Le Canada doit rendre des comptes pour sa participation aux crimes de guerre et au génocide américano-israélien

– Pauline Easton –

Les grandes manifestations qui ont lieu au Canada et dans le monde entier pour réclamer la fin de la guerre génocidaire d'Israël contre la population de Gaza, un cessez-le-feu immédiat et la fin du soutien militaire à Israël ont créé une situation telle que les politiciens des partis cartellisés sont maintenant obligés de sortir de leur silence et de prendre position, faute de quoi ils perdront toute crédibilité. À cet égard, le 18 mars la Chambre des communes débattra d'une motion présentée par le NPD qui demande au gouvernement canadien, entre autres, d'exiger un cessez-le-feu immédiat, de maintenir le financement de l'UNRWA, de suspendre tout commerce de biens et de technologies militaires avec Israël et d'exiger un accès humanitaire sans entrave à Gaza. Vingt-sept députés néo-démocrates de la province de l'Ontario ont écrit au premier ministre Trudeau pour lui faire part des mêmes exigences. À la Chambre des communes le 27 février, le député vert Mike Morrice a demandé au gouvernement Trudeau de rétablir le financement de l'UNRWA, d'appeler Israël à respecter la décision de la Cour internationale de justice et de mettre fin à toutes les exportations militaires à destination d'Israël.

Il s'agit d'un développement positif dans une situation où les partis au Parlement agissent comme un cartel auquel chacun collabore pour rester au pouvoir et où les partis et les députés sont soumis à des pressions pour ne pas rompre les rangs et demander des comptes au gouvernement. Le fait que de plus en plus de politiciens s'expriment et que le NPD ait présenté cette motion est dû à la force de la résistance, à la justesse de la cause et à la force du mouvement de masse en faveur du droit d'être de la Palestine.

L'intransigeance du gouvernement et son soutien continu aux crimes d'Israël sont facilités par les institutions dites démocratiques et les médias monopolisés qui les protègent de toute obligation de rendre compte de leurs actes. Pour ce faire, ils désinforment l'opinion publique, créent des diversions et amènent les députés et les experts à réagir à ces diversions. Par exemple, le fait que, par principe, le peuple palestinien ait le droit à l'autodétermination et qu'aucune puissance étrangère ne doive s'ingérer dans ses affaires internes et son droit de décider ne guide pas la discussion sur les solutions d'État à venir. Autre exemple, le fait qu'Israël est une puissance occupante a des ramifications qui ne sont pas discutées. Le droit international qui rend légitime la résistance à l'occupation n'est pas abordé. Les conséquences des décisions du Canada, telles que l'arrêt du financement de l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), ne sont pas discutées.

Le Canada doit être appelé à rendre compte de sa décision de couper les fonds à l'UNRWA, sachant pertinemment que l'UNRWA est une organisation humanitaire qui fournit l'infrastructure nécessaire pour la distribution de l'aide humanitaire à la population de Gaza occupée et aussi les infrastructures pour les écoles, les hôpitaux, les universités, les camps de réfugiés, sans lesquelles la vie n'est pas possible. Lorsque des pays comme les États-Unis, le Canada, la France et d'autres décident de larguer des approvisionnements par avion à Gaza, non seulement ils mettent en danger la vie de la population lorsque ces approvisionnements tombent sur eux ou qu'ils doivent aller les récupérer en mer, mais qui plus est, ils font de chaque Palestinien un individu qui doit se débrouiller seul, sans structure sociale sur laquelle s'appuyer. C'est criminel et c'est fait à dessein. L'UNRWA fournit cette infrastructure sociale sur laquelle les gens comptent et il a accompli un excellent travail depuis qu'il a été créé en tant qu'organe subsidiaire de l'Assemblée générale des Nations unies le 8 décembre 1949 et qu'il est devenu opérationnel le 1er mai 1950. Il n'a pas son pareil pour mener à bien sa mission humanitaire, avec les dirigeants et les forces les plus engagés sur le terrain.

