Palestine : Derniers développements

Israël intensifie le massacre des Palestiniens à Rafah


Rafah vue du ciel le 8 février 2024

Le bureau du premier ministre israélien a déclaré le 9 février : « Il est impossible d'atteindre l'objectif de la guerre sans éliminer le Hamas et en laissant quatre bataillons du Hamas à Rafah. Au contraire, il est clair qu'une activité intense à Rafah nécessite que les civils évacuent les zones de combat. » « C'est pourquoi, poursuit le communiqué, le premier ministre Benjamin Netanyahou a ordonné à l'armée israélienne et aux responsables de la sécurité de soumettre au Cabinet un plan combiné d'évacuation de la population et de destruction des bataillons. »

Lors d'un appel téléphonique le 11 février, le président américain Joe Biden a dit au premier ministre israélien qu'Israël ne doit pas lancer une opération militaire à Rafah « sans un plan crédible et réalisable pour assurer la sécurité et le soutien de plus d'un million de personnes qui y ont trouvé refuge ». Aucun plan d'évacuation n'a été présenté par les Forces de défense israélienne en date du 12 février, alors que les attaques israéliennes à Rafah se sont intensifiées.

Le ministère de la Santé de Gaza a indiqué qu'au moins 67 Palestiniens ont été tués lors des attaques aériennes et maritimes d'Israël dans la soirée du 11 au 12 février. À partir de la nuit du 8 au 9 février, Israël a intensifié ses frappes aériennes à Rafah, frappant cette nuit-là deux immeubles résidentiels près de l'Hôpital koweïtien, et 14 personnes auraient été tuées dans le bombardement.

Dans l'après-midi du 12 février, au moins 28 340 personnes avaient été tuées par la guerre génocidaire d'Israël contre Gaza, dont plus de 12 500 enfants et 8 300 femmes. Plus de 67 984 personnes ont été blessées, dont 8 663 enfants et 6 327 femmes. Plus de 7 000 personnes sont portées disparues.

Le 10 février, l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) a rapporté ce qui suit : « L'intensification des frappes aériennes à Rafah a accru les craintes, ce qui risque d'entraver encore davantage les opérations humanitaires déjà surchargées. Près de 1,5 million de personnes se trouvent à Rafah, soit six fois plus qu'avant le 7 octobre [2023].

« Nous avons besoin que les derniers hôpitaux, abris, marchés et systèmes d'approvisionnement en eau de Gaza restent fonctionnels, a déclaré Catherine Russell, directrice générale du Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF). Sans eux, la faim et les maladies vont monter en flèche et coûter la vie à d'autres enfants. »

« Les combats intenses qui se déroulent depuis trois semaines à Khan Younès (sud-ouest de Gaza) et dans ses environs causent des pertes en vies humaines et des dommages aux infrastructures civiles, notamment au plus grand centre d'hébergement de l'UNRWA dans la zone sud, le Centre de formation de Khan Younès. Cette situation oblige des milliers de Palestiniens à fuir plus au sud vers Rafah, qui est gravement surpeuplé, et des rapports font état de frappes des forces israéliennes à Rafah le 7 février. Le directeur des affaires de l'UNRWA à Gaza s'est dit préoccupé par la perspective d'une offensive militaire israélienne à Rafah, qui pourrait pousser des centaines de milliers de personnes à fuir les combats, et a averti que l'agence 'ne sera pas en mesure de mener des opérations de manière efficace ou sûre à partir d'une ville soumise à l'assaut de l'armée israélienne'. »

Le 9 février, le porte-parole du Conseil national de sécurité des États-Unis, John Kirby, a déclaré que « toute opération militaire d'envergure à Rafah en ce moment, dans ces circonstances, avec plus d'un million – probablement plus d'un million et demi – de Palestiniens qui cherchent refuge et ont cherché refuge à Rafah sans tenir compte de leur sécurité, serait un désastre, et nous ne la soutiendrions pas. » L'administration Biden a également averti Israël de ne pas mener une telle campagne pendant le Ramadan, qui a lieu cette année du 20 mars au 8 avril. Cette mise en garde est perçue comme une invitation à Israël à se dépêcher d'atteindre ses objectifs avant.

Le 9 février, Joe Biden a même publié un mémorandum dans lequel il déclare que les États-Unis doivent maintenir une « compréhension appropriée de l'adhésion des partenaires étrangers au droit international, y compris, le cas échéant, au droit international des droits de l'homme et au droit international humanitaire ». Il demande des « assurances écrites crédibles et fiables » de la part du pays étranger recevant l'aide militaire américaine « qu'il l'utilisera conformément au droit international humanitaire et, selon le cas, au droit international ». La note précise également que « si la crédibilité ou la fiabilité des assurances données par le pays bénéficiaire est remise en question, le secrétaire d'État ou le secrétaire à la Défense doit faire rapport au président dans les 45 jours suivant cette évaluation et indiquer les prochaines mesures à prendre pour évaluer la situation et y remédier ». Joe Biden n'en continue pas moins de faire pression sur le Congrès pour obtenir 14 milliards de dollars supplémentaires en financement immédiat pour Israël.

Situation en Cisjordanie

Les Forces de sécurité israéliennes (FSI) poursuivent leurs attaques en Cisjordanie, perquisitionnant des maisons, arrêtant ou tuant des personnes. Par exemple, les 6 et 7 février, plus d'une douzaine d'opérations ont eu lieu. L'UNRWA informe que, dans un cas, « les FSI ont encerclé une maison palestinienne dans le quartier al-Damaj du camp de réfugiés de Nur Shams, l'ont visée avec des missiles, y ont mis le feu, en ont démoli des parties, tuant trois et blessant deux Palestiniens avec des balles réelles, dont une femme. Les services de l'UNRWA ont été gravement affectés. »

Au 12 février, au moins 390 personnes en Cisjordanie, dont plus de 102 enfants, ont été tuées par Israël, tandis que plus de 4 450 ont été blessées.

Par ailleurs, Francesca Albanese, rapporteuse spéciale des Nations unies pour les territoires palestiniens occupés (la bande de Gaza et la Cisjordanie), a été interdite d'entrée en Israël le 12 février, en représailles pour ses commentaires sur les événements du 7 octobre 2023. Dans un tweet du 10 février, elle a écrit : « Les victimes du 7/10 n'ont pas été tuées à cause de leur judaïsme, mais en réaction à l'oppression d'Israël. La France et la communauté internationale n'ont rien fait pour l'empêcher. » Son commentaire était en réponse à une remarque du président français Emmanuel Macron qui a décrit l'opération Déluge d'al-Aqsa comme « le plus grand massacre antisémite de notre siècle ». Le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, et le ministre de l'Intérieur, Moshe Arbel, ont déclaré dans un communiqué commun que « si l'ONU veut redevenir un organsme compétent, ses dirigeants doivent désavouer publiquement les propos antisémites de leur 'envoyée spéciale – et la limoger immédiatement ».


Le Croissant rouge palestinien a tenu une marche avec des responsables et des ambulanciers dans la ville d'Hébron, le 11 février 2024, pour dénoncer les crimes à Gaza.


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Volume 54 Numéro 10 - 13 février 2024

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