Rapport de la rapporteure spéciale des Nations unies sur la situation des droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés

Il existe des « motifs raisonnables » de croire qu'Israël commet un génocide contre les Palestiniens de Gaza, a déclaré le 26 mars la rapporteure spéciale des Nations unies sur la situation des droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés. Francesca Albanese s'exprimait devant le Conseil des droits de l'homme des Nations unies à Genève, où elle a présenté son dernier rapport, intitulé Anatomie d'un génocide, au cours d'un dialogue interactif avec les États membres de l'ONU. « Depuis plus de 76 ans, ce processus opprime les Palestiniens en tant que peuple de toutes les manières imaginables, en écrasant leur droit inaliénable à l'autodétermination sur les plans démographique, économique, territorial, culturel et politique, écrit-elle. Le génocide à Gaza est l'étape la plus extrême d'un processus colonial de longue date d'effacement des Palestiniens de souche. » « J'implore les États membres de respecter leurs obligations, à commencer par l'imposition d'un embargo sur les armes et de sanctions à l'encontre d'Israël, et de veiller ainsi à ce que l'avenir ne continue pas à se répéter », a-t-elle conclu.

Francesca Albanese a indiqué que [au moment où elle s'adressait au Conseil] 32 333 Palestiniens avaient été tués par Israël depuis le 7 octobre 2023, dont plus de 13 000 enfants. Plus de 12 000 personnes sont présumées mortes sous les décombres et 74 694 ont été blessées, dont beaucoup avec des séquelles mortelles. Soixante-dix pour cent des zones résidentielles ont été détruites. Quatre-vingt pour cent de la population a été déplacée de force. Des milliers de familles ont perdu des êtres chers ou ont été entièrement décimées. Nombre d'entre elles n'ont pas pu enterrer et pleurer leurs proches et ont été contraintes de laisser leurs corps en décomposition dans les maisons, dans la rue ou sous les décombres. Des milliers de Palestiniens ont été détenus et systématiquement soumis à des traitements inhumains et dégradants. Deux millions d'entre eux ont été contraints de souffrir de la faim et de la famine. « Le traumatisme collectif incalculable sera ressenti par les générations à venir », a déclaré la rapporteure spéciale.

Le discours anti-palestinien véhément qui dépeint l'ensemble du peuple palestinien de Gaza comme un ennemi à éradiquer et à éliminer par la force est omniprésent dans tous les segments de la société israélienne, a déclaré Francesca Albanese. « Les appels à l'anéantissement violent lancés par de hauts responsables israéliens dotés d'une autorité de commandement à l'intention des soldats en service sur le terrain constituent une preuve irréfutable de l'encouragement explicite et public à commettre un génocide », a-t-elle déclaré.

L'une des principales conclusions du rapport est que les dirigeants et les soldats israéliens ont intentionnellement déformé les règles fondamentales du droit international humanitaire – distinction, proportionnalité et précaution – dans le but de légitimer la violence génocidaire à l'encontre du peuple palestinien. « En redéfinissant délibérément les catégories de boucliers humains, d'ordres d'évacuation, de zones de sécurité, de dommages collatéraux et de protection médicale, Israël a utilisé leurs fonctions de protection comme 'camouflage humanitaire' pour dissimuler sa campagne génocidaire », a-t-elle déclaré.

« Depuis plus de 70 ans, ce processus étouffe les Palestiniens en tant que peuple – démographiquement, culturellement, économiquement et politiquement – écrasant leur droit inaliénable à l'autodétermination dans le but de les déplacer et d'exproprier et de contrôler leurs terres, a-t-elle ajouté. La Nakba en cours doit être stoppée et réparée une fois pour toutes. » Mme Albanese a déclaré que son rapport était un appel au monde entier à veiller à ce qu'Israël et les États tiers respectent les obligations indérogeables qui leur incombent en vertu de la Convention sur le génocide, afin d'empêcher de nouvelles pertes humaines, d'aider les survivants à reconstruire leur vie et de veiller à ce qu'ils répondent pleinement de leurs actes, tant sur le plan de la responsabilité pénale individuelle que sur le plan de la responsabilité de l'État.


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Volume 54 Numéro 26 - 15 avril 2024

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