«Je suis un sioniste», répète sans cesse le président américain

– Hilary LeBlanc –


Manifestation contre la visite de Joe Biden à New York le 7 février 2024

Le 26 février, le président des États-Unis Joe Biden a une nouvelle fois souligné qu'il était sioniste. C'est la troisième fois qu'il le fait. Il dit aux sionistes, et au monde entier, que les États-Unis soutiennent et financent les forces les plus réactionnaires, racistes et rétrogrades d'Israël et qu'ils en sont fiers. Il a également fait appel aux non-juifs : « Il n'est pas nécessaire d'être juif pour être sioniste. Je suis sioniste. »

Joe Biden a tenu ces propos lors de son passage à l'émission Late Night with Seth Meyers. Il a réitéré cette même déclaration à plusieurs reprises, notamment le 23 octobre 2023, puis en décembre. Cette fois-ci, il fait cette déclaration à l'heure où le génocide américano-sioniste produit des crimes sur une échelle inégalée.

Pourquoi se proclamer sioniste maintenant, alors que le monde entier s'oppose au génocide meurtrier et à l'impunité des sionistes israéliens ? Le président américain assure les sionistes, aux États-Unis et en Israël, que les États-Unis continueront de les soutenir militairement et financièrement. Il déclare que le diktat et les opinions réactionnaires racistes des sionistes – y compris envers les juifs qui s'opposent au sionisme – et la demande des sionistes de criminaliser tous ceux qui critiquent l'État d'Israël au moyen de lois antiterroristes, bénéficient du soutien total de l'État américain, de sa police et de ses tribunaux.

Alors que de plus en plus de juifs et de personnalités dont les familles ont souffert de l'holocauste de la Deuxième Guerre mondiale en Europe s'élèvent contre les horreurs infligées aux Palestiniens par les États-Unis et Israël, les prises de position « Pas en notre nom ! » et l'appel à un cessez-le-feu immédiat indiquent clairement la position des peuples des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de tous les pays du monde. Ils sont de plus en plus nombreux à s'opposer aux sionistes, une force réactionnaire qui ne représente ni les juifs, ni les Israéliens, ni leur religion.

Le soutien de Joe Biden aux tentatives de qualifier ceux qui s'opposent au sionisme d'antisémites ou d'adeptes de la « haine » ne peut effacer l'image des enfants affamés de Gaza. Son soutien aux efforts des forces prosionistes aux États-Unis, comme l'American Israel Public Affairs Committee (AIPAC) et la Ligue anti-diffamation (ADL), pour obtenir des accusations de « crime de haine » et de « terrorisme » contre les manifestants qui soutiennent la Palestine, ne fera que discréditer davantage la démocratie américaine. Il s'agit notamment de qualifier d'ennemis de l'État, de « terroristes », ceux qui ont bloqué des ponts et des autoroutes et mobilisé les étudiants sur de nombreux campus, afin qu'ils soient arrêtés et poursuivis en justice. En tant que sioniste, Joe Biden affirme son soutien à ces atteintes brutales au droit d'expression, de réunion et de conscience. Il demande aux juifs et aux non-juifs de défendre le sionisme, en dépit des actes de génocide que commet le sionisme israélien sous les yeux du monde entier.

Projets américains et visite de Benny Gantz,
membre du cabinet de guerre israélien

En disant qu'il est sioniste, Joe Biden indique également que ce sont les sionistes et leur occupation de la Palestine qu'il soutient, et pas nécessairement l'actuel premier ministre Benjamin Netanyahou. Dans la même entrevue avec Seth Meyers, il affirme que si Israël continue « avec ce gouvernement incroyablement conservateur, et [le ministre de la Sécurité nationale Itamar] Ben Gvir et d'autres, ils vont perdre le soutien du monde entier, et ce n'est pas dans l'intérêt d'Israël ». Ces commentaires ont été suivis de la visite, contre la volonté du premier ministre, du membre du cabinet de guerre israélien Benny Gantz à la Maison-Blanche le 4 mars. Ce dernier est un général à la retraite qui a été à la tête des Forces de défense israéliennes (FDI) et qui soutient le génocide actuel contre la Palestine. Il est soutenu et promu par l'AIPAC.

