Solidarité avec la Palestine dans les universités canadiennes et québécoises

Lutte courageuse des étudiants pour maintenir le campement de McGill

Des étudiants des universités McGill et Concordia, comme les étudiants aux États-Unis et ailleurs au Canada, ont établi un campement sur le campus de McGill le 27 avril. Depuis, des campements de soutien au peuple palestinien ont été établis à l'Université d'Ottawa, à l'Université technique de l'Ontario à Oshawa, à l'Université de Toronto, à l'Université McMaster à Hamilton, à l'Université de Winsor, à l'Université du Manitoba à Winnipeg, à l'Université de Calgary, au campus Point Grey de l'Université de Colombie-Britannique, à l'Université de Victoria et à l'Université de l'île de Vancouver à Nanaimo. Les étudiants de l'Université du Nouveau-Brunswick à Saint-Jean ont dressé un campement permanent pendant la journée et d'autres événements d'une journée ont eu lieu à l'Université métropolitaine de Toronto, à l'Université Western Ontario à London, à l'Université de l'Alberta à Edmonton et à l'Université de Sherbrooke au Québec. À l'Université de Toronto, dans la soirée du 2 mai, des centaines de personnes sont venues appuyer le campement, se tenant prêtes à faire face à l'éventualité de provocations de la part d'une contre-manifestation sioniste.

À McGill, le 27 avril un porte-parole de l'Association de solidarité pour les droits humains des Palestiniennes et Palestiniens – McGill (SPHR McGill) s'est adressé à la marche hebdomadaire contre le génocide sioniste en Palestine, appelée par le Mouvement de la jeunesse palestinienne (PYM), alors qu'elle arrivait pour les soutenir. Il a expliqué qu'un référendum étudiant, avec une large participation, avait adopté à une écrasante majorité une résolution appelant McGill à désinvestir des entreprises qui profitent du génocide et à rompre les liens académiques avec les institutions universitaires israéliennes après la destruction totale des universités et des écoles par les sionistes à Gaza. L'université a réagi en tentant de décertifier SPHR McGill.

Après des mois de refus de la part de l'administration de McGill de discuter de son rôle dans le soutien au génocide, les étudiants ont décidé qu'ils devaient intensifier la lutte pour leurs demandes. La décision a été prise d'établir le campement pour exprimer leur refus de voir leurs frais de scolarité utilisés pour le meurtre d'autrui. Les étudiants de toutes origines, juifs, palestiniens et beaucoup d'autres, y compris les professeurs et le personnel enseignant, sont déterminés à rester unis jusqu'à ce que leur demande de désinvestissement soit respectée. Leur unité et leur refus de succomber aux provocations font mentir les accusations scandaleuses et infondées d'antisémitisme, de menaces et d'intimidation de leurs pairs.

La violence et l'intimidation ne proviennent que de l'administration de McGill, des sionistes et du premier ministre Legault et son administration. Lundi, l'administration de l'université a demandé à la police de Montréal de démanteler le campement.

Le 30 avril, l'avocat Neil Gary Oberman, agissant au nom de deux étudiants pro-israéliens de McGill dont les noms n'ont pas été révélés, a demandé à la Cour supérieure du Québec d'accorder une injonction interdisant les manifestations propalestiniennes à moins de 100 mètres des propriétés de McGill. McGill affirme posséder quelque 150 bâtiments dans la ville, ce qui signifie que si une telle injonction était accordée, elle interdirait effectivement les manifestations dans le centre-ville de Montréal. Dans sa demande d'injonction, Neil Gary Oberman a fait valoir que le soutien à la Palestine créait une atmosphère « hostile, agressive et violente » par l'utilisation de slogans tels que « Du fleuve à la mer », « La Palestine vivra pour toujours  ».

