Journée internationale des femmes 2024

Les femmes d'un océan à l'autre font leurs réclamations à la société et célèbrent leurs efforts collectifs en faveur de la justice

À l'occasion de la Journée internationale des femmes, partout au Québec et au Canada les femmes ont organisé des rassemblements, des marches et des rencontres de toutes sortes pour faire avancer la lutte pour leurs droits et les droits de toutes et tous, célébrer leurs réalisations et discuter des batailles à venir.

Parmi les évènements organisés il y a eu des actions dans de nombreuses villes du pays pour exiger de fouiller les dépotoirs. Par leurs actions, les organisatrices ont exigé une fouille immédiate du dépotoir de Prairie Green à Winnipeg, où les restes de Morgan Harris, Marcedes Myran et Mashkode Bizhiki'ikwe, une femme autochtone non identifiée,seraient ensevelis. Les familles de Morgan et de Marcedes mènent un combat depuis 2022 pour que le dépotoir soit fouillé pour que leurs êtres chers puissent avoir un enterrement digne – exigeant que les femmes autochtones soient respectées et traitées comme des êtres humains, avec dignité, et non traitées comme des déchets. Ces actions font partie de la lutte pour mettre fin à la violence contre les femmes, les filles et les personnes bispirituelles autochtones.

Plusieurs des actions ont exprimé comment le peuple canadien ne fait qu'un avec la lutte héroïque du peuple palestinien pour ses droits face à l'assaut génocidaire d'Israël et pour mettre fin au recours à la force dans les relations entre pays et nations.

AU QUÉBEC

Partout au Québec, les femmes ont réaffirmé qu'elles n'acceptent pas la conception dégradante qu'elles sont jetables après utilisation, comme de vulgaires objets, comme le gouvernement Legault leur a démontré en santé, en éducation et dans les services sociaux. Confrontées chaque jour à la direction antisociale de l'économie du gouvernement Legault au service des intérêts privés, au nom d'une prétendue économie forte, elles s'y opposent en défendant leurs propres demandes en leur propre nom. Elles réclament avec pleine justesse, que les ressources humaines, sociales, financières, techniques et autres soient mises au service de la société, pour humaniser l'environnement naturel et social, ce qui signifie le bien-être de toutes et tous, rien de moins.

Dans leurs actions elles se sont assurées de déclarer haut et fort que personne n'est illégal, appuyant la lutte courageuse des travailleurs et travailleuses migrants. Toutes et tous ont leur place pour bâtir un Québec moderne, point à la ligne. Elles ont également fait unité dans l'action avec leurs soeurs autochtones qui réclament justice pour les femmes disparues et assassinées, contre leur criminalisation pour la défense de leurs droits ancestraux, bref, pour mettre fin à l'héritage colonial du Canada.

Les travailleuses de la santé, de l'éducation et des services sociaux partout au Québec ont déclaré que leurs conditions de travail sont les conditions des soins en santé, en éducation et au service de tous ceux et celles qui vivent au Québec, comme elles le font depuis l'automne dernier.

Montréal



Québec



Fermont et Sept-Îles

Rimouski et Gaspé

Abitibi

EN ONTARIO
Ottawa

À Ottawa, dans le cadre de la Journée d'action pour exiger de fouiller les dépotoirs, les Soeurs par l'esprit ont organisé une cérémonie sur la colline du Parlement le 8 mars.

Toronto

Un rassemblement militant de la Journée internationale des femmes a eu lieu à Toronto le 2 mars sous la bannière « Personne n'est libre sans que nous soyons toutes libres ! » L'évènement a été organisé par Femmes travaillant avec les femmes immigrantes ainsi que d'autres organisations.

Le rassemblement a commencé par une reconnaissance des territoires traditionnels et une prestation par les Red Bird Singers, un groupe de femmes autochtones survivantes des pensionnats et des écoles résidentielles et des raids des années soixante.

