La «voie d'accès à la résidence
temporaire» du
gouvernement
fédéral pour certains Palestiniens de Gaza
De la poudre aux yeux pour dissimuler la participation au génocide – ça ne passera pas!
Vigile à Toronto pour exiger une action gouvernementale
pour
amener les Gazaouis
au Canada, 11 février 2024
D'un bout à l'autre du pays, les Canadiens ont exprimé leurs vives inquiétudes au sujet des actions du gouvernement Trudeau et de son programme de voie d'accès à la résidence temporaire, accessible uniquement à certains Palestiniens de Gaza et limité à 1000 demandeurs. C'est un nombre minime quand on sait qu'il y a plus de 29 870 morts et plus de 70 215 Palestiniens blessés au 27 février, dont près de 100 tués et plus de 170 blessés au cours des dernières 24 heures. La majorité d'entre eux sont des femmes et des enfants. Les gens considèrent le programme comme une farce cruelle, tant en raison du nombre limité que du fait que, même si le plafond a presque été atteint, aucun Palestinien n'a quitté Gaza jusqu'à présent. De plus, les qualifications spéciales requises pour postuler montrent que cette affirmation de soutien aux réfugiés palestiniens est fausse.
Le génocide israélien en cours a vu la plupart des 2,3 millions d'habitants de Gaza déplacés de force à l'intérieur de la bande de Gaza, encore et encore, les blessés privés d'assistance médicale et les Palestiniens traumatisés faisant désormais face à la famine. Les États-Unis, le Canada et d'autres pays sont également coupables de génocide, car ils continuent de défendre et de soutenir Israël et de rejeter la responsabilité sur la résistance palestinienne.
Viser la résistance palestinienne à Gaza
Un article de la CBC daté du 6 février dit qu'« aucune personne enregistrée au Canada n'a pu fuir Gaza dans le cadre du nouveau programme », même si près de 1000 demandes dans le cadre du programme ont atteint la deuxième phase « et attendent les décisions finales d'admissibilité ».
Le même jour, lors d'un débat à la Chambre des communes, la députée néodémocrate de Vancouver-Est, Jenny Kwan, a déclaré : « La mise en oeuvre de la mesure spéciale d'immigration pour la bande de Gaza est truffée de problèmes. Des gens ont été rejetés sans explication. Certains sont rejetés, puis approuvés par la suite après avoir présenté la même demande. Des représentants disent maintenant que la limite de 1000 personnes a presque été atteinte, mais bon nombre d'entre elles n'ont pas reçu le code d'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada leur permettant de passer à l'étape suivante. »
Jenny Kwan a ensuite demandé au ministre de l'immigration, Marc Miller, quelles mesures il prenait « pour nettoyer ce gâchis » et s'il allait « immédiatement supprimer cette limite arbitraire afin de sauver des vies ».
La réponse du ministre a
été qu'«
en ce moment, le défi consiste à dresser une liste
initiale de
personnes préalablement autorisées à franchir le
poste-frontière
de Rafah » et il a ajouté qu'« il est très difficile
d'élargir ces programmes lorsqu'on ne parvient même pas à
faire
sortir les gens ».
C'est peut être prévisible que le ministre fasse fi du
facteur
humain en réduisant le problème à une difficulté
technique pour
laquelle il prétend que le Canada n'a aucune
responsabilité,
mais c'est aussi totalement inacceptable.
Deux jours plus tôt, le 4 février, la ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly, en mission en Ukraine, a également été interrogée par Rosemary Barton, de la CBC, sur « le millier de Palestiniens de Gaza qui ont été inscrits sur cette liste de membres de la famille élargie de Canadiens ». « J'ai parlé à un certain nombre de personnes dont les membres de la famille ont été tués, a dit Rosemary Barton. Ils sont sur la liste, ils pourraient se rendre au Canada, s'il y a un moyen de sortir. Mais en attendant, des gens perdent la vie. »
Lorsqu'on lui a demandé si elle pouvait faire quelque chose, la ministre Joly a répondu qu'elle et le ministre de l'Immigration « travaillaient » sur cette question. « Nous sommes en contact avec la CAGT [Coordination des Activités Gouvernementales dans les Territoires], qui est l'organisation relevant du ministère de la Défense [israélien] qui approuve, en fait, le passage vers la porte de Rafah », a dit la ministre qui prétend que « nous continuerons à nous assurer que les personnes autorisées par le Canada à partir puissent le faire » et qu'elle et le ministre de l'Immigration « continueront à faire pression sur les autorités israéliennes, tout en travaillant avec elles, mais aussi avec le gouvernement égyptien, dont nous avons également besoin de l'autorisation ». « Nous avons pu évacuer des centaines de Canadiens de Gaza, pas nécessairement au rythme que nous aurions souhaité, Rosemary, parce que c'était long, mais nous avons dû composer avec de nombreuses autorités qui donnaient leurs autorisations. Nous faisons la même chose en ce moment. » Pourtant, à ce jour, des « centaines » de personnes sont encore là et les exigences injustes imposées aux Palestiniens pour se qualifier demeurent. Ils doivent notamment indiquer les cicatrices et les blessures qu'ils ont sur le corps, comme si cela prouvait qu'ils représentent une « menace pour la sécurité ».
