faudrait environ 23 milliards de dollars par an pour répondre aux besoins des personnes souffrant de famine et de malnutrition aiguë et environ 37 milliards de dollars par an jusqu'en 2030 pour éliminer la faim extrême et chronique.
Dans un discours prononcé le 17 juin aux États-Unis pour vanter les relations entre les États-Unis et l'OTAN, M. Stoltenberg a déclaré que le bellicisme de l'OTAN et les pressions exercées sur ses membres pour qu'ils augmentent leurs dépenses militaires « sont bons pour l'Europe et bons pour l'Amérique ». D'autant plus qu'« une grande partie de cet argent supplémentaire est dépensée ici, aux États-Unis ». L'OTAN crée un marché pour les ventes de matériel de défense. Au cours des deux dernières années, plus des deux tiers des acquisitions européennes en matière de défense ont été réalisées avec des entreprises américaines. Cela représente plus de 140 milliards de dollars américains de contrats avec des entreprises de défense américaines. L'OTAN est donc bonne pour la sécurité des États-Unis, bonne pour l'industrie américaine et bonne pour l'emploi aux États-Unis.
Le Canada, dans son dernier budget fédéral publié en avril, a alloué des milliards pour accroître l'intégration du Canada à l'économie de guerre des États-Unis et les guerres d'agression dans le monde. Par exemple : 38 milliards de dollars sur 20 ans pour moderniser NORAD; 11,5 milliards de dollars sur 20 ans pour augmenter le budget commun de l'OTAN; 3,8 milliards de dollars sur 20 ans pour acquérir de nouveaux systèmes d'armes critiques, reconstituer les stocks de munitions et améliorer les systèmes numériques; 3,5 milliards de dollars pour renouveler et étendre l'opération REASSURANCE, la plus grande mission à l'étranger des Forces armées canadiennes contribuant à la présence militaire avancée de l'OTAN en Europe centrale et orientale; 14 milliards de dollars pour soutenir la guerre par procuration que mènent les États-Unis et l'OTAN en Ukraine. La liste est encore longue et le sommet de l'OTAN à Washington exigera encore plus, en fixant à 2 % du PIB les dépenses militaires comme le minimum attendu de chaque membre de l'OTAN. Le Canada prévoit que son ratio défense/PIB atteindra 1,76 % d'ici 2029-2030, ce qui représente environ 57,8 milliards de dollars canadiens par an.
L'expansion du programme belliciste étroit de l'OTAN en
Asie-Pacifique et en Océanie constitue le troisième axe
du
sommet de Washington, par le biais de ce que l'OTAN
appelle ses
« partenariats mondiaux ». Le secrétaire général a
invité
les dirigeants de l'Australie, du Japon, de la
Nouvelle-Zélande
et de la République de Corée au sommet afin d'approfondir
la
coopération, notamment en ce qui concerne le soutien à
l'Ukraine.
Peut-être Jens Stoltenberg n'a-t-il pas vu qu'en
l'espace de 13
jours depuis son lancement, un total de 1 024 200
personnes en
Corée du Sud ont signé une pétition demandant la
présentation
immédiate d'une motion de destitution du président Yoon
Suk
Yeol, qui est affichée sur le site web de l'Assemblée
nationale.
Le peuple demande des comptes au gouvernement Yoon pour
les
nombreux méfaits commis à l'encontre des Coréens, dont
l'escalade du danger de guerre, sous la tutelle des
impérialistes américains, n'est pas le moindre.
Le sommet du 75e anniversaire de l'OTAN sera un
véritable
gâchis. Les Canadiennes et les Canadiens peuvent
s'attendre à ce
que des sommes considérables soient dépensées pour donner
l'impression que l'OTAN est leur sauveur, mais ce n'est
pas le
cas. C'est un énorme gouffre pour les ressources des pays
membres, qui ne cause que mort et destruction, et toutes
les
tentatives de la maintenir mettent sérieusement en danger
la
cause des peuples qui aspirent à la paix, la démocratie
et la
liberté. Le seul programme que les peuples peuvent
envisager
aujourd'hui est de démanteler l'OTAN dès que
possible.
Cet article est paru dans
Volume 54 Numéro 35 - 8 juillet 2024
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