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des droits de toutes et de tous

Rassemblement pour s'opposer aux attaques de l'État et de l'industrie contre les Wet'suwets'en et leurs droits ancestraux

Le 6 mars les chefs héréditaires Gitxsan et d'autres personnes se sont rassemblés au palais de justice de Smithers pour la condamnation du chef Dsta'hyl, un sous-chef du clan des Likhts'amisyu de la nation des Wet'suwet'en, pour outrage au tribunal et pour protester contre la corruption continue des injonctions de la Cour suprême de la Colombie-Britannique menées par l'industrie, qui s'appuient sur l'intrusion illégale du Groupe d'intervention pour la sécurité de la collectivité et l'industrie (GISCI) pour faire respecter les injonctions sur les territoires traditionnels autochtones.

Lors de la manifestation, les chefs héréditaires Gitxsan du gouvernement Gitxsan Huwilp ont annoncé qu'ils exigeaient un examen judiciaire indépendant immédiat de la manière dont les injonctions de la Cour suprême de la Colombie-Britannique sont obtenues par l'industrie tout en ignorant les décisions judiciaires des tribunaux supérieurs, et de la manière dont le GISCI militarisé de la GRC fait appliquer ces injonctions sur les territoires traditionnels autochtones.

Le négociateur en chef héréditaire des Gitxsan, Brian Williams (Gwiiyeehl), a déclaré : « Cela sent la corruption à plein nez. » Il a ajouté : « La Cour suprême de la Colombie-Britannique ne tient pas compte de l'avis judiciaire d'une juridiction supérieure concernant des négociations en cours depuis 1994. Les gouvernements provincial et fédéral ont fait preuve d'un manque de progrès débilitant aux tables de négociation depuis 30 ans et la Cour suprême de la Colombie-Britannique utilise cette situation à l'avantage de l'industrie qui demande ces injonctions. » L'arrêt Delgamuukw rendu en 1997 par la Cour suprême du Canada a établi que les Wet'suwet'en et les Gitxsan n'avaient jamais cédé leurs titres sur leur territoire traditionnel et a déclaré que ces questions devaient être réglées par la voie de négociations. Pourtant, à ce jour, leurs revendications de titres ancestraux n'ont pas été réglées par voie de négociation ou de procédure judiciaire.

Dans le cas du chef Dsta'hyl, il a été reconnu coupable d'outrage au tribunal le 20 février et le prononcé de sa peine, qui a débuté le 6 mars, se poursuivra à une date ultérieure. Le chef Dsta'hyl a été arrêté le 27 octobre 2021 après avoir retiré des batteries d'équipement lourd des véhicules de construction de Coastal GasLink. Dans une vidéo diffusée au tribunal, on le voit se présenter comme l'agent d'application de la loi des Likhts'amisyu, rappeler aux employés de CGL un avis d'éviction précédemment délivré à CGL par le leadership héréditaire des Wet'suwet'en, On le voit aussi dire aux agents de sécurité de CGL qu'ils pénètrent sans permission sur le territoire des Wet'suwet'en et leur demander de partir, en précisant qu'il saisira l'équipement et mettra hors service les véhicules utilisés pour la construction du gazoduc. Bien qu'il ait été initialement accusé de méfait et de vol de plus de 5 000 dollars, ces accusations n'ont pas été retenues et il a été jugé pour outrage au tribunal, la poursuite affirmant qu'il avait violé une injonction de la Cour suprême de 2019 interdisant à quiconque d'empêcher, d'entraver ou de restreindre la construction du gazoduc de la CGL.

Le gouvernement Gitxsan Huwilp a appelé au rassemblement le 23 février après que le juge Michael Tammen de la Cour suprême de la Colombie-Britannique, en déclarant le chef Dsta'hyl coupable, a statué que la loi traditionnelle des Wet'suwet'en sur l'intrusion ne pouvait « coexister » avec les ordonnances d'injonction rendues par le même tribunal. « Le juge Michael Tammen s'est appuyé sur 30 ans d'inertie du Canada et de la Colombie-Britannique à la table des négociations pour soutenir que la loi sur l'intrusion ne peut coexister avec l'ordonnance sur les injonctions. Le tribunal n'a pas réussi à réconcilier les deux et a utilisé la loi sur les injonctions pour mettre fin au wilaloo (mode de vie) des Wet'suwet'en et des Gitxsan et au lien avec les terres », a expliqué le chef héréditaire des Gitxsan, Moolaxan.

En ce qui concerne le rôle du GISCI, Gwiiyeehl a déclaré le 6 mars : « Nous savons également que l'agence fédérale de surveillance de la GRC a ouvert une enquête sur les actions du Groupe d'intervention pour la sécurité de la collectivité et l'industrie (GISCI), la seule unité militaire spécialisée au Canada mise en place pour écraser les manifestations autochtones contre l'extraction des ressources sur les terres autochtones de la Colombie-Britannique. [... ] Nous savons également que le GISCI retarde l'enquête en ne fournissant pas les documents demandés à la Commission civile d'examen et de traitement des plaintes (CCETP), qui reçoit et supervise les plaintes du public contre la GRC. Il ne s'agit pas d'une enquête approfondie. »

« Lorsque vous avez 50 millions de dollars de dépenses du GISCI de 2017 à 2022, auxquels vous ajoutez 36 millions de dollars supplémentaires annoncés en 2023 pour cette force militarisée favorable à l'industrie privée afin d'empêcher les Premières Nations de protéger leurs terres contre l'extraction des ressources énergétiques par le biais d'injonctions de la Cour suprême de la Colombie-Britannique menées par l'industrie – vous avez de la corruption. »

Le chef héréditaire des Gitxsan, Norman Moore (Moolaxan), a déclaré lors du rassemblement : « Demain, nous entamerons le processus de demande d'un examen indépendant par le procureur général et le solliciteur général du Canada de cette tentative collective de détruire le wilaloo (mode de vie) des Wet'suwet'en et les Gitxsan et le lien avec les Laxyip (terres).

« Vous devez comprendre que les lois héréditaires des Laxyip et de l'Anaat (eaux) exigent que les chefs aient le devoir fiduciaire de protéger la terre et les ressources pour assurer la sécurité alimentaire, le logement et l'humanité de nos peuples. [... ]Nous pouvons exister ensemble, mais la Cour suprême de la Colombie-Britannique et le GISCI de la GRC prennent le parti de la cupidité de l'industrie plutôt que celui de notre wilaloo, qui est en place depuis des temps immémoriaux. Le wilaloo ne devrait pas être éteint selon la décision de 1997 de la Cour suprême du Canada Delgamuukw c. Colombie-Britannique – causes de la CSC (lexum.com). »

« Imaginez qu'ils aient pris ces 36 millions de dollars et qu'ils les aient consacrés à l'enquête des FFADA (femmes et filles autochtones disparues et assassinées), à l'arrêt du fléau de la drogue dans la communauté qui tue nos gens, et au maintien de la sécurité de notre communauté. Au lieu de cela, ils militarisent notre wilaloo et donnent des millions au GISCI pour tenir nos gens en joue ou les mettre dans le Wilp ahlee'e (prison/cachot). »


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Volume 54 Numéro 20 - 21 mars 2024

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