La «proposition de cessez-le-feu de Paris» : réponse du Hamas et rejet par Israël

Le 7 février, l'organisation de résistance Hamas a officiellement donné sa réponse au Cadre général pour un accord global entre les parties, c'est-à-dire à l'initiative de Paris. La proposition a été négociée par l'Égypte et le Qatar et envoyée au Hamas le 2 février. Selon les médias, elle demande un cessez-le-feu de deux mois pour permettre la libération d'une centaine d'Israéliens détenus par la résistance palestinienne en échange d'un nombre non précisé des plus de 9 000 prisonniers palestiniens détenus par Israël; une augmentation de l'aide humanitaire à Gaza et l'échange des soldats israéliens capturés et des corps des Israéliens tués dans la bande de Gaza. Le lendemain, le 2 février, le Hamas a annoncé que les organisations de la résistance palestinienne discutaient de la proposition. « Notre position à l'égard de tout accord est fondée sur une priorité, à savoir l'arrêt de l'agression contre l'ensemble de la Palestine et du blocus de Gaza, ainsi que la reconstruction de Gaza et l'accord d'échange ».

Le média arabe Al Mayadeen a publié un rapport détaillé de la position unifiée des mouvements de résistance palestiniens, qui n'ont pas trouvé satisfaisants un certain nombre d'éléments de la proposition de Paris. Le plus important est qu'il n'y a pas de clause confirmant un cessez-le-feu après la fin de la trêve et aucune garantie régionale ou internationale que l'occupation israélienne ne reprendra pas les hostilités une fois que les Israéliens détenus en captivité par les forces de la Résistance seront libérés. Il n'offrait pas non plus de garanties qu'Israël se retirerait de Gaza, ni de mesures pour la reconstruction, le logement temporaire, la reconstruction des hôpitaux, des écoles et d'autres infrastructures à Gaza. Citant des sources de la Résistance bien au fait de la situation, Al Mayadeen rapporte : « La Résistance ne peut pas remettre sa carte maîtresse, les captifs militaires, sans une garantie de cessez-le-feu, un retrait des forces d'occupation israéliennes et un accord sur la reconstruction et la levée du siège. »

Le 7 février, la réponse du Hamas a pris la forme d'une contre-proposition complète, qui stipule ce qui suit : « Cet accord vise à mettre fin aux opérations militaires mutuelles entre les parties, à instaurer un calme complet et durable, à échanger des prisonniers entre les deux parties, à mettre fin au blocus de Gaza, à reconstruire, à assurer le retour des résidents et des personnes déplacées dans leurs foyers, et à fournir des abris et des secours à tous les résidents dans toutes les zones de la bande de Gaza, selon les étapes suivantes. » Après quoi le document définit trois étapes de mise en oeuvre :

Première étape (45 jours), appelée étape humanitaire :

1) Arrêt temporaire des opérations militaires, arrêt de la reconnaissance aérienne et redéploiement des forces israéliennes loin des zones peuplées dans l'ensemble de la bande de Gaza, alignées sur la ligne de démarcation, afin de permettre aux parties d'achever l'échange de détenus et de prisonniers.

2) Les deux parties libéreront des détenus israéliens parmi les femmes et les enfants (âgés de moins de 19 ans et non enrôlés), les personnes âgées et les malades, en échange d'un certain nombre de prisonniers palestiniens, en garantissant la libération de toutes les personnes dont les noms ont été convenus à l'avance au cours de cette étape.

3) Intensification de l'entrée des quantités nécessaires et suffisantes pour les besoins de la population (à déterminer) d'aide humanitaire et de carburant par jour, permettant à des quantités appropriées d'aide humanitaire d'atteindre toutes les zones de la bande de Gaza, y compris le nord de la bande, et le retour des personnes déplacées à leurs résidences dans toutes les zones de la bande.

4) Reconstruction des hôpitaux dans toute la bande de Gaza et mise en place de ce qui est nécessaire pour établir des camps/tentes pour abriter la population, et reprise de tous les services humanitaires fournis à la population par les Nations unies et ses agences.

5) Début des négociations (indirectes) concernant les conditions nécessaires au rétablissement d'un calme total.

6) L'annexe détaillant la première étape fait partie intégrante de cet accord, l'accord sur les détails des deuxième et troisième étapes se faisant au cours de la mise en oeuvre de la première étape.

Deuxième étape (45 jours) : « L'achèvement des négociations (indirectes) concernant les conditions nécessaires à la poursuite de la cessation des opérations militaires mutuelles et au retour à un état de calme complet doit être annoncé avant la mise en oeuvre de la deuxième étape.