Une place d'honneur a été réservée à la résistance du peuple palestinien à l'occupation et au génocide israéliens et au rôle dirigeant des femmes palestiniennes dans la lutte depuis le début. La première oratrice était du Mouvement de la jeunesse palestinienne. Elle a affirmé qu'il ne peut y avoir de libération des femmes palestiniennes sans mettre fin à l'occupation israélienne et que cette libération ne se réalisera qu'avec la pleine participation des femmes. Elle a dénoncé le génocide brutal qui a lieu en Palestine où 70 % des victimes sont des femmes et des enfants. Elle a parlé de la détention arbitraire de centaines de femmes palestiniennes et le fait qu'elles subissent des agressions sexuelles et sont traitées de façon dégradante. Elle a dénoncé la notion coloniale occidentale comme quoi les femmes palestiniennes doivent être libérées des hommes palestiniens. Elle a parlé des mères palestiniennes comme étant des mères de la résistance dans une situation où chaque Palestinien est considéré par Israël comme étant une « menace démographique ».

Une deuxième oratrice, de Voix juives indépendantes, a condamné le génocide israélien mené au nom du judaïsme et a déclaré : Pas en mon nom ! Elle a affirmé que la libération palestinienne est une question féministe, que la guerre israélienne menée contre les femmes et leurs enfants fait disparaître des générations entières de familles et elle a salué le rôle dirigeant des femmes palestiniennes dans la résistance.

Les services aux femmes et aux immigrants de l'Asie du Sud ont présenté un sketch évoquant les nombreux problèmes auxquels font face les femmes immigrantes dans un contexte où les programmes sociaux sont attaqués, et comment on tente de réduire au silence les voix de celles qui confrontent les problèmes au quotidien et les solutions qu'elles mettent de l'avant. Le gouvernement continue de financer la guerre et le génocide israélien en Palestine, mais coupe dans les services requis par le peuple canadien, ont-elles dit.

Une des oratrices a parlé contre le racisme et l'islamophobie antipalestiniens tels que promus par les médias monopolisés, et une autre en appui aux droits des personnes trans. Une représentante des travailleuses de la santé a dénoncé les compressions et la privatisation qui sévissent dans le système de santé et a appelé à financer et consolider le système public de santé. Une organisatrice des locataires de York South Weston a parlé des récents développements dans la grève des loyers qui a lieu présentement dans quatre édifices de la région et la situation intenable des locataires qui font face à une pénurie de logement et au fait que plusieurs édifices ne sont pas couverts par un contrôle des loyers.

Le rassemblement a été suivi par une marche dans les rues du centre-ville de Toronto, rendant hommage à la contribution des femmes palestiniennes au premiers lignes de la résistance palestinienne héroïque.




Le 8 mars, des femmes activistes autochtones ont organisé une action au coeur de Toronto à l'intersection de Yonge et de Dundas Square, qu'elles ont renommé Landback Square. Plusieurs oratrices ont raconté leur histoire personnelle et ont parlé des récents développements dans les actions au Manitoba pour exercer la pression sur le premier ministre néodémocrate Wab Kinew pour qu'il respecte son engagement à fouiller le dépotoir.

Les femmes ont donné des exemples de la violence en cours de la police et des tribunaux contre les peuples autochtones et plus particulièrement contre les femmes ainsi que de la surreprésentation des femmes, hommes et jeunes autochtones dans les prisons canadiennes. Elles ont toutes mis en relief la détermination indomptable des femmes autochtones dans leur lutte pour la dignité et pour les droits de toutes et tous. L'événement rassembleur s'est terminé par une danse ronde à laquelle tout le monde a participé.

Scarborough

Le 8 mars, près de 70 personnes ont célébré la Journée internationale des femmes avec un forum « Renforcer les voix de la communauté » et un programme culturel. Les femmes de l'Asie du Sud et des services aux immigrants ont présenté leurs sketchs et vidéos illustrant les problèmes qu'elles confrontent pour avoir accès aux soins de santé, au logement et aux autres services, ainsi que leurs propositions sur les changements requis pour mettre fin à leur marginalisation. Elles ont célébré leurs succès dans leur lutte à la défense des droits de toutes et tous.