Si le Canada était le moindrement motivé par des préoccupations humanitaires, il prendrait toutes les mesures nécessaires pour empêcher Israël d'entraver l'acheminement de l'aide par le point de passage de Rafah et il condamnerait l'assassinat de travailleurs humanitaires, de personnel médical et de journalistes et cesserait de tergiverser comme s'il n'y avait pas de mal à ce que l'on dise que ce n'est pas intentionnel. Le 8 mars, la ministre des Affaires étrangères d'Afrique du Sud, Naledi Pandor, a proposé que les présidents ou les premiers ministres des pays alliés d'Israël donnent l'ordre à leurs armées d'escorter les convois humanitaires actuellement bloqués à la frontière de Rafah vers Gaza. Elle a déclaré qu'elle pensait qu'avec le soutien de ces « amis proches d'Israël », les convois pourraient entrer en toute sécurité. Mais l'objectif du Canada et des « proches alliés » d'Israël n'est pas le bien-être de la population de Gaza, mais son évacuation ou son anéantissement. Cela explique pourquoi ils ne prennent pas de mesures décisives pour lutter contre la famine et que beaucoup soupçonnent les États-Unis de mettre en place un quai temporaire sur la côte de Gaza afin d'encourager les Gazaouis à quitter leur pays. Un tel quai ne sera pas prêt à temps pour sauver la population de la famine, mais les États-Unis sont assez cyniques pour penser que les Palestiniens abandonneront leur patrie si la situation devient suffisamment grave. Quand est-ce assez pour les monstres qui font de tels calculs ?

Il est impossible de pardonner ce que le Canada fait ou tente de justifier. Le gouvernement a traîné le nom du Canada dans la boue et rien de ce qu'il fera ne le rétablira tant que le peuple ne se donnera pas lui-même les moyens de le rétablir.

Les élites canadiennes sont hypnotisées par le son de leur propre voix, affirmant que tout ce qu'elles font vise à défendre ce qu'elles appellent les valeurs canadiennes, les droits de la personne, la démocratie et la liberté. Mais leur crédibilité en tant que gouvernements et partis formant le gouvernement, censés représenter le peuple du Canada et du Québec, est nulle. Il est temps que d'autres députés disent ce que leur conscience leur dicte. Le silence de la majorité d'entre eux ne sera pas pardonné, quelles que soient les excuses.

Le Canada dispose de nombreuses options pour arrêter Israël. Il peut dénoncer les agissements d'Israël plutôt que de l'encourager à continuer tout en demandant que le génocide soit fait « avec humanité ». Il peut cesser de fournir de l'armement à Israël et d'accueillir des marchands d'armes israéliens au Canada. Il peut cesser de protéger Israël sur le plan diplomatique, y compris à l'ONU où Israël a violé la résolution fondatrice de l'ONU et mérite d'être suspendu. Il peut faire arrêter ceux qui, au Canada, continuent de vendre des terres pour les colonies illégales de Cisjordanie. Il peut enquêter sur les Canadiens qui rejoignent les Forces de défense israéliennes (FDI) pour crimes de guerre, conformément à la décision de la Cour internationale de justice (CIJ). Il peut exiger la fin de l'occupation israélienne de Gaza et de la Cisjordanie et le départ de tous les colons et de toutes les colonies sur les terres palestiniennes et défendre le droit des Palestiniens à l'autodétermination et au retour.

Non, c'est non ! Non à l'occupation !
Non aux activités génocidaires d'Israël !
Un cessez-le-feu maintenant ! L'aide humanitaire maintenant !


Cet article est paru dans
Logo
Volume 54 Numéro 17 - 12 mars 2024

Lien de l'article:
https://cpcml.ca/francais/Lml2024/Articles/LS54172.HTM


    

Site web :  www.pccml.ca   Courriel :  redaction@pccml.ca