Un statut pour toutes et tous

Actions pancanadiennes pour exiger le statut de résident permanent pour toutes les personnes sans-papiers


Toronto, 16 mars 2024

Les 16 et 17 mars, d'un océan à l'autre, des travailleurs ont organisé des actions militantes dans huit villes pour affirmer les droits de toutes et de tous et exiger du gouvernement fédéral qu'il respecte son engagement de régulariser le statut de toutes les personnes sans papiers qui remplissent une condition de résidence de base, en leur accordant le statut de résident permanent. Ces actions ont été lancées par le Réseau des droits des migrants dans le cadre du Printemps des migrants, une série de manifestations, d'activités éducatives et d'actions qui se dérouleront avant l'été.

Les actions ont mis en lumière l'engagement pris par le ministre de l'Immigration, Marc Miller, le 14 décembre 2023, de présenter au Cabinet au printemps 2024 une proposition de programme de régularisation « large et complet » pour les personnes au Canada qui sont sans papiers. Un engagement antérieur de décembre 2021 pour un programme de régularisation indique les tergiversations continues du gouvernement Trudeau sur cette question importante. Depuis, des dizaines de milliers de personnes ont été déracinées et expulsées, bien que nombre d'entre elles soient des travailleurs qui ont fourni des services essentiels pendant la pandémie. Par ces actions les travailleurs ont affirmé que personne ne peut être considéré comme illégal, que les travailleurs ne peuvent être traités comme des produits jetables et ont rejeté les divisions qui montent les travailleurs les uns contre les autres. Ils ont dénoncé le fait que le statut d'immigrant et la citoyenneté reposent sur une base archaïque qui prive le peuple de son mot à dire. Les participants à ces actions ont également souligné le rôle du Canada dans les agressions et les guerres menées par les États-Unis à l'étranger, qui contribuent aux déplacements et aux migrations.

Cette situation souligne que les travailleurs ne peuvent compter que sur leurs propres positions et actions pour défendre les droits de toutes et de tous et pour que les travailleurs puissent affirmer leurs revendications à la société. Il s'agit de savoir ce qui est nécessaire pour mettre en place des arrangements prosociaux qui répondent aux besoins du peuple, et non aux considérations de l'élite dirigeante et des intérêts privés, qui décident des questions de vie et de mort en matière d'immigration et de demandes d'asile sur la base de calculs intéressés et pragmatiques, tandis que les gens sont censés implorer la pitié.

Montréal

Lors de l'action du 16 mars à Montréal, Solidarité sans frontières et le Centre des travailleurs immigrants (CTI) ont tenu une manifestation devant la station de métro Parc. Environ 150 personnes déterminées, avec pancartes et bannières, ont participé à l'événement, parmi elles des minorités nationales originaires de l'Inde, des Philippines, d'Afrique, des Amériques.

« Nous attendons depuis près de trois ans le programme de régularisation promis par le gouvernement Trudeau, a déclaré une représentante du CTI. Cependant, il n'arrive pas selon les termes que nous avons demandés [...] un programme de régularisation accessible et [...] sans exclusions, pour tout le monde. Nous demandons également au Québec d'accepter et d'être partenaire d'un tel programme de régularisation. »

Elle a également demandé au gouvernement canadien de « cesser de soutenir l'impérialisme et le colonialisme [partout] dans le monde. Nous pouvons penser au Mexique et à d'autres pays d'Amérique latine où les conglomérats miniers canadiens exploitent les peuples [...] les travailleurs [et] la terre. [...] Et bien sûr, ces sociétés minières provoquent aussi des déplacements de populations qui poussent les gens à migrer.

« Aujourd'hui, alors que nous marchons pour un programme de régularisation, nous pensons aussi au Congo, [...] au Yémen, et [...] à la Palestine. » La représentante du CTI a appelé à « une Palestine libre », ce qui « signifie la fin de l'apartheid [...] un cessez-le-feu immédiat » et la fin de l'envoi d'armes à Israël par le gouvernement canadien.

Une jeune organisatrice de PINAY Québec (une association de travailleurs domestiques des Philippines) et membre de Migrante Québec a déclaré : « Nous parlons aujourd'hui au nom de ceux qui fuient le pillage et l'agression impérialistes [...] au nom de ceux qui sont victimes d'abus sur leur lieu de travail et de discrimination dans cette société [...] qui sont confrontés à la détention et à la déportation. Aujourd'hui, en cette journée du printemps des migrants, nous disons : « Ne fuyez plus, ne vous cachez plus. » Aujourd'hui, nous lançons le cri « Arrêtez les abus ! Arrêtez la discrimination ! Arrêtez les détentions et les expulsions ! » Elle a ajouté : « Nous sommes des personnes ! Nous ne sommes pas illégaux ! »

« Je viens d'une famille de migrants. Ma mère est venue ici en tant qu'aide familiale. Après des années de séparation, toute notre famille l'a finalement rejointe. Je sais que ma mère a connu des difficultés en tant que travailleuse migrante au Québec.

