Les questions migratoires et la nécessité de renouveler les institutions politiques au Mexique

– Pablo Moctezuma, Mexteki –

Nous affrontons les problèmes actuels en imaginant des solutions que seul le peuple investi du pouvoir de décider peut appliquer pleinement afin que les gens puissent vivre, travailler, être éduqués, recevoir des soins médicaux, développer leur culture, jouir de la richesse qu'ils génèrent dans leur propre milieu sans avoir à fuir pour travailler dans un autre pays où ils sont criminalisés.

Aujourd'hui, 40 millions de Mexicains vivent aux États-Unis et envoient des sommes record au Mexique – 64 milliards de dollars américains en 2023. Cela se fait au détriment de leur bien-être, de celui de leur famille et de celui du pays, car ils sont soumis à l'esclavage moderne dans les pays voisins.

De nombreux migrants fuient la violence dans leur pays d'origine. Nous luttons pour l'autodétermination des peuples et leur souveraineté économique, politique, sociale et culturelle afin qu'ils ne soient pas soumis à des sanctions. Les sanctions, principalement celles des États-Unis, les obligent à quitter des pays dans lesquels ils manquent de nourriture, de médicaments, d'essence, de moyens de transport et beaucoup plus. Il est temps que les peuples conçoivent un nouveau monde qui leur soit favorable.

Ces dernières semaines, on parle beaucoup de migration parce que parfois jusqu'à 10 000 personnes traversent la frontière chaque jour entre les États-Unis et le Mexique et des milliers sont arrêtées en raison des politiques d'État que les deux principaux candidats à la présidence des États-Unis, Donald Trump et Joe Biden, ont suivies, des politiques qui sont antihumaines à l'extrême. À l'approche des élections de 2024, les deux hommes politiques rivalisent pour montrer qui est le plus antihumaine.

Le 27 décembre 2023, le secrétaire d'État des États-Unis Antony Blinken a rencontré le président du Mexique Andrés Manuel Lopez Obrador pour discuter de la question. Le président mexicain a dit que les États-Unis et leurs politiques au sud de la frontière, y compris les sanctions imposées à différents pays qui rendent la vie très difficile à leurs citoyens et la soi-disant la guerre contre la drogue, provoquent en fait ces migrations.

La fermeture temporaire de deux passages frontaliers par rail au Texas le 25 décembre est un message clair que les États-Unis veulent forcer le Mexique à faire plus pour empêcher les migrants de monter à bord des trains de marchandises, des bus et des camions pour atteindre la frontière.

En même temps, les autorités mexicaines de Matamoros ont commencé à utiliser de la machinerie lourde le 27 décembre pour déplacer un camp comprenant des familles avec des enfants et que le gouvernement a décrit comme étant des tentes abandonnées. Il s'agissait de montrer au gouvernement des États-Unis que le gouvernement mexicain prenait des mesures pour arrêter le nombre croissant de migrants arrivant à la frontière sud des États-Unis.

Parallèlement, une caravane d'environ 6 000 migrants originaires du Venezuela, du Honduras, du Salvador, de Cuba et d'Haïti a quitté le Chiapas, dans le sud du Mexique, le 25 décembre, en direction de la frontière américaine.

Aujourd'hui, il y a des négociations au Congrès américain pour financer la guerre en Ukraine et le génocide en Palestine, ainsi que la militarisation de la frontière avec le Mexique. Les projets de loi de la Chambre et du Sénat comprennent également des plans et un financement pour encore plus d'expulsions, de réduction des visas humanitaires et de refus de l'asile et des procédures régulières à beaucoup plus de personnes.

Les États-Unis souhaitent la coopération du Mexique pour accueillir les personnes qu'ils rejettent. Pour sa part, Lopez Obrador dit qu'il faut s'attaquer au fond du problème et affirme respecter les droits humains. Mais des événements comme la mort au Mexique de 40 migrants le 27 mars 2023 dans un centre d'immigration à Ciudad Juarez, à la frontière du Texas, et le mauvais traitement des migrants d'Amérique centrale continuent.

Le président Lopez Obrador demande une nouvelle rencontre en personne avec Joe Biden. Cela indique que le gouvernement mexicain n'a pas concédé tout ce que la délégation américaine de Blinken exigeait et que le Mexique souhaite négocier certaines questions, comme le respect de l'interdiction du maïs jaune génétiquement modifié. Étant donné que les menaces et le chantage des États-Unis sont probables, le Mexique pourrait être contraint de faire le sale boulot des États-Unis dans le cadre de ce modèle d'endiguement.

Les cinq principaux pays d'origine des migrants à la frontière américano-mexicaine sont le Mexique, le Guatemala, le Honduras, Cuba et le Venezuela, qui représentent ensemble 71 % des chiffres officiels de la migration à cette frontière en 2022. [...]

Des élections présidentielles et législatives auront lieu au Mexique le 2 juin 2024. L'organisation syndicale Mexteki met en avant un programme populaire et se concentre sur le développement de mouvements politiques sociaux autonomes, en mettant l'accent sur la nécessité de renforcer le pouvoir du peuple.

L'année 2023 a été très importante pour Mexteki, qui a pris l'initiative, par le biais du Congrès de la souveraineté, d'appeler les organisations et les individus à prendre en main la solution aux problèmes du peuple et des nations du Mexique et à établir leur propre programme pour résoudre les problèmes auxquels tous les Mexicains sont confrontés en commun.

Le 13 septembre 2023, 52 organisations et groupes ont participé à la réunion de l'Agenda du peuple à Mexico.  Quatre-vingt-douze vidéos ont été proposées pour diffusion et de nombreuses personnes ont participé en apportant des textes, des chansons et des poèmes dans l'esprit de la prise du pouvoir politique par le peuple. Les problèmes des peuples autochtones, du travail, de l'éducation et de la santé, de l'eau, de la souveraineté alimentaire et en particulier la nécessité d'une nouvelle constitution et la nécessité pour les peuples de prendre en main le pouvoir de décision et d'affirmer leur souveraineté par la mise en uvre d'un nouveau système politique ont été discutés. C'était d'une grande importance. La question de la rupture avec la politique américaine d'intégration du Mexique aux États-Unis, non seulement sur le plan économique, social et culturel, mais aussi sur le plan militaire, a été présentée comme un point crucial.

En 2024, nous continuerons à renforcer le travail d'organisation pour promouvoir l'agenda du peuple.


Cet article est paru dans
Logo
Volume 54 Numéro 14 - 28 février 2024

Lien de l'article:
https://cpcml.ca/francais/Lml2024/Articles/LS541414.HTM


    

Site web :  www.pccml.ca   Courriel :  redaction@pccml.ca