Le Canada rétablit le financement de l'Office de secours et de travaux des Nations unies

– Barbary Biley –

À la suite des appels lancés par les Canadiens dans de grandes manifestations, des pétitions et des lettres aux élus d'un océan à l'autre ainsi que par les syndicats, les organisations humanitaires et autres, Ahmed Hussen, le ministre du Développement international, a annoncé le 8 mars que « le Canada allait lever la suspension temporaire du financement octroyé à l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) ». L'annonce de la levée de la suspension du financement a été faite lors d'une conférence de presse à Mississauga et dans un communiqué de presse d'Affaires mondiales Canada le même jour.

Emboîtant le pas aux États-Unis, le Canada a annoncé sa décision de suspendre le financement de l'UNRWA le 26 janvier, le jour même où la Cour internationale de justice (CIJ) a émis da décision que tous les signataires de la Convention pour la prévention et la répression du crime du génocide de l'ONU doivent tout faire pour empêcher Israël de commettre un génocide et demander la livraison immédiate de l'aide humanitaire à Gaza. Le gouvernement prétendait qu'il agissait sur la base des allégations d'Israël comme quoi 12 des 30 000 membres du personnel du l'UNRWA étaient impliqués dans l'opération Déluge al-Aqsa le 7 octobre 2023. Ni à ce moment-là, ni maintenant, le Canada n'a reçu de preuve venant appuyer ces allégations. Quatre jours plus tard, le 30 janvier, Affaires mondiales Canada a annoncé un financement de 40 millions de dollars à d'autres agences, dont le Programme alimentaire mondial, UNICEF, le Fonds des Nations Unies pour la population, l'Organisation mondiale de la santé, le Comité international de la Croix-Rouge et Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies – toutes des agences qui dépendent de l'infrastructure de l'UNRWA à Gaza. Un autre 5 millions de dollars a été alloué à « des organisations partenaires non gouvernementales canadiennes qui ont de l'expérience ». Aucune autre précision n'a été fournie.

Le définancement de l'UNRWA a été condamné partout dans le monde comme une violation du droit international, y compris de la décision de la CIJ du 26 janvier, et comme un ajout cruel à la privation de nourriture, d'eau, de médicaments et des autres nécessités de la vie pour le peuple de Gaza.

Le 4 mars, l'Assemblée générale de l'ONU a discuté de la situation à Gaza et du travail essentiel de l'UNRWA dans le cadre de ce qu'ONU Info a appelé un débat houleux sur le veto des États-Unis lors du dernier projet de résolution au Conseil de sécurité appelant à un cessez-le-feu. Le commissaire général de l'UNRWA Philippe Lazzarini a pris la parole lors du débat à l'Assemblée générale et lors d'une conférence de presse. Il a dit que le 18 janvier il avait été informé par les autorités israéliennes que 12 des 30 000 membres du personnel de l'UNRWA auraient été impliqués dans l'opération Déluge al-Aqsa. Il a dit que « je n'ai reçu aucune information additionnelle depuis ce jour, mais en raison de la gravité des allégations, nous avons dû agir rapidement », qu'il avait mis fin aux contrats avec les membres du personnel en question et qu'une enquête était en cours, menée par le bureau onusien des services de contrôle interne (BSCI). ONU Info rapporte que le commissaire a dit à la presse : « Nous sommes dans une situation où règne une décision politique d'éliminer l'UNRWA », citant à cet effet les propos du premier ministre israélien qui a dit qu'il n'y avait « pas de place » pour l'UNRWA à Gaza ainsi que les tentatives d'empêcher le personnel d'entrer ou de les expulser des sites dans le but de démanteler l'agence. Il a aussi souligné que les efforts visant à éliminer l'UNRWA ne sont pas uniquement fondés sur le comportement de certains des membres de son personnel, mais qu'il avait un objectif politique, celui d'« éliminer le statut de réfugiés ».

Lors d'une interview à l'émission The House à CBC Radio le 9 mars, l'ambassadeur du Canada aux Nations unies Bob Rae a dit que cette décision ne devrait pas être interprétée comme étant une « exonération » de l'UNRWA. Il a reconnu que l'enquête de l'ONU sur les allégations que des membres du personnel de l'UN avaient été impliqués dans l'opération Déluge al-Alqsa n'avait permis que de publier un rapport partiel.

Il a dit : « Le secrétaire général [de l'ONU] a écrit au gouvernement d'Israël à la fin de janvier demandant son entière coopération avec l'équipe d'enquête de l'ONU et, jusqu'ici, le gouvernement israélien n'a partagé aucune information détaillée concernant les allégations sur les douze employés. Nous avons décidé que cela prenait beaucoup de temps. Nous ne pouvons plus attendre en raison de la situation sur le terrain. Les enfants meurent de faim. Les gens meurent. Il n'y a pas assez de nourriture qui entre à Gaza. C'est cela qui doit être prioritaire, même pour Israël. »

Ainsi le Canada continue d'appuyer Israël de façon éhontée dans sa guerre génocidaire contre le peuple palestinien en prenant part aux attaques contre l'UNRWA, minant l'autorité et le travail même de l'UNRWA et continuant d'envoyer des armes en Israël tout en versant des larmes de crocodiles pour les enfants qui meurent de faim à Gaza mais refusant de tenir Israël pour responsable.

(Avec des informations de CBC, ONU Info)


Cet article est paru dans
Logo
Volume 54 Numéro 17 - 12 mars 2024

Lien de l'article:
https://cpcml.ca/francais/Lml2024/Articles/LS54174.HTM


    

Site web :  www.pccml.ca   Courriel :  redaction@pccml.ca