Le 1er mai, le tribunal a rejeté la demande d'injonction. Tout le monde a noté que Neil Gary Oberman est un actionnaire du groupe de contentieux civil et commercial du cabinet d'avocats Spiegel Sohmer. Le 8 octobre 2023, Spiegel Sohmer a publié sur son site web un avis indiquant que « Spiegel Sohmer soutient ses clients et collègues juifs et est solidaire du peuple juif et d'Israël... ».

Entre-temps, les affirmations de l'administration de McGill et de la CBC concernant l'existence de preuves de problèmes de « sécurité » sont restées sans fondement, tandis que le ministre de la Sécurité publique du Québec, François Bonnardel, n'a pu que faire référence à des « commentaires d'étudiants qui ne se sentent pas en sécurité », sans préciser à quels commentaires il se référait.

Le 2 mai, un groupe d'une centaine de sionistes s'est rassemblé sur le trottoir devant McGill, injuriant les manifestants propalestiniens, défendant le génocide commis par l'Israël sioniste et demandant à la police de démanteler le campement pacifique. Au même moment, sans aucun fondement juridique, le premier ministre du Québec déclarait que la manifestation de McGill était illégale et demandait à la police d'utiliser tous les moyens nécessaires pour y mettre fin. Ses remarques ont suivi celles de la ministre de l'Enseignement supérieur du Québec, Pascale Dery, qui a déclaré le 30 avril que l'administration de McGill avait « fait le bon choix » en demandant à la police de démanteler le campement.

Le 3 mai, la Fédération québécoise des professeures et professeurs d'université (FQPPU) a publié une déclaration dans laquelle elle rejetait l'appel du premier ministre Legault à déployer la police contre les étudiants. « Dans une société libre et démocratique, il ne revient pas au pouvoir politique de donner des mots d'ordre à la police sur des questions opérationnelles », a dit la professeure Madeleine Pastinelli, présidente de la FQPPU. « Que le premier ministre s'attaque à la liberté d'expression des manifestant(e)s en appelant à une intervention des forces de l'ordre à leur encontre constitue un précédent dangereux et inquiétant. » Elle a noté que la Cour supérieure a décidé de ne pas émettre d'injonction contre le campement : « Devant l'absence d'une preuve de menace quelconque pour la sécurité de quiconque, le tribunal a conclu que les droits à la liberté d'expression et de réunion pacifique des manifestant(e)s devaient l'emporter. » Elle a conclu en disant que « les campus universitaires sont, depuis toujours, des lieux où les idées se confrontent, parfois de façon vigoureuse ».

Ni le temps pluvieux, ni aucune de ces provocations et tentatives de les criminaliser et de violer leurs droits d'expression et de réunion n'ont atténué la détermination des étudiants à atteindre leurs objectifs. Jusqu'à présent, aucune mesure n'a été prise pour démanteler le campement. En fait, le campement est cinq fois plus grand et continue d'offrir une atmosphère accueillante et propice à l'apprentissage pour toutes et tous.

Les étudiants de Montréal ont exprimé leur profonde gratitude pour le large soutien public qu'ils reçoivent. Les gens passent à toute heure du jour et de la nuit pour apporter des vivres, de l'eau, des tentes et des sacs de couchage, pour encourager les étudiants et leur exprimer leur soutien moral. Dans la soirée du 1er mai, des sympathisants se sont rassemblés pour défendre le campement contre une éventuelle descente de police. Le lendemain matin, des centaines de sympathisants, parmi lesquels des étudiants, des personnes âgées, de jeunes familles juives et des Palestiniens, se sont rassemblés pour se tenir à nouveau aux côtés des manifestants. Un rassemblement de soutien d'urgence similaire a eu lieu le 3 mai.

Les étudiants bénéficient d'un large appui et réclament la fin du génocide américano-israélien à Gaza et la fin du soutien du Canada à ce génocide, ainsi que la fin de la complicité des administrations de Concordia et de McGill avec ce génocide, en se désinvestissant de toutes les entreprises qui profitent de ces crimes et en rompant les liens avec toutes les institutions académiques israéliennes.


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Volume 54 Numéro 32 - 10 mai 2024

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