Quand c'est l'Afrique du Sud qui porte plainte contre Israël devant la Cour internationale de justice

Dans une perspective juridique

Avant la décision du 26 janvier de la Cour internationale de justice (CIJ), Katherine Gallagher, avocate principale au Centre pour les droits constitutionnels (CCR) aux États-Unis, a accordé une entrevue à The Intercept au sujet de la cause qu'elle poursuit contre le président Joe Biden, intitulée Defense of Children International Palestine v Biden, et pourquoi il est important de noter que c'est l'Afrique du Sud qui a porté plainte contre Israël à la CIJ. La requête du CCR a été déposée le 13 novembre 2023 dans le district nord de la Californie au nom de deux organisations palestiniennes de défense des droits humains : Defense for Children International Palestine et Al-Haq, ainsi que trois plaignants de Gaza, et au nom de Palestiniens américains qui ont de la famille à Gaza. Le président américain Joe Biden, le secrétaire d'État Antony Blinken et le secrétaire à la Défense Lloyd Austin sont accusés d'avoir manqué à leur responsabilité légale d'empêcher le génocide des Palestiniens de Gaza par Israël et d'avoir été complices de ce génocide.

Voici les commentaires qu'elle a faits quelques jours avant la décision de la CIJ :

« La plainte déposée par l'Afrique du Sud contre Israël devant la Cour internationale de justice de La Haye est un document et un moment véritablement historiques. L'Afrique du Sud a replacé le génocide actuel dans le contexte de la Nakba et de l'action d'Israël depuis 1948, à travers l'occupation belligérante prolongée et le siège de Gaza au cours des 17 dernières années. En soi, c'était assez remarquable. Savoir qu'il s'agissait de l'Afrique du Sud, avec son histoire de lutte contre un régime d'apartheid colonialiste, était très important. Les Sud-Africains ont ressenti le poids de la responsabilité morale et ils se sont vraiment manifestés, non seulement sur le plan juridique, mais aussi avec coeur et amour. Ce que l'Afrique du Sud a fait de si beau, c'est qu'elle a fait valoir chaque élément juridique, tout en l'ancrant continuellement dans l'humanité et en expliquant ce dont il est question réellement dans cette affaire. Il s'agit de notre humanité partagée et c'est quelque chose que la Convention sur le génocide, en tant que reflet d'un engagement mondial à ne plus jamais cibler une population en raison de ce qu'elle est, ce mouvement mondial, et la question pour nous tous de savoir si oui ou non nous sommes vraiment engagés envers l'humanité mondiale, je pense que c'est ce qui est ressorti des trois heures de plaidoirie.

« En raison de l'urgence du moment, l'Afrique du Sud a demandé à la cour internationale de mettre en place certaines mesures provisoires pendant que l'affaire est jugée sur le fond. C'est la même chose que nous avons demandé à la Cour de Californie dