L'exercice militaire Tradewinds menace la paix dans les Caraïbes

– A.T. Freeman –

Du 4 au 16 mai, le 39e exercice militaire annuel Tradewinds s'est déroulé à la Barbade, sous l'égide de la Force de défense de la Barbade (BDF) et du Commandement Sud des États-Unis (SOUTHCOM).

L'exercice de cette année, baptisé Tradewinds 2024, a impliqué plus de 1 600 militaires de 26 pays participants, ainsi que des représentants de diverses organisations régionales. Outre les États-Unis, qui ont dirigé l'exercice, les participants venaient de la plupart des pays des Caraïbes, à l'exception de Cuba, des anciennes puissances coloniales européennes (Royaume-Uni, France et Pays-Bas), du Canada et des pays d'Amérique latine (Brésil, Chili, Colombie, Pérou et Mexique).

Les organisations régionales des Caraïbes suivantes ont également participé : le Secrétariat de la CARICOM, le Système de sécurité régional (RSS), l'Agence caribéenne de gestion des urgences en cas de catastrophe (CDEMA), l'Agence de mise en oeuvre de la CARICOM pour la criminalité et la sécurité (IMPACS), l'Agence de supervision de la sécurité et de la sûreté de l'aviation civile (CASSOS) et l'Agence caribéenne de santé publique (CARPHA). La liste des participants donne un aperçu de la nature globale de cet exercice militaire.

Tradewinds 2024 fait partie des exercices mondiaux à grande échelle de l'état-major interarmées des États-Unis pour 2024 et est décrit par le SOUTHCOM comme « un exercice d'entraînement multidimensionnel centré sur les Caraïbes et axé sur les domaines terrestre, aérien, maritime et cybernétique ». Étant donné la nature de l'exercice militaire, il n'est pas surprenant qu'il ait impliqué du personnel des garde-côtes américains, de l'armée américaine, du corps des marines américains, de l'armée de l'air américaine, de la marine américaine et des éléments du commandement des opérations spéciales des États-Unis (Sud).

Lors de la cérémonie d'ouverture, le chef d'état-major des forces de défense de la Barbade (BDF), le commodore Errington Shurland, a déclaré que « cette année, l'accent est mis sur les interactions militaires avec l'étranger, les opérations maritimes, la sécurité au sol et les exercices d'entraînement sur le terrain à l'appui du plan de campagne du SOUTHCOM ». Cela souligne le fait que Tradewinds 2024 ne vise pas à protéger la population des Caraïbes, mais à soutenir les plans militaires du Commandement Sud des États-Unis dans la région.

L'exercice militaire Tradewinds, qui a eu lieu pour la première fois en 1984, fait lui-même partie du dispositif militaire/sécuritaire que les États-Unis ont mis en place dans la région depuis l'invasion de la Grenade en 1983. Ce dispositif vise à garantir que les révolutions ne se reproduiront pas dans la région et que les peuples des Caraïbes resteront dans la boîte dans laquelle les puissances esclavagistes et coloniales nous ont enfermés au cours des 400 dernières années. Il montre également le fait que les soi-disant forces de défense de la région ne sont pas là pour protéger les habitants des Caraïbes, mais sont des versions modernes des anciens régiments antillais mis sur pied par les puissances européennes pour défendre les richesses de leurs plantations contre les Africains réduits en esclavage et les puissances coloniales rivales. Ces exercices servent les États-Unis et leurs alliés colonialistes, et non les citoyens des pays des Caraïbes.

Au moment même où se déroulait l'exercice Tradewinds, les États-Unis intensifiaient leur militarisation générale de la région. S'exprimant sur BreakThrough News, le professeur Jemima Pierre, qui est haïtienne, a souligné que les États-Unis ont déjà fait atterrir neuf vols militaires en Haïti, et qu'ils s'attendent à ce qu'il y en ait une centaine d'autres. Elle a ajouté que ces vols font partie du plan américain de construction d'une base militaire en Haïti pour abriter la force d'invasion qu'ils ont sous-traitée au Kenya et à d'autres États de la CARICOM et que l'occupation militaire actuelle fait partie d'un plan décennal des États-Unis pour l'assujettissement d'Haïti.

Comme si cela ne suffisait pas, les États-Unis militarisent également la Guyane et utilisent ce pays comme base pour menacer le Venezuela. Au milieu de Tradewinds 2024, l'ambassade américaine en Guyane a gazouillé que deux avions de la marine américaine, des F/A-18F Super Hornets, ont survolé la capitale de la Guyane, Georgetown, et les zones environnantes. C'est à ce moment-là que des rumeurs persistantes ont fait état de l'intention du SOUTHCOM d'établir une base militaire en Guyane. Le gouvernement vénézuélien a réagi en dénonçant les actions des États-Unis, le ministre vénézuélien des Affaires étrangères, Yvan Gil, les décrivant comme « une nouvelle preuve des provocations faites au Venezuela par le Commandement Sud des États-Unis ».

La militarisation continue des Caraïbes par les États-Unis constitue une grave menace pour la paix dans notre région et risque réellement de la plonger dans un bain de sang. Elle ne sert pas les intérêts des peuples caribéens. Elle constitue une attaque directe contre la déclaration de 2014 de la Communauté des États d'Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) que les Caraïbes doivent rester une zone de paix.

La déclaration notait que « la paix est un bien suprême et une aspiration légitime de tous les peuples et la préservation de la paix est un élément substantiel de l'intégration de l'Amérique latine et des Caraïbes et un principe et une valeur commune de la Communauté des États d'Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) ». Elle affirmait un « engagement permanent à résoudre les différends par des moyens pacifiques dans le but d'éradiquer à jamais la menace ou l'utilisation de la force dans notre région ».

Ces principes doivent être activement défendus pour empêcher les États-Unis de mettre le feu à notre maison commune par leur militarisation incessante.

L'armée américaine hors des Caraïbes !
Mettez fin à l'exercice militaire Tradewinds !
Non à l'invasion d'Haïti !
Pour un règlement pacifique du différend frontalier entre la Guyane et le Venezuela !

(Organisation caribéenne pour l'émancipation des peuples, 22 mai 2024. Traduit de l'anglais par LML.)


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Volume 54 Numéro 35 - Mai 2024

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