« Nous connaissons des travailleurs qui fuient des employeurs abusifs et qui finissent par perdre leur statut [...] des travailleurs migrants de notre communauté qui souffrent d'un endettement massif dû au trafic de main-d'oeuvre, à l'exploitation de recruteurs illégaux, de consultants sans scrupules et d'avocats bourgeois. De nombreux migrants au statut précaire dans ma communauté sont confrontés à des abus physiques, mentaux et sexuels et n'ont aucun recours. Beaucoup de celles qui tombent malades ou tombent enceintes n'ont pas accès à des soins de santé adéquats. Et pourtant, nous restons les boucs émissaires des maux de cette société. Des boucs émissaires pour le manque de logements [...] le chômage et un système d'immigration défaillant [...] la perte de la culture et de la langue. C'est bien pratique de parler ainsi après avoir pillé notre économie et soutenu des dictateurs dans notre pays ! »

La jeune organisatrice de PINAY Québec a également raconté comment ceux qui immigrent au Canada sont également déstabilisés, en se voyant refuser le soutien ou la reconnaissance de leur culture. Elle a raconté que le Canada profite des arrangements semi-féodaux et semi-coloniaux des Philippines pour exploiter ceux qui cherchent un avenir meilleur en venant au Canada.

« Je suis ici aujourd'hui pour rendre justice à cet avenir. Il ne suffit pas de travailler dur [...]. Nous devons nous battre pour cet avenir. Il s'agit d'une vision où les travailleurs comme nous jouissent de la dignité et de la justice. Ce doit être un avenir où l'exploitation capitaliste n'existe plus, où le pillage et la guerre impérialistes n'existent plus, où la justice climatique sauve le monde de la cupidité capitaliste et de la destruction de l'environnement. Luttons pour un monde où les déplacements massifs de populations dus à ces facteurs cessent. Luttons pour un avenir où les travailleurs ne seront plus jetables. Notre demande de régularisation n'est pas simplement un appel au Canada pour qu'il nous accueille. C'est un appel à la justice pour la classe ouvrière. C'est un appel à opposer une résistance. »

Peu après, la foule est descendue dans la rue pour sensibiliser le voisinage à la situation des migrants au Québec et au besoin immédiat d'un programme de régularisation pour un statut pour toutes et tous !



16 mars 2024

Toronto

À Toronto, plus de 1 000 personnes de diverses organisations de défense des droits des migrants et leurs alliés se sont rassemblés à Christie Pits pour entendre des orateurs, dont certains sans statut, exiger que le gouvernement Trudeau tienne sa promesse de régulariser le statut des travailleurs migrants au Canada, promesse faite en décembre 2021. Il a été souligné que, loin de tenir cette promesse, le gouvernement Trudeau a augmenté les expulsions de plus de 104 % au cours de l'année écoulée.

Les manifestants ont marché de Christie Pits à la rue Bloor jusqu'au bureau de circonscription de la vice-première ministre Chrystia Freeland en scandant des slogans comme « Un statut pour tous ! », « Nous voulons la justice ! », « Arrêtez les expulsions ! » et d'autres encore.

À mi-parcours, Syed Hussan, directeur exécutif de l'Alliance des travailleurs migrants pour le changement, a parlé de la lutte politique en cours pour obtenir un statut pour tous malgré les subterfuges des libéraux de Trudeau qui continuent d'appliquer une politique d'immigration raciste visant à recruter des travailleurs étrangers temporaires pour les riches et leurs entreprises, afin qu'ils soient exploités et abusés, puis simplement renvoyés chez eux une fois leur contrat terminé. Pendant ce temps, les travailleurs qui restent au Canada sans statut parce que leurs familles restées au pays ont besoin d'un soutien financier sont confrontés à la menace quotidienne d'une expulsion, bien qu'ils soient qualifiés d'« essentiels ».

Syed Hussan a également souligné le traitement réservé au peuple palestinien. Il a noté que le programme de visa temporaire (TVP) annoncé par le Canada le 9 janvier pour accélérer le traitement des demandes de jusqu'à 1 000 Palestiniens vivant à Gaza et ayant des liens familiaux au Canada, n'a traité que 23 demandes à ce jour et qu'aucun Gazaoui n'est encore arrivé au Canada. Il a comparé le traitement du peuple palestinien à celui des réfugiés ukrainiens, dont un million de demandes ont été accélérées et qui ont reçu des subventions de l'État pour les aider à s'installer au Canada, qualifiant cela d'exemple flagrant de racisme.

Un jeune Palestinien nommé Saleem, qui a perdu 43 membres de sa famille dans le génocide, a parlé des immenses difficultés auxquelles est confrontée la population assiégée de Gaza. Il a fait remarquer que la procédure de demande pour ceux qui souhaitent venir au Canada par le biais du programme TVP a été rendue extrêmement compliquée, les demandeurs devant fournir des informations inédites par le passé. M. Saleem a souligné que la solidarité du peuple canadien à l'égard de la juste cause du peuple palestinien a été d'une grande importance dans la lutte pour sa patrie.

La marche s'est terminée au bureau de Chrystia Freeland, où les participants ont occupé l'intersection de Bloor et Spadina, où d'autres discours ont été prononcés pour réclamer justice et protection pour tous les travailleurs migrants et les réfugiés, ainsi qu'un statut pour tous, afin que chacun puisse vivre dans la dignité et la sécurité.


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Volume 54 Numéro 20 - 21 mars 2024

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