Une semaine après le lancement du programme, le 16 janvier, le ministre de l'Immigration, Marc Miller, a expliqué, lors d'une interview à la radio de la CBC, que le programme de résidents temporaires de son gouvernement avait été mis en place en raison de certaines « réalités géopolitiques de la guerre qui sont uniques », telles que « l'incapacité des fonctionnaires canadiens à entrer dans la bande de Gaza et à effectuer des contrôles de sécurité, à prendre des empreintes biométriques. Il y a donc une première étape à franchir, qui consiste à passer physiquement la porte de Rafah contrôlée par Israël et l'Égypte [...] puis une deuxième étape au Caire où les gens peuvent être accueillis et où nous pouvons procéder [...] à des vérifications de sécurité appropriées. »
« Nous avons affaire à des personnes qui ne sont pas des Canadiens ou des résidents permanents canadiens », a-t-il déclaré, ajoutant que « nous ne pouvons pas tenir la sécurité pour acquise ».
« Il y a des défis opérationnels », a-t-il poursuivi, « des choses que [...] les représentants du gouvernement canadien ne contrôlent pas et [...] un grand point d'interrogation, je pense, concerne le passage de Rafah et c'est quelque chose avec lequel nous devrons travailler sur le terrain, en temps réel. »
Quant aux questions posées dans le cadre du programme qui sont blessantes pour les membres des familles au Canada, en particulier celle concernant les blessures et les cicatrices, et pourquoi elle est posée, Marc Miller a dit : « Ce ne sont pas des Canadiens, ce ne sont pas des résidents permanents. » « C'est le mieux que nous puissions faire dans les circonstances actuelles. C'est quelque chose que nous avons fait en Afghanistan. [...] Venir au Canada, a-t-il fait remarquer, pour être franc, n'est pas un droit. »
En ce qui concerne plus particulièrement le plafond de 1000 personnes, Marc Miller a déclaré que « la version extrême du concept de vider Gaza et d'être sur le point de nettoyer la situation dans cette optique, si vous deviez retirer un grand nombre de personnes de Gaza, c'est quelque chose qui pose des problèmes géopolitiques. C'est une chose à laquelle nous nous opposons, mais il s'agit d'une situation où nous n'invitons que des parents proches, juste pour rester en vie. Il s'agit donc de deux catégories différentes. » Pourquoi alors le Canada ne s'oppose-t-il pas à l'effort d'Israël pour faire exactement cela, vider Gaza des Palestiniens, et ne tente-t-il pas de l'arrêter ?
Deux poids, deux mesures
En réponse à la question de savoir pourquoi le programme était si différent de celui mis en place pour les Ukrainiens (qui a émis plus de 936 000 visas d'urgence temporaires depuis mars 2022) ainsi que le fait que les Ukrainiens n'étaient pas tenus d'être parrainés ou de prouver un lien quelconque avec les Canadiens, le ministre de l'Immigration a déclaré : « Écoutez, je comprends qu'il est facile de faire une comparaison. La politique à l'égard de l'Ukraine est vraiment unique dans notre histoire », « elle était et est toujours d'une grande portée. La réalité géopolitique est très différente. Avant tout, nous avons affaire à un gouvernement opérationnel attaqué en Ukraine. » Les Palestiniens ont clairement indiqué qu'ils étaient prêts à négocier un cessez-le-feu et à participer aux évacuations si nécessaire. Ce sont Israël, les États-Unis et le Canada qui s'y opposent.
Le Canada a besoin d'une politique d'immigration humanitaire
Les Canadiens, par centaines de milliers, ont exprimé et continuent d'exprimer leur soutien à la juste lutte de la résistance palestinienne contre l'occupation et le génocide et le droit d'être du peuple palestinien par tous les moyens organisationnels à leur disposition, comme les manifestations en cours dans tout le pays, les déclarations collectives, les lettres ouvertes et la signature de pétitions en très grand nombre.
À la lumière des crimes et de la perfidie du
gouvernement, y
compris la violation de ses responsabilités
internationales, les
Canadiens entreprennent de débattre eux-mêmes de la
politique
d'immigration dont le Canada a besoin et du rôle du
peuple dans
la définition des qualifications et des structures
requises pour
être membres égaux du corps politique, y compris
l'acquisition
de la citoyenneté. La propagande actuelle qui dit que le
Canada
est incapable de répondre aux besoins de si nombreux
demandeurs
d'asyle n'est pas nouvelle. L'idée que l'acceptation des
réfugiés et la détermination de la citoyenneté doivent
être
basées sur des notions intéressées et antihumaines à
propos
d'une «capacité d'absorption» a été mise au rancart
lorsque ce
critère a été évoqué pour la première fois en 1975,
lorsque le
gouvernement du Canada a publié son Livre vert sur
l'immigration. Les Canadiens ont rejeté de manière
décisive le
critère de «capacité d'absorption», le qualifiant de
raciste,
d'antihumain et d'inacceptable. La Loi sur
l'immigration de
1976 qui a suivi a été la première loi sur
l'immigration à
«définir clairement les objectifs de la politique
d'immigration
du Canada, à définir les réfugiés comme une catégorie
distincte
d'immigrants et à charger le gouvernement canadien de
consulter
les autres niveaux de gouvernement dans la planification
et la
promotion des objectifs démographiques, économiques,
sociaux et
culturels du Canada, ainsi que des priorités que sont le
regroupement familial, la diversité et la
non-discrimination».
Le bilan de l'histoire de l'immigration au Canada, du
traitement
des réfugiés et des critères politiques racistes et
discriminatoires qui perdurent encore aujourd'hui est une
tâche
urgente à laquelle les Canadiens doivent s'atteler. Le
Canada a
un besoin urgent d'une politique d'immigration
véritablement
humanitaire qui ne viole plus jamais les droits des
migrants et
droits humains, y compris le droit de conscience.
(Avec des informations du Gouvernement du Canada, du Parlement du Canada, de CBC, de CBC News, de La Presse)
Cet article est paru dans
Volume 54 13 - 28 février 2024
Lien de l'article:
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