Cette étape vise à libérer tous les hommes détenus (civils et conscrits), en échange d'un nombre spécifique de prisonniers palestiniens, de la poursuite des mesures humanitaires de la première étape, du retrait des forces israéliennes en dehors des frontières de toutes les zones de la bande de Gaza, et du début de la reconstruction complète des maisons, des installations et des infrastructures détruites dans toutes les zones de la bande de Gaza, selon des mécanismes spécifiques qui garantissent la mise en oeuvre de ces mesures et la fin complète du siège de la bande de Gaza, comme convenu lors de la première étape. »

Troisième étape (45 jours) : « Cette étape vise à échanger les corps et les dépouilles des personnes décédées entre les deux parties après identification et poursuite des mesures humanitaires des première et deuxième étapes, conformément à ce qui aura été convenu lors des première et deuxième étapes. »

L'accord prévoit entre autres : « l'arrêt des incursions et des agressions des colons israéliens dans la mosquée d'al-Aqsa et le retour de la situation dans la mosquée d'al-Aqsa à ce qu'elle était avant 2002 »; « l'ouverture de tous les points de passage avec la bande de Gaza, la reprise des échanges commerciaux et la libre circulation des personnes et des biens sans entraves »; la garantie que « tous les blessés, hommes, femmes et enfants, sont autorisés à recevoir un traitement à l'étranger sans restrictions »;

Le texte précise que « l'Égypte et le Qatar mèneront des efforts avec toutes les parties nécessaires pour gérer et superviser la garantie, la réalisation et l'achèvement des points suivants :

- Fournir et mettre en place l'équipement lourd nécessaire à l'enlèvement des débris et des décombres.

- Fournir des équipements de défense civile et répondre aux besoins du ministère de la santé.

- Le processus de reconstruction des hôpitaux et des boulangeries à travers la bande de Gaza et l'introduction de ce qui est nécessaire pour établir des camps pour les résidents/des tentes pour abriter la population.

- Introduire pas moins de 60 000 logements temporaires (caravanes/conteneurs) de sorte que 15 000 logements entrent dans la bande de Gaza chaque semaine dès le début de cette étape, en plus de 200 000 tentes-abris, à raison de 50 000 tentes par semaine, pour abriter les personnes dont les maisons ont été détruites par l'occupation pendant la guerre.

- Commencer la reconstruction et la réparation des infrastructures dans toutes les zones de la bande de Gaza et réhabiliter les réseaux d'électricité, de télécommunications et d'eau.

- Approuver un plan de reconstruction pour les maisons, les installations économiques et les services publics détruits à la suite d'une agression, en programmant le processus de reconstruction dans un délai maximum de trois ans.

Il demande la reprise de tous les services humanitaires fournis à la population par l'ONU et ses agences, en particulier l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine; le réapprovisionnement de la bande de Gaza en carburant nécessaire au fonctionnement des centrales électriques dans toutes les parties de la bande de Gaza; l'engagement de l'occupation à fournir à Gaza l'électricité et l'eau dont elle a besoin et la poursuite des négociations « concernant les conditions nécessaires à la poursuite de la cessation des opérations militaires mutuelles et au retour à un état de calme complet et réciproque ».

Le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a immédiatement rejeté les propositions écrites soumises par le Hamas. Il a réitéré sa prétention au sujet de « l'inévitabilité d'une victoire écrasante » sur la résistance du peuple palestinien. « Après la destruction du Hamas, Gaza sera démilitarisée et il n'y aura qu'une seule force capable d'assurer la sécurité d'Israël. Cela signifie qu'Israël opérera dans la bande de Gaza où et quand cela sera nécessaire pour s'assurer que le terrorisme ne relève pas la tête », a-t-il ajouté.

Le premier ministre israélien a dit qu'il avait ordonné aux troupes de « se préparer à opérer » à Rafah, qui était à ce moment-là la dernière grande ville de la bande de Gaza où les troupes terrestres israéliennes n'avaient pas encore pénétré.

À la suite d'une déclaration du département d'État américain, le 8 février, selon laquelle les États-Unis ne soutiendraient pas l'envoi par Israël de troupes terrestres à Rafah sans un plan d'évacuation des civils, Benjamin Netanyahou a déclaré qu'il avait ordonné à l'armée de préparer un tel plan.

On estime à 1,5 million le nombre de Palestiniens qui se sont réfugiés dans la ville et ses environs après avoir fui les bombardements israéliens dans la bande de Gaza.


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Volume 54 Numéro 10 - 13 février 2024

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