Le recours à la loi antiterroriste des États-Unis contre les défenseurs de la libération de la Palestine

– Kathleeen Chandler –

Des législateurs de Queens, dans l'État de New York, ont présenté un projet de loi faisant du blocage des autoroutes et des rues un acte de terrorisme intérieur. Le terme « rues » est défini au sens large et inclut les voies d'accès, les trottoirs, les allées et autres lieux où les gens peuvent manifester. Ce projet de loi est une réponse directe aux nombreuses actions de soutien à la Palestine à New York, au cours desquelles des ponts, des tunnels et des rues ont été bloqués. Ces actions sont largement soutenues par les New-Yorkais et ont joué un rôle important dans la popularisation de la résistance palestinienne et dans l'obtention d'un soutien à la demande d'un cessez-le-feu immédiat.

La Floride tente également d'accuser les étudiants qui défendent la Palestine de fournir un « soutien matériel » aux terroristes, simplement pour avoir exprimé leur soutien à la résistance. L'État de Géorgie fait de même pour ceux qui protestent contre la construction de l'immense Cop City - un terrain d'entraînement de la police pour la guerre urbaine.

Un récent livre blanc souligne qu'aux États-Unis, au niveau fédéral, les lois permettant de porter des accusations de terrorisme sont depuis longtemps dirigées contre les Palestiniens et ceux qui les soutiennent. Le document intitulé : Anti-Palestinian at the Core : The Origins and Growing Dangers of U.S. Antiterrorism Law (Anti-palestinien à la base : Les origines et les dangers croissants de la loi antiterroriste des États-Unis) montre comment les principales caractéristiques des lois antiterroristes américaines ont été dictées dès le départ par des ordres du jour antipalestiniens. Ces lois ont été promues par les riches forces sionistes américaines et les groupes qui leur sont associés, qui profitent des périodes de résistance pour qualifier les Palestiniens de « terroristes », à l'heure où les États-Unis et Israël se livrent à un terrorisme d'État et à un génocide. Le document montre comment, au fil du temps, ces mécanismes juridiques, façonnés par le soutien et le financement d'Israël par les États-Unis, ont été étendus pour réprimer d'autres mouvements de protestation, y compris ceux contre le génocide américain à l'intérieur du pays, les meurtres par des policiers, la protection de l'eau et de la terre contre les oléoducs, et bien d'autres choses encore.

Un « livre blanc » est un rapport fondé sur des travaux de recherche qui donne une description ciblée d'un sujet complexe et présente le point de vue de l'auteur ou de l'organisme représenté par l'auteur. L'objectif d'un livre blanc est de permettre aux lecteurs de comprendre une question, ce qui les aide à résoudre un problème ou à prendre une décision. Un livre blanc diffère d'un rapport de recherche conçu pour simplement présenter des faits, des analyses et des résultats en invitant les lecteurs à prendre position.

Ce livre blanc souligne que depuis octobre 2023, il y a eu une recrudescence des tentatives de répression de la défense de la Palestine aux États-Unis, notamment des demandes d'utilisation des lois sur le terrorisme contre des militants étudiants. Ces efforts constituent une attaque dangereuse contre la liberté d'expression et d'association protégée par la Constitution. Ils représentent également l'aboutissement d'une campagne menée sur plusieurs décennies par des organisations proches des sionistes, dont la Ligue anti-diffamation (ADL), pour élargir la loi antiterroriste américaine afin de la retourner contre les défenseurs de la libération de la Palestine.

Au Canada également, la police politique liée aux services de renseignements du « Groupe des cinq » (États-Unis, Royaume-Uni, Canada, Australie et Nouvelle-Zélande), sous commandement américain, et au lobbying israélien au Canada même, cherche à caractériser les critiques d'Israël et le soutien à la juste cause du peuple palestinien comme étant de l'« antisémitisme », de la « haine » et du terrorisme. Leur objectif est également de faire modifier les lois afin de criminaliser les défenseurs d'une solution juste qui reconnaît les droits du peuple palestinien. La diffamation, les congédiements et la criminalisation impitoyables ont lieu en toute impunité, ce contre quoi les étudiants et les jeunes canadiens et américains, avec le soutien de personnes de tous les milieux, se battent courageusement.

Les éditeurs américains de ce livre blanc déclarent : « Il est essentiel de raconter cette histoire maintenant pour empêcher ceux qui cherchent à faire taire les défenseurs de la cause palestinienne d'exploiter la crise actuelle, le génocide israélien soutenu par les États-Unis. Face à une critique populaire sans précédent d'Israël aux États-Unis, les groupes alignés sur Israël travaillent sans relâche pour utiliser la loi antiterroriste des États-Unis afin de criminaliser un mouvement grandissant appelant à la justice en Palestine et pour isoler encore plus les Palestiniens.

Ce document est également important aujourd'hui, étant donné les attaques brutales des États-Unis, d'Israël, de la France, de la Grande-Bretagne et d'autres pays contre les réfugiés, car il montre que la loi antiterroriste des États-Unis est incorporée aux lois anti-immigration. Par exemple, en 1990 le Congrès a pour la première fois fait du terrorisme un motif officiel d'exclusion et d'expulsion des États-Unis, par un amendement à la loi sur l'immigration et la nationalité (Immigration and Nationality Act). Comme le souligne le document, « la même loi déclare également que tout 'officier, fonctionnaire, représentant ou porte-parole' de l'OLP serait automatiquement considéré comme se livrant à une activité terroriste ». Au cours des décennies suivantes, le Congrès a considérablement élargi les dispositions des lois sur l'immigration relatives au terrorisme, en y ajoutant notamment le « soutien matériel » au terrorisme, une accusation utilisée aujourd'hui contre des étudiants et d'autres personnes.

Le document « retrace l'histoire d'un effort conjoint des États-Unis et d'Israël pour réprimer l'opposition palestinienne à la colonisation de la Palestine par Israël, qu'il s'agisse de diplomatie, de lutte armée ou d'autres formes de protestation. Les principales conclusions sont que la première mention du 'terrorisme' dans une loi fédérale, en 1969, portait spécifiquement sur la restriction de l'aide humanitaire aux Palestiniens et a inauguré une tendance à rendre les Palestiniens synonymes de terrorisme. De plus, la première et unique fois que le Congrès a qualifié un groupe non étatique d'organisation terroriste, c'était dans une loi de 1987 visant l'Organisation de libération de la Palestine (OLP). La compréhension de ce contexte historique a des implications stratégiques importantes pour les défenseurs qui cherchent à s'opposer à cette nouvelle vague de répression anti-palestinienne. »

Afin de mettre fin à l'utilisation et à l'élargissement des lois antiterroristes, ce livre blanc encourage les décideurs à :

- affirmer publiquement les droits constitutionnels des défenseurs de la Palestine contre les efforts malveillants visant à les affaiblir;

- rejeter les efforts visant à élargir les lois antiterroristes pour criminaliser la défense des droits des Palestiniens;

- cesser de traiter des organisations comme l'ADL comme des sources d'information crédibles sur ces questions.

Le document complet (en anglais) est disponible ici.


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Volume 54 Numéro 17 - 12 mars 2024

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