World Central Kitchen – une mouture des Casques blancs
Le 2 avril, un assaut sans raison des Forces de défense israéliennes (FDI) a fait six morts parmi des travailleurs d'aide alimentaire à Gaza à l'emploi d'une organisation appelée World Central Kitchen. Leur chauffeur a également été tué. Parmi les victimes se trouvent trois ressortissants britanniques, identifiés comme faisant partie des services militaires spéciaux britanniques, et une personne ayant la double citoyenneté canadienne et américaine et ayant combattu en Afghanistan.
Le fondateur de World Central Kitchen (WCK), le célèbre chef
cuisinier José Andrés, a dit à Reuters que l'assaut israélien
avait ciblé « une auto après l'autre, systématiquement ».
Des gens comme le président des États-Unis Joe Biden et des
représentants du gouvernement canadien et d'autres ont condamné
l'incident et se sont dits profondément attristés tout en
déclarant qu'Israël a le « droit de se défendre ». Il
convient de mentionner que personne d'entre eux n'a jamais
dénoncé la mort de plus de 33 000 Palestiniens, dont 9 500
femmes et 14 500 enfants, de 140 journalistes et travailleurs
médiatiques, plus de 484 travailleurs médicaux et 200
travailleurs humanitaires de l'Office de secours et de travaux
des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) et
d'autres agences humanitaires tentant de sauver le peuple
palestinien de la famine imposée par Israël.
Des sources anonymes « près de la défense », au fait des
détails de l'attaque, ont confié au journal israélien Haaretz
que l'attaque « était due à une mauvaise discipline parmi les
commandants sur le terrain et non à un manque de coordination
entre l'armée et les organisations d'aide ». Une source des
services de renseignement israéliens a dit que le commandement
sud de l'armée « savait exactement quelle était la cause de
l'attaque - à Gaza, chacun fait ce qu'il veut ». Le gouvernement
israélien a exprimé ses regrets officiels en admettant qu'il
s'agissait d'un « tir ami ».
Ce qui est très louche dans les références humanitaires de World
Central Kitchen, c'est que José Andrés est connu pour avoir
critiqué une ministre espagnole, Ione Belarra Urteaga, le 16
octobre 2023, qui avait exprimé son horreur face aux
bombardements et aux massacres de Palestiniens à Gaza par Israël
qui en moins d'une semaine avait déjà tué des milliers de
Palestiniens, dont la majorité étaient des femmes et des
enfants. Andrés a exprimé son indignation à l'égard de la
ministre, a justifié le génocide en affirmant qu'Israël
défendait ses citoyens et a exigé que la ministre soit démise
pour s'être opposée à la barbarie d'Israël.
En d'autres termes, les motivations de ce célèbre chef
hispano-américain et de sa World Central Kitchen n'étaient
manifestement pas de sauver des vies palestiniennes. Ce soupçon
est encore confirmé par la composition des personnes tuées et
par le fait qu'il s'agit d'un accident involontaire de « tir ami
».
Ali Abunimah d'Electronic Intifada a mené une enquête pour mettre les choses au clair dans une émission intitulée « Pourquoi les Palestiniens se méfient du World Central Kitchen ». « Même si nous sommes horrifiés par le meurtre de ces individus, nous devons nous méfier du WCK », a dit Ali Abunimah d'Electronic Intifada. Soulignant les déclarations dénonciatrices du dirigeant et fondateur du WCK le 16 octobre 2023, il demande : « Pourquoi le WCK est-il autorisé par les Israéliens à aller à Gaza alors que d'autres organisations humanitaires, plus particulièrement l'UNRWA, sont interdites ou bloquées par Israël ? » Des milliers de camions de l'UNRWA ne peuvent entrer, mais le WCK peut le faire, par terre et par mer.
Le journaliste souligne que l'armée israélienne a aidé le WCK à construire un embarcadère à même les décombres de maisons détruites par l'armée israélienne et en dépit du fait qu'il y avait vraisemblablement encore des corps dans les décombres. Il cite le New York Times qui affirme : « L'armée israélienne a prêté main forte à l'opération de WCK, fournissant sécurité et coordination, selon un représentant israélien qui a préféré conserver l'anonymat puisqu'il s'agit d'un sujet délicat. Chaque étape de l'opération a reçu l'appui de l'armée israélienne. » L'auteur de l'article du New York Times dit en outre : « L'arrivée du navire, qui a voyagé de Chypres après que le contenu ait été inspecté, a été une étape importante d'une entreprise qui, espèrent les représentants occidentaux, permettra de soulager la famine qui sévit dans l'enclave. L'opération est perçue comme un projet pilote qui prévoit un corridor maritime plus important permettant d'approvisionner le territoire. »
Aussi y a-t-il des liens entre le WCK et la Maison-Blanche. Il y a le fait que le président Biden a personnellement parlé avec José Andrés pour lui offrir ses condoléances et son appui suite au meurtre du personnel par Israël. En outre, en février dernier, José Andrés, en tant que co-président du Conseil présidentiel sur les sports, la forme physique et la nutrition, a participé à une vidéo promotionnelle en présence de Doug Emhoff, le conjoint de la vice-présidente Kamala Harris. Le journaliste fait valoir que l'organisation charitable WCK avait, depuis sa fondation, il y a trois ans, recueilli un demi-milliard de dollars en 2022. Tout cela au moment même où se multiplient les efforts pour démanteler et détruire l'UNRWA.
Les faits indiquent clairement que le WCK agit au service d'Israël, des États-Unis, du Canada, du Royaume-Uni et d'autres avec pour mission de montrer qu'Israël est humanitaire et qu'il cherche à nourrir les civils, ou que c'est ce qu'ils font eux-mêmes. Il sert aussi à détourner l'attention des efforts pour détruire l'UNRWA, dans le cadre des efforts néolibéraux mondiaux de détruire la Convention des Nations unies sur les réfugiés, pour, d'une part, présenter le massacre des Palestiniens comme la nouvelle norme, mais aussi pour permettre à des pays comme la Grande-Bretagne et le Canada de violer leurs obligations en vertu de la convention dans leur traitement des réfugiés, appelés « migrants illégaux » et, ultimement, pour justifier les violations flagrantes des lois internationales sur les réfugiés à la frontière sud des États-Unis.
Il est fort probable que World Central Kitchen soit une autre
version des Casques blancs, une organisation qui se présente
comme une organisation de défense civile composée de volontaires
qui « aident les communautés à se préparer aux attaques, à y
répondre et à s'en remettre ». Les Casques blancs ont été fondés
par un ancien officier de renseignement de l'armée britannique
et un entrepreneur militaire privé ayant des liens avec le
gouvernement britannique. Depuis 2014, ils opèrent dans les
zones « tenues par les rebelles » en Syrie, en violation de la
souveraineté syrienne, et sont soupçonnés d'être à l'origine de
nombreuses atrocités qui ont ensuite été imputées au
gouvernement syrien par ses ennemis. Les Casques blancs sont
financés par les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada et
d'autres gouvernements partageant les mêmes idées.
Cet incident de « tirs amis » constitue une preuve de plus que
non seulement les FDI sont en plein désarroi, mais que les
larmes des représentants de l'administration Biden et du
gouvernement du Canada font partie d'une propagande concertée
visant à faire passer Israël pour un pays humanitaire alors
qu'ils ont un plan pour démolir les agences humanitaires de
l'ONU telles que l'UNRWA et démanteler les conventions de l'ONU
qui protègent les réfugiés et les victimes d'agressions et de
guerres.
Cet article est paru dans
Volume 54 Numéro 26 - 15 avril 2024
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