Benny Gantz s'est entretenu avec la vice-présidente Kamala Harris. Celle-ci a réitéré « l'engagement inébranlable des États-Unis envers la sécurité d'Israël ». Elle a réitéré l'appel de Joe Biden à un « cessez-le-feu immédiat de six semaines » et à une « augmentation de l'aide humanitaire dans tout Gaza ». Elle a ajouté qu'il y a « une fenêtre » qui s'ouvre en ce moment et qu'elle souhaite que « ce conflit prenne fin le plus tôt possible ».

Benny Gantz a également rencontré le secrétaire d'État Antony Blinken. Un porte-parole du département d'État affirme que Blinken a insisté sur la nécessité de « faire parvenir de l'aide de toute urgence, dès que possible », affirmant que les conditions étaient « horribles » et dénonçant les ministres israéliens qui bloquent l'aide. Il a ajouté que Blinken a demandé à Israël d'ouvrir un autre point de passage vers Gaza, ce à quoi Netanyahou s'est opposé. Il a indiqué que le secrétaire d'État s'est engagé directement auprès de ses homologues israéliens à faire en sorte que cela se produise et que ces engagements incluent une rencontre entre Anthony Blinken et Benny Gantz. Les États-Unis contournent ouvertement le premier ministre Netanyahou et manoeuvrent avec d'autres, comme Gantz, pour garantir la poursuite de l'occupation de la Palestine aux conditions des États-Unis.

Quelques jours plus tôt, le 1er mars, le Council on Foreign Relations, un groupe de réflexion influent sur les affaires étrangères pour les dirigeants américains, a publié un article de l'ancien premier ministre israélien Ehud Barak appelant à des élections anticipées. Dans l'article intitulé : « Israël doit décider où il va – et qui doit l'y conduire », Ehud Barak écrit que le gouvernement israélien fait preuve d'une « incompétence stratégique stupéfiante et d'un vide étonnant au niveau de la direction ». Il a appelé à des élections en juin, mentionnant spécifiquement Benny Gantz : « Yair Lapid (l'homme politique qui dirige le principal parti d'opposition) et Benny Gantz et Gadi Eisenkot (les généraux à la retraite qui étaient devenus des opposants politiques de Netanyahou avant d'accepter de servir dans son cabinet de guerre d'urgence après le 7 octobre) devraient appeler à des élections générales qui se tiendraient au plus tard en juin 2024. » Les médias israéliens rapportent que si les élections avaient lieu maintenant, le parti de l'Unité nationale de Gantz l'emporterait sans doute.

Tous ces éléments indiquent que les États-Unis considèrent que la poursuite de l'occupation de la Palestine, tout en essayant de donner l'impression de se préoccuper de l'aide humanitaire, peut être mieux réalisée avec Gantz. La « fenêtre » à laquelle fait référence la vice-présidente comprend les élections américaines. L'objectif n'est pas de mettre un terme au génocide et d'assumer la responsabilité de ces crimes, mais de maintenir l'occupation de la Palestine, tout en donnant à Joe Biden un moyen de contrer l'opposition croissante aux crimes américains.

Cela est d'autant plus nécessaire que de nombreux rapports soulignent qu'en se proclamant sioniste, Joe Biden se déclare aussi ouvertement raciste et partisan du nazisme. Même un survol rapide de l'histoire du sionisme, font-ils remarquer, montre que les sionistes les plus éminents étaient des collaborateurs des nazis, y compris lorsqu'ils ont envoyé des juifs dans les camps de la mort en concluant des accords avec les nazis pour sauver ceux qui étaient pressentis pour aller en Palestine. On peut également citer la résolution 3379 de l'Assemblée générale des Nations unies, adoptée le 10 novembre 1975, qui stipule que « le sionisme est une forme de racisme et de discrimination raciale ». En effet, le sionisme est également une forme de racisme dans la mesure où il a joué un rôle majeur dans la promotion de la notion de « peuple élu », des êtres supérieurs à tous les autres. Le sionisme a été un projet colonial dès le départ, sa nature raciste faisant partie intégrante de l'utilisation de la force pour coloniser la Palestine.

Joe Biden affirme que l'ordre mondial demandé par les États-Unis est un ordre fait de racisme, d'inégalités et de supériorité de l'État américain, dont le diktat et l'impunité reposent sur l'adoption d'un point de vue sioniste.


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Volume 54 Numéro 17 - 12 mars 2024

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