Le gouvernement fédéral répond en criminalisant les demandeurs d'asile

Le premier ministre du Canada Justin Trudeau a dit en réponse à la lettre du premier ministre du Québec: « Nous avons travaillé en étroite collaboration avec le Québec ces dernières années comme nous l'avons fait dans différentes régions du pays qui ont connu une plus grande affluence de demandeurs d'asile que prévue. Nous continuerons de travailler avec elles parce que c'est dans l'intérêt de nous tous de tout faire pour assurer que nos provinces réussissent autant que possible. »

Le ministre de la Sécurité publique, des Institutions démocratiques et Affaires gouvernementales, Dominic LeBlanc, a déclaré que son gouvernement prenait « très au sérieux » les préoccupations du Québec concernant l'afflux de demandeurs d'asile. Il a déclaré que, pour ce qui est de son gouvernement, « nous travaillons avec des partenaires et élaborons des mesures pour assurer l'intégrité du système d'immigration au Canada ». « En outre, nous évaluons les mesures permettant aux demandeurs d'asile de voyager vers d'autres provinces s'ils désirent le faire », a déclaré le ministre, ajoutant que son gouvernement « a reconnu à plus d'une reprise que le Québec a fait plus que sa part dans l'accueil et l'intégration de personnes demandant asile au Canada ».

Le ministre de la Sécurité publique a également indiqué que la sécurité des frontières était une priorité pour son gouvernement et qu'il allait « poursuivre ces discussions » avec le gouvernement Legault et « prendre les mesures nécessaires » pour « sécuriser nos frontières ». Pour le gouvernement, le problème consiste à sécuriser les frontières. Pour les peuples, comme le montrent de nombreuses actions, il s'agit de garantir les droits. En outre, étant donné que la frontière est avec les États-Unis, la « sécurisation » signifie également une plus grande militarisation et intégration dans la machinerie frontalière et de guerre des États-Unis.

En ce qui concerne les demandes financières du gouvernement du Québec, le ministre LeBlanc a déclaré que son gouvernement s'est « engagé » à travailler avec son homologue québécois « pour trouver des solutions aux défis posés par le nombre important de demandeurs d'asile que le Québec reçoit ».

« Nous comprenons qu'il s'agit d'une question financière. C'est pourquoi, au cours des cinq ou six dernières années, nous avons été un partenaire du Québec en termes de coûts également », a-t-il déclaré.

Le ministre Dominic LeBlanc a aussi dit que son gouvernement avait « mis en place plusieurs mesures pour appuyer le gouvernement du Québec dans ses efforts pour fournir des accommodations provisoires au demandeurs d'asile en fournissant un financement important ainsi qu'en louant des chambres dans certains hôtels ».

Entre 2017 et 2020, a-t-il dit, son gouvernement a « versé pour 374 millions de dollars en services liés aux accommodations provisoires » en plus des paiements de transfert annuels pour l'accueil et l'intégration, pour un total de plus de 700 millions de dollars plus les 3,6 milliards par le biais du transfert social canadien. » Donner de tels chiffres est un moyen de cacher la réalité, à savoir que le gouvernement fédéral ne s'acquitte pas de son devoir de financer pleinement le droit au logement, à l'éducation et à la santé pour les réfugiés comme pour tout le monde. Au contraire, l'offensive antisociale, tant au niveau fédéral que provincial, s'est traduite par des coupes répétées.

Dominic LeBlanc a également dit qu'Ottawa voulait éviter que l'accès sans visa du Mexique devienne une façon « d'entrer au Canada par la porte de côté ».

Le ministre de l'Immigration Marc Miller a dit bien que les politiques de visas plus flexibles aient aidé l'économie canadienne c'était probablement aussi un facteur d'augmentation des demandes, même si le taux de demandeurs mexicains qui ont obtenu le statut de réfugié est bien inférieur à celui d'autres pays[1].

« Sachez aussi que lorsque l'on parle du Mexique, a dit Marc Miller, c'est un de nos partenaires économiques principaux et qu'une démarche diplomatique s'impose et c'est une démarche qui n'est pas encore terminée. » Marc Miller a aussi dit que le gouvernement examine un certain nombre d'options qui n'ont pas encore été précisées, car les divulguer permettrait à des gens malintentionnés de « contourner le système »

Notes

1. Selon les données de la Commission d'immigration et du statut de réfugié Canada, en 2023, il y a eu 17 490 demandes du Mexique, soit plus du double que l'année précédente, alors que ce nombre était de 7 483.

Les fournisseurs de service aux réfugiés de Montréal disent que les familles mexicaines fuient la violence, l'insécurité et la pénurie d'emplois au Mexique.

Selon un communiqué de presse du 30 août 2023 du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme : « Les défenseures des droits des femmes cherchant des êtres chers violemment disparus au Mexique subissent l'intimidation, les agressions et même une mort violente, avertissent les experts de l'ONU aujourd'hui.

« 'Nous sommes outrés que les personnes à la recherche de membres de leur famille ayant subi une disparition forcée continuent d'être visées et de subir la violence au Mexique', ont dit les experts. »


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Volume 54 Numéro 14 - 28 février 2024

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