La Palestine dans l'actualité

Les prochaines étapes seront décidées par le peuple palestinien

– Pauline Easton –

Les États-Unis, Israël et d'autres ne cessent de poser leurs conditions à la formation d'un État palestinien. Quoi qu'ils fassent ou disent, rien ne sera résolu sans que les Palestiniens ne décident eux-mêmes du but et des modalités de leur État et de son processus démocratique. Succomber à la pression des États-Unis qui se donnent le droit de décider qui peut et qui ne peut pas former le gouvernement d'un État palestinien, c'est accepter une répétition des Accords d'Oslo et la prémisse que l'Autorité palestinienne ne peut fonctionner que si elle accepte l'occupation israélienne. La fin de l'occupation est la condition sine qua non pour la résistance – une condition essentielle, absolument nécessaire.

Il faut mettre fin à l'occupation et les Palestiniens décideront eux-mêmes des prochaines étapes. La pression sur eux est qu'ils doivent permettre que leur intérêt national soit défini par les États-Unis et Israël. Ils n'ont pas le droit de remettre en question l'autorité des États-Unis et d'Israël en cette matière, sous peine d'être accusés de terrorisme, d'être déraisonnables et antidémocratiques. La vérité est que si le peuple palestinien, dans ses conditions de vie, devait accepter cette forme d'autorité et lui accorder un pouvoir légitime, cela entraverait à nouveau sa juste lutte pour l'autodétermination. C'est ce que révèle l'impunité actuelle, l'absence de pouvoir politique du peuple palestinien. Tout le discours que tiennent les États-Unis et le Canada sur l'avenir du peuple palestinien vise à désinformer la résistance et l'opinion publique mondiale. À cet égard, les peuples du monde ont le devoir de refuser toute ingérence étrangère dans les affaires intérieures du peuple palestinien. Ils ont le devoir de respecter le droit des Palestiniens de décider.

Dans le même ordre d'idées, le premier ministre de l'Autorité palestinienne, Mohammad Shtayyeh, a déclaré le 26 février qu'il avait officiellement présenté la démission de son gouvernement au président Mahmoud Abbas. « J'ai mis la démission du gouvernement à la disposition du président Mahmoud Abbas le 20 février 2024, et aujourd'hui je la soumets par écrit », a-t-il déclaré dans un communiqué. Ce développement intervient dans le contexte où les États-Unis, avec leurs demandes et menaces, veulent imposer leur propre alternative à la Palestine, avec un gouvernement choisi par eux pour la Cisjordanie et Gaza. Ils veulent mettre fin aux mouvements de résistance populaire à l'occupation et au génocide israéliens. Mohammad Shtayyeh a déclaré : « Je vois que la prochaine étape et ses défis nécessitent de nouvelles dispositions gouvernementales et politiques qui prennent en compte la nouvelle réalité dans la bande de Gaza, les pourparlers d'unité nationale et le besoin urgent d'un consensus interpalestinien sur une base nationale, une large participation, l'unité des rangs et l'extension de la souveraineté de l'autorité sur l'ensemble de la terre de Palestine. »

La déclaration du premier ministre de l'Autorité palestinienne arrive à un moment où les États-Unis font pression sur le président Mahmoud Abbas pour qu'il se soumette à la restructuration de l'Autorité palestinienne et à la création des conditions d'une gouvernance palestinienne post-conflit.

Un nouveau gouvernement en Palestine devrait prendre « toutes les responsabilités et toutes les mesures » en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, a déclaré le 28 février le ministre palestinien des Affaires étrangères, Riyad Al-Maliki, rapporte l'agence Anadolu. Il a dit que le moment « n'est pas venu de former un gouvernement auquel participerait le Hamas car, dans ce cas, il serait boycotté par un certain nombre de pays, comme cela s'est produit auparavant ». « Nous ne voulons pas nous retrouver dans une telle situation. Nous voulons être acceptés et jouer un rôle actif auprès de la communauté internationale. Nous voulons recevoir des contributions qui nous aident à fournir, tout d'abord, les services nécessaires à notre peuple, les services d'urgence, puis à discuter de la manière dont nous pouvons reconstruire Gaza après une destruction aussi dévastatrice. » « Plus tard, a-t-il ajouté, lorsque la situation sera propice, nous pourrons envisager cette option. » Le ministre des Affaires étrangères a dit qu'il s'agit de mettre en place aujourd'hui « un gouvernement de technocrates » basé sur des experts, des individus qui sont totalement autorisés à prendre les rênes et les responsabilités pour cette période. Les élections, a-t-il dit, pourraient être envisagées « après la guerre ».

En ce qui concerne la démission du gouvernement de Mohammad Shtayyeh, un haut représentant du Hamas a déclaré : « Je pense que cette démission est peut-être intervenue à un moment inopportun, parce qu'elle est intervenue à la lumière des discussions sur le renouvellement de l'autorité, et j'espère qu'elle n'est pas intervenue en réponse aux exigences des États-Unis. J'insiste sur le fait que la demande palestinienne est de former un gouvernement de consensus par les factions palestiniennes dont le devoir est de s'occuper de l'aide et de la reconstruction de Gaza et d'organiser des élections nationales palestiniennes générales. »

La position exprimée par le gouvernement démissionnaire et par le ministre des Affaires étrangères de l'Autorité palestinienne, qui nie la nature de la bête, est-elle censée être une position « réaliste », « pragmatique », « réalisable » ? Quand, pourrait-on demander, Israël ou les États-Unis ont-ils jamais reconnu le droit d'être du peuple palestinien ou son droit au retour ?

Israël présente la position « extrême », à savoir l'occupation militaire de Gaza, alors les États-Unis apparaissent comme « raisonnables » en acceptant que l'Autorité palestinienne gouverne Gaza et la résistance apparaît comme « déraisonnable » avec ses demandes. La prétention d'être « réaliste » semble être derrière différentes propositions sur ce que le peuple palestinien et ses organisations de résistance devraient ou ne devraient pas faire en ce moment. Le monde assiste à différentes manoeuvres pour bloquer un cessez-le-feu, empêcher la libre circulation de l'aide humanitaire et détruire l'Office de secours et de travaux des Nations unies (UNRWA) dans les territoires palestiniens et les pays voisins qui vont au-delà des tentatives d'affamer le peuple et de permettre le génocide qu'Israël commet avec l'appui des États-Unis, du Canada et d'autres pays. Ces manoeuvres ont pour but d'établir un État palestinien fondé sur l'acceptation de l'occupation israélienne, de négocier la perte des droits du peuple palestinien et de mettre fin à la résistance et au soutien mondial dont elle bénéficie.

Cela ne passera pas ! Les États-Unis, Israël et ceux qui les appuient, comme le Canada, devront répondre des crimes qu'ils commettent au nom de la démocratie et des droits humains et au nom des conceptions impérialistes de la « responsabilité de protéger » et d'un « ordre international fondé sur les règles » qui n'est rien d'autre qu'impunité et autoritarisme.

Toutes et tous à la Marche nationale du 9 mars à Ottawa. Nous demandons un cessez-le-feu immédiat ! Nous demandons que fin soit mise à l'occupation et qu'il n'y ait pas d'ingérence étrangère dans les affaires intérieures de la Palestine.


Cet article est paru dans
Logo
Volume 54 Numéro 16 - 6 mars 2024

Lien de l'article:
https://cpcml.ca/francais/Lml2024/Articles/LS54161.HTM


    

Site web :  www.pccml.ca   Courriel :  redaction@pccml.ca