AU MANITOBA
Winnipeg

Le 8 mars, près de 300 personnes ont tenu une danse ronde et marché dans les rues de Winnipeg jusqu'à l'Assemblée législative pour exiger que les dépotoirs soient fouillés. Les gens ont scandé « Faisons sortir Wab » alors que les participantes ont exigé que le premier ministre manitobain sorte et rende des comptes pour le manque d'initiative à fouiller le dépotoir. Lors d'un rassemblement à Cambria, la fille de Morgan a dit : « Je ne comprends pas comment ces gouvernements peuvent célébrer nos femmes et notre diversité alors que nos femmes sont toujours enfouies dans des dépotoirs, qui sont toujours des lieux d'enterrement. »

EN ALBERTA
Edmonton

Les événements de la Journée internationale des femmes ont commencé tôt le 8 mars à Edmonton avec la tenue d'un rassemblement dans le cadre de la Journée nationale d'action pour exiger de fouiller les dépotoirs. La Gardienne du Savoir Earth a lu le nom de 93 femmes disparues et assassinées dans la région d'Edmonton, ce qui représente seulement le nom des cas documentés, puisque la police ne rend pas disponible une information plus approfondie.

Plus tard dans la journée, l'organisation Pour les droits et l'habilitation des femmes a organisé un souper et une discussion très réussis auxquels plus de 130 femmes ont participé. Les femmes luttant sur plusieurs fronts se sont rassemblées pour partager l'information, célébrer leur travail et leurs succès et renforcer leur unité et leur appui l'une pour l'autre. L'évènement en soirée a été une puissante affirmation que nous sommes une humanité, engagée dans une seule lutte pour les droits de toutes et tous et pour le pouvoir décisionnel nécessaire pour engendrer un monde où les femmes, les enfants et les êtres humains peuvent s'épanouir.

Plusieurs femmes militantes syndicales ont participé, dont des travailleuses du Syndicat des travailleuses et travailleurs des postes, le Syndicat canadien de la fonction publique, Travailleurs unis de l'alimentation et du commerce, Infirmières unies de l'Alberta, la section locale 52 du Syndicat des services civiques (SSC) représentant les travailleurs de l'Hôtel de ville et de bibliothèque, ainsi que le Conseil syndical d'Edmonton et la région. Une importante délégation de Migrante Alberta et de Familia Latino Migrante y a participé, ainsi que des femmes de l'Association culturelle Canada-Palestine, Bear Claw et d'autres militantes autochtones, les travailleurs culturels du Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste), des activistes des droits des personnes handicapées ainsi que d'autres.

Suite à un délicieux souper, la Gardienne du Savoir Earth a encouragé tout le monde à entonner la chanson des grand-mères et à participer à la cérémonie des quatre directions. Merryn Edwards, au nom de l'organisation Pour les droits et l'habilitation des femmes, a souhaité la bienvenue à tout le monde et a présenté une brève historique de la Journée internationale des femmes.

La discussion a été entamée par les activistes Dale Shekooley de la section locale 52 du SSC, Rachel Sheffelmier, des Infirmières unies de l'Alberta et Kathleen Mpulubisi, du Syndicat des travailleuses et travailleurs des postes. Chacune a parlé des batailles menées contre les conditions de travail intenables et les attaques contre leurs salaires et leurs conditions de travail. La section locale 52 du SSC devait émettre un avis de grève le lendemain, alors que les infirmières et les travailleurs des postes sont en négociation et sont déterminés à en arriver à une entente qui leur accorde des salaires et des conditions de travail qui leur sont acceptables. Leur message était clair : à moins que l'on ne s'occupe des travailleurs comme il se doit ainsi que des conditions de vie et de travail dont ils ont besoin, ceux-ci ne pourront pas fournir les services dont la société a besoin. Tout le monde y voit l'importance de s'opposer à la privatisation des services publics visant à servir des intérêts privés, ont-elles dit. Tout le monde a répondu à l'appel en affirmant qu'elles y seraient dès que se dresseront les lignes de piquetage. La section locale 52 du SSC en est arrivé à une entente de principe le 14 mars.

