Un statut pour toutes et tous maintenant! Rejetons le « programme large et complet » pour seulement certains!

« Ottawa se prépare à créer une voie vers la citoyenneté pour des centaines de milliers de personnes qui vivent et travaillent au Canada depuis des années, en commençant par les travailleurs de la construction », lit-on dans un article du 14 décembre du Globe and Mail[1].

L'article rapporte que le ministre de l'Immigration, Marc Miller, prépare un « programme large et complet » permettant à certains travailleurs sans papiers et à leurs familles de demander la résidence permanente. L'article précise que parmi ces personnes figurent « celles qui sont entrées légalement dans le pays, en tant que travailleurs temporaires ou étudiants internationaux, et qui sont restées ici après l'expiration de leur visa ».

Nous apprenons également que le ministre prévoit de présenter une proposition au conseil des ministres au printemps, afin que les personnes sélectionnées puissent « régulariser leur statut ». Le ministre a déclaré que cette politique pourrait se heurter à une opposition.

Selon les estimations de Marc Miller, entre 300 000 et 600 000 personnes vivent au Canada sans ce que le gouvernement canadien considère comme des « documents valides ». Par conséquent, de nombreuses personnes qui travaillent ici depuis des dizaines d'années et qui ont des enfants sont confrontées à la menace quotidienne d'une expulsion.

Avant de présenter sa proposition au conseil des ministres, le ministre souhaite « tester le narratif ». Il prévoit d'introduire, dans un avenir très proche, un programme permettant aux travailleurs de la construction sans papiers vivant au Canada de demander la résidence. Il s'agit de remédier à la « pénurie de travailleurs qualifiés capables de construire des logements », explique-t-il.

« Il s'agit de personnes qui sont déjà ici, qui contribuent déjà à la société et qui ont des enfants », explique-t-il. Selon lui, il est « absolument insensé » que des personnes qui sont ici depuis des décennies et qui ont des enfants n'aient pas pu obtenir un statut légal. On peut se demander où les libéraux, qui sont au pouvoir depuis plus de huit ans, se sont cachés alors, monsieur le ministre.

Marc Miller a également déclaré que la politique d'immigration du Canada devait être peaufinée et « adaptée à la réalité du terrain ». Sous prétexte de renforcer l'intégrité du programme d'immigration du Canada, le ministre prévoit d'autres réformes, notamment des changements dans les programmes de travailleurs étrangers temporaires et d'étudiants internationaux.

Il envisage également « d'ajuster nos politiques publiques pour nous assurer que nous choisissons intelligemment le type de personnes qui viennent dans ce pays et ce qu'elles peuvent y apporter ».

Dans des domaines tels que la construction et la santé, Marc Miller estime que les immigrants sont indispensables. « Mais encore une fois, nous devons être un peu plus prudents dans la manière dont nous adaptons ces politiques à la réalité sur le terrain. »

« La conversation sur la régularisation des personnes qui sont ici et qui, selon mon estimation – ma conviction – devraient être canadiennes, n'est pas unanime dans le pays, a déclaré Marc Miller. Nous devons avoir une plus grande conversation en tant que pays à ce sujet. » De cette manière, le gouvernement veut normaliser sa capacité à décider qui est et qui n'est pas « Canadien », et justifier la punition sur cette base. Cela est déjà évident dans la façon dont les Palestiniens qui demandent l'asile sont traités, très peu d'entre eux étant même autorisés à présenter une demande et les réponses à des questions telles que celle de savoir s'ils ont des « cicatrices corporelles » étant utilisées pour décider qu'ils ne peuvent pas demander l'asile. En outre, cette impunité concernant les personnes qui « devraient être canadiennes » peut s'étendre bien au-delà des réfugiés et des immigrants.

Pour ce qui est du besoin d'une conversation sur le sujet, nous sommes tout à fait d'accord. Mais pour nous, cela veut dire que les Canadiens doivent s'approprier eux-mêmes cette conversation, par le biais d'une discussion informée à travers le Canada. Une telle discussion inclurait ceux qui travaillent à la défense des droits humains des travailleurs migrants sans papiers et de leurs familles, ainsi que les universitaires et les experts qui défendent leurs intérêts et tous ceux qui se soucient des droits et de la justice.

Note

1. « Ottawa plans to create Canadian citizenship path for undocumented immigrants », Marie Woolf, Globe and Mail, 14 décembre 2023


Cet article est paru dans
Logo
Volume 54 Numéro 14 - 28 février 2024

Lien de l'article:
https://cpcml.ca/francais/Lml2024/Articles/LS54148.HTM


    

Site web :  www.pccml.ca   Courriel :  redaction@pccml.ca