Guatemala
L'investiture du président l'emporte sur les tentatives de coup d'État
Peu après minuit le 15 janvier, Bernardo Arévalo de Léon, le candidat du Mouvement des semences (Semilla), a été investi président du Guatemala. Cette investiture a eu lieu en dépit de manoeuvres juridiques répétées pour l'empêcher d'assumer ses fonctions depuis qu'il a remporté, avec Karin Herrera, sa colistière à la vice-présidence, le second tour de l'élection présidentielle du 20 août 2023, avec 58,05 % des voix, face à Sandra Torres du parti Unité nationale de l'espoir (UNE). Le second tour a eu lieu après les élections générales du 25 juin 2023, au cours desquelles on a également voté pour les 160 sièges du Congrès, les 20 membres du Parlement centraméricain et les maires et conseils des 340 municipalités du pays. Le président sortant, Alejandro Giammattei, du parti Vamos, n'avait pas le droit de se présenter pour un second mandat, bien que son parti ait obtenu la majorité au Congrès.
Rassemblement pour célébrer la prestation de serment du nouveau
président guatémaltèque, le 15 janvier 2024
« C'est pour moi un grand honneur d'assumer cette haute responsabilité, de montrer que notre démocratie a la force de résister et que, grâce à l'unité et à la confiance, nous pouvons changer le panorama politique du Guatemala », a déclaré Bernardo Arévalo dans son premier discours en tant que président.
Le nouveau président a remercié la jeunesse guatémaltèque de ne pas avoir perdu espoir et les peuples autochtones du pays de leur soutien, disant reconnaître « les dettes historiques que nous devons régler ». Il a résumé le principe directeur de son administration comme suit : « Il ne peut y avoir de démocratie sans justice sociale et la justice sociale ne peut se réaliser sans démocratie. »
Ces remarques sont en reconnaissance du désir longtemps entretenu du peuple guatémaltèque d'un changement politique, notamment de mettre fin à la corruption et à la domination des élites dirigeantes, ce qui a finalement abouti à l'élection d'Arévalo en tant qu'alternative aux candidats des autres partis. Elles sont également une allusion aux tentatives répétées de recours à la justice pour empêcher son investiture.
Prensa Latina note dans un rapport du 25 décembre 2023 que « les Guatémaltèques étaient confrontés, en général, aux élections les plus atypiques depuis la période démocratique de 1985, avec des candidats ouvertement liés au crime organisé et au trafic de drogue ».
Les manoeuvres juridiques pour empêcher Arévalo d'assumer ses fonctions ont consisté à tenter de faire annuler les résultats des élections et à mener d'autres actions sous l'égide de la procureure générale Consuelo Porras. L'opposition de la population s'est traduite par 20 jours consécutifs de manifestations, y compris des grèves nationales et le blocage d'autoroutes stratégiques en octobre.
Plus récemment, le 12 janvier, les organisations autochtones ont appelé à une marche massive en réponse aux menaces de coup d'État par lesquelles la procureure générale entendait empêcher l'investiture d'Arévalo.
La veille, la Cour suprême s'est prononcée contre l'arrestation de la vice-présidente élue Karin Herrera et de quatre juges du tribunal électoral, toujours sur la base de fausses allégations de fraude électorale. Cependant, le bureau du procureur a réussi à faire arrêter l'ancien ministre de l'Intérieur Napoleon Barrientos, qu'il accuse de ne pas avoir respecté une décision qui lui ordonnait de réprimer les citoyens lors des manifestations qui ont proliféré dans le pays au cours du second semestre de 2023.
Le président Arévalo (photo du haut, premier plan à gauche)
participe à une cérémonie maya, le 15 janvier 2024, marquant sa
prestation de serment.
(Avec des informations de Prensa Latina, teleSUR, AP)
Cet article est paru dans
Volume 54 Numéro 13 - 24 février 2024
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