Le recours à la loi antiterroriste des États-Unis contre les défenseurs de la libération de la Palestine
Des législateurs de Queens, dans l'État de New York, ont
présenté un projet de loi faisant du blocage des autoroutes et
des rues un acte de terrorisme intérieur. Le terme « rues » est
défini au sens large et inclut les voies d'accès, les trottoirs,
les allées et autres lieux où les gens peuvent manifester. Ce
projet de loi est une réponse directe aux nombreuses actions de
soutien à la Palestine à New York, au cours desquelles des
ponts, des tunnels et des rues ont été bloqués. Ces actions sont
largement soutenues par les New-Yorkais et ont joué un rôle
important dans la popularisation de la résistance palestinienne
et dans l'obtention d'un soutien à la demande d'un cessez-le-feu
immédiat.
La Floride tente également d'accuser les étudiants qui défendent
la Palestine de fournir un « soutien matériel » aux terroristes,
simplement pour avoir exprimé leur soutien à la résistance.
L'État de Géorgie fait de même pour ceux qui protestent contre
la construction de l'immense Cop City - un terrain
d'entraînement de la police pour la guerre urbaine.
Un récent livre blanc souligne
qu'aux États-Unis, au niveau fédéral, les lois permettant de
porter des accusations de terrorisme sont depuis longtemps
dirigées contre les Palestiniens et ceux qui les soutiennent. Le
document intitulé : Anti-Palestinian at the Core : The
Origins and Growing Dangers of U.S. Antiterrorism Law
(Anti-palestinien à la base : Les origines et les dangers
croissants de la loi antiterroriste des États-Unis) montre
comment les principales caractéristiques des lois
antiterroristes américaines ont été dictées dès le départ par
des ordres du jour antipalestiniens. Ces lois ont été promues
par les riches forces sionistes américaines et les groupes qui
leur sont associés, qui profitent des périodes de résistance
pour qualifier les Palestiniens de « terroristes », à l'heure où
les États-Unis et Israël se livrent à un terrorisme d'État et à
un génocide. Le document montre comment, au fil du temps, ces
mécanismes juridiques, façonnés par le soutien et le financement
d'Israël par les États-Unis, ont été étendus pour réprimer
d'autres mouvements de protestation, y compris ceux contre le
génocide américain à l'intérieur du pays, les meurtres par des
policiers, la protection de l'eau et de la terre contre les
oléoducs, et bien d'autres choses encore.
Un « livre blanc » est un rapport fondé sur des travaux de recherche qui donne une description ciblée d'un sujet complexe et présente le point de vue de l'auteur ou de l'organisme représenté par l'auteur. L'objectif d'un livre blanc est de permettre aux lecteurs de comprendre une question, ce qui les aide à résoudre un problème ou à prendre une décision. Un livre blanc diffère d'un rapport de recherche conçu pour simplement présenter des faits, des analyses et des résultats en invitant les lecteurs à prendre position.
Ce livre blanc souligne que depuis octobre 2023, il y a eu une recrudescence des tentatives de répression de la défense de la Palestine aux États-Unis, notamment des demandes d'utilisation des lois sur le terrorisme contre des militants étudiants. Ces efforts constituent une attaque dangereuse contre la liberté d'expression et d'association protégée par la Constitution. Ils représentent également l'aboutissement d'une campagne menée sur plusieurs décennies par des organisations proches des sionistes, dont la Ligue anti-diffamation (ADL), pour élargir la loi antiterroriste américaine afin de la retourner contre les défenseurs de la libération de la Palestine.
Au Canada également, la police politique liée aux services de renseignements du « Groupe des cinq » (États-Unis, Royaume-Uni, Canada, Australie et Nouvelle-Zélande), sous commandement américain, et au lobbying israélien au Canada même, cherche à caractériser les critiques d'Israël et le soutien à la juste cause du peuple palestinien comme étant de l'« antisémitisme », de la « haine » et du terrorisme. Leur objectif est également de faire modifier les lois afin de criminaliser les défenseurs d'une solution juste qui reconnaît les droits du peuple palestinien. La diffamation, les congédiements et la criminalisation impitoyables ont lieu en toute impunité, ce contre quoi les étudiants et les jeunes canadiens et américains, avec le soutien de personnes de tous les milieux, se battent courageusement.
Les éditeurs américains de ce livre blanc déclarent : « Il
est essentiel de raconter cette histoire maintenant pour
empêcher ceux qui cherchent à faire taire les défenseurs de la
cause palestinienne d'exploiter la crise actuelle, le génocide
israélien soutenu par les États-Unis. Face à une critique
populaire sans précédent d'Israël aux États-Unis, les groupes
alignés sur Israël travaillent sans relâche pour utiliser la loi
antiterroriste des États-Unis afin de criminaliser un mouvement
grandissant appelant à la justice en Palestine et pour isoler
encore plus les Palestiniens.
Ce document est également important aujourd'hui, étant donné
les attaques brutales des États-Unis, d'Israël, de la France, de
la Grande-Bretagne et d'autres pays contre les réfugiés, car il
montre que la loi antiterroriste des États-Unis est incorporée
aux lois anti-immigration. Par exemple, en 1990 le Congrès a
pour la première fois fait du terrorisme un motif officiel
d'exclusion et d'expulsion des États-Unis, par un amendement à
la loi sur l'immigration et la nationalité (Immigration and
Nationality Act). Comme le souligne le document, « la même loi
déclare également que tout 'officier, fonctionnaire,
représentant ou porte-parole' de l'OLP serait automatiquement
considéré comme se livrant à une activité terroriste ». Au cours
des décennies suivantes, le Congrès a considérablement élargi
les dispositions des lois sur l'immigration relatives au
terrorisme, en y ajoutant notamment le « soutien matériel » au
terrorisme, une accusation utilisée aujourd'hui contre des
étudiants et d'autres personnes.
Le document « retrace l'histoire d'un effort conjoint des
États-Unis et d'Israël pour réprimer l'opposition palestinienne
à la colonisation de la Palestine par Israël, qu'il s'agisse de
diplomatie, de lutte armée ou d'autres formes de protestation.
Les principales conclusions sont que la première mention du
'terrorisme' dans une loi fédérale, en 1969, portait
spécifiquement sur la restriction de l'aide humanitaire aux
Palestiniens et a inauguré une tendance à rendre les
Palestiniens synonymes de terrorisme. De plus, la première et
unique fois que le Congrès a qualifié un groupe non étatique
d'organisation terroriste, c'était dans une loi de 1987 visant
l'Organisation de libération de la Palestine (OLP). La
compréhension de ce contexte historique a des implications
stratégiques importantes pour les défenseurs qui cherchent à
s'opposer à cette nouvelle vague de répression
anti-palestinienne. »
Afin de mettre fin à l'utilisation et à l'élargissement des lois antiterroristes, ce livre blanc encourage les décideurs à :
- affirmer publiquement les droits constitutionnels des défenseurs de la Palestine contre les efforts malveillants visant à les affaiblir;
- rejeter les efforts visant à élargir les lois antiterroristes pour criminaliser la défense des droits des Palestiniens;
- cesser de traiter des organisations comme l'ADL comme des sources d'information crédibles sur ces questions.
Le document complet (en anglais) est disponible ici.
Cet article est paru dans
Volume 54 Numéro 17 - 12 mars 2024
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