Randa Alhijawi, la présidente de l'Association culturelle Canada-Palestine a parlé de l'immense douleur ressentie par la communauté et la détermination à libérer la Palestine. La vaste majorité des Palestiniens à Edmonton viennent de Gaza, et tous souffrent d'avoir perdu un membre de la famille, un ami, et tout ce qu'ils avaient au génocide israélien, mais ils demeurent résolus. Lorsqu'elle a terminé sa présentation, toutes les participantes autochtones sont allées la retrouver sur la scène pour l'envelopper dans le drapeau des femmes warrior Mohawk. Par ce geste de tendresse, elles ont exprimé l'esprit animant toutes les participantes et qui a imprégné toute la soirée et qui restera à jamais en elles, l'esprit de l'unité dans la lutte pour un monde digne des êtres humains et pour mettre fin à toutes formes de marginalisation, d'oppression, d'humiliation et de criminalisation.

L'artiste Mary Joyce a ensuite présenté son oeuvre « À la défense de l'hôpital » qui dépeint une mère palestinienne en action pendant la deuxième Intifada pour tenir les forces israéliennes éloignées de l'hôpital pour que les enfants blessés puissent être soignés.

Judith Ann Gale de Bear Claw a parlé avec passion de sa propre expérience et pourquoi elle a organisé pour défendre les sans-abris d'Edmonton, dont plusieurs sont des Autochtones. En plus d'organiser des actions en opposition au démantèlement violent des campements, et avoir contribué à faire tomber un règlement municipal visant à criminaliser encore davantage les sans-abris et les gens qui parlent en leur propre nom, Bear Claw organise la distribution d'aliments. Randa et Judith ont reçu le pain et le bouquet de roses traditionnels évoquant la chanson écrite en 1912 à l'époque de la grève des travailleuses du textile à Lawrence, au Massachusetts.

Cynthia Palmaria de Migrante a parlé de la lutte pour un Statut pour toutes et tous et de la régularisation des travailleurs sans papier. Elle a informé de la lutte pour défendre le droit de tous les enfants à l'éducation et que des écoles avaient commencé à exiger la production de documents faute de quoi les enfants ne pourront aller à l'école. Jan Ness a parlé de la pauvreté et de la marginalisation imposée au peuple ayant des handicaps et qui dépendent du programme de l'organisme des services sociaux et la lutte pour la dignité et la sécurité.

La dernière personne à parler était Peggy Morton du PCC(M-L) qui a résumé les points communs sortant de la discussion, dont celui que les femmes savent ce dont les femmes ont besoin pour elles, leurs enfants, leurs familles, les travailleurs, la société et le monde. Ce qui manque est le pouvoir décisionnel, la pouvoir politique dans les mains du peuple. Les cercles dirigeants font tout pour détruire la discussion politique et contrôler l'ordre du jour. Nos forums et nos discussions sont très importants en ce moment, puisqu'ils sont un endroit où tout le monde peut parler librement et où nous pouvons établir quelles prises de position sont favorables au peuple et comment il faut procéder. Ce n'est pas Joe le génocidaire ni les oligarques mondiaux qui sont décisifs, mais les peuples du monde.

Le 10 mars, la météo était particulièrement clémente pour ce temps de l'année alors que des femmes se sont rassemblées une fois de plus pour la marche annuelle de la Journée internationale des femmes que l'organisation Pour les droits et l'habilitation des femmes organise depuis 2011, avec des oratrices et une marche enthousiaste sur l'avenue Whyte à partir du campus de l'Université de l'Alberta jusqu'au parc Gazebo. Plusieurs des participantes sont ensuite allées au parc Tipton, quelques rues plus loin, pour participer à la marche hebdomadaire pour Gaza, à laquelle près de 1000 personnes ont participé.



Cet article est paru dans
Logo
Volume 54 Numéro 20 - 21 mars 2024

Lien de l'article:
https://cpcml.ca/francais/Lml2024/Articles/LS542015.HTM


    

Site web :  www.pccml.ca   Courriel :  redaction@pccml.ca