L'art en tant que résistance
Action artistique au studio de culture visuelle contemporaine Latititude 53 à Edmonton
Un samedi bien rempli à Latitude 53
Une exposition d'art digne d'être célébrée a ouvert ses portes à Latitude 53 Contemporary Visual Culture à Edmonton le 10 février et se poursuit jusqu'au 16 mars dans un nouvel espace au centre-ville sur la 100e rue. Il s'agit d'une action de groupe composée d'oeuvres de plusieurs artistes centrée sur les mouvements de résistance qui occupent actuellement les rues d'Edmonton et du monde entier.
Latitude 53 est l'une des plus anciennes sociétés d'artistes
autogérées du pays. Elle a ouvert ses portes en 1973 grâce au
financement du Conseil des arts du Canada, après avoir été créée
en 1971 à l'initiative de deux artistes d'Edmonton :
Sylvain Voyer et Harry Savage. Le groupe de jeunes artistes qui
dirige aujourd'hui l'atelier a transformé un problème en une
brillante initiative d'immédiateté, utilisant l'incertitude
associée à un récent déménagement de galerie pour exposer des
oeuvres d'art en soutien aux vigoureux mouvements de résistance
actuellement visibles dans la ville. Ne manquez pas de demander
la brochure indispensable « Let It Bring_____ » (« Que cela
apporte_____ »).
L'immédiateté de cette action artistique s'associe à une collectivité artistique inhabituelle où l'oeuvre est conçue par tous les membres du personnel. L'impression de découverte brute directement sortie des ateliers est renforcée par la présence d'un métier à tisser, d'un poste de sérigraphie et d'un poste d'écriture prêts à l'emploi. Le samedi après-midi, les artistes invitent le public à venir tisser, réaliser des sérigraphies, écrire des lettres et des cartes postales aux autorités au nom des mouvements de résistance.
Sur les murs, on trouve une magnifique sérigraphie, une grille de noeuds de keffiehs superposée à l'inscription : « Les peuples autochtones disent : l'occupation est un crime ». À côté, un énorme morceau de toile s'étend sur trois mètres sur le mur, sur le sol et sur un rouleau épais sur lequel sont inscrits, en écriture cursive, le nom des martyrs gazaouis du génocide, dont le nombre s'élève aujourd'hui à plus de 30 000. Ces deux oeuvres sont de l'artiste imprimeur Veronica Fuentes.
De l'autre côté de la pièce, les artistes textiles Fern Facette et Fatme Elkadry travaillent sur un métier à tisser à quatre arbres pour fabriquer une saya, une ceinture de soie rayée que Fatme portera avec la robe palestinienne brodée et cousue à la main de sa grand-mère. Sur le mur à côté d'elles se trouve une série en quatre parties d'études tissées à la main qui explorent une variété de textiles palestiniens traditionnels sous le thème « Tisser pour se réapproprier ».
Cette oeuvre est liée à une autre appelée « Les fils de la diaspora », des carrés de points de croix palestiniens, Tabriz, un projet global de la diaspora palestinienne lancé à l'initiative de l'Association culturelle Canada-Palestine d'Edmonton. L'association a déjà construit un mur massif de résistance à partir de petits carrés cousus dans le monde entier, et le projet se poursuit à l'échelle mondiale.
L'artiste Riaz Mehmood présente sa vidéo qui mêle les horribles vérités de l'occupation armée de l'Afghanistan par les États-Unis et le Canada à l'histoire affectueuse d'un gardien de pigeons dans son village natal qui libère des pigeons voyageurs lorsqu'il aperçoit un soldat américain, avertissant ainsi les habitants et, en particulier, son petit-fils. (Riaz Mehmood, Kawtaray/Pigeons 2020)
Deux grandes photographies sur papier glacé de Manpreet Singh, prises lors de manifestations pour la Palestine à Edmonton, avec des rafales de vent et des flocons de neige pris sur le vif, exprimant, malgré tout, la joie qu'évoque la beauté courageuse face à l'horreur du génocide.
L'exposition « Que cela apporte_____ » présente les oeuvres de Fils de la diaspora, Fatme Elkadry et Fern Facette, Veronica Fuentes, Ruthann Godollei, Riaz Mehmood et Manpreet Singh.
Latitude 53 explique dans sa brochure comment l'exposition a été conçue. « The Question of Funding Collective (QOF), un collectif d'artistes et de travailleurs culturels, a eu des entretiens avec le collectif Elitqa à Gaza sur le fait qu'au milieu de la destruction et du désespoir, les gens ont brûlé des toiles et des cadres de la galerie pour se réchauffer. QOF pose la question : Qu'est-ce que l'art à l'heure du génocide ?
« Latitude 53 répond en présentant le travail d'artistes palestiniens locaux et d'artistes solidaires qui s'expriment sur l'expérience du déplacement. Qu'il s'agisse du génocide en cours en Palestine ou des campements de sans-abri qui se multiplient localement, nous nous tournons vers l'art pour résister à l'effacement et soutenir nos communautés.
« Le titre 'Que cela apporte____' rend hommage au dernier poème du poète palestinien Refaat Alareer Si je dois mourir. »
Pour plus d'informations, consultez la brochure de l'exposition sur la page Facebook de Latitude 53 Contemporary Visual Culture. L'exposition se tient du 10 février au 16 mars au 10130 -100 St NW, Edmonton.
Cet article est paru dans
Volume 54 Numéro 17 - 12 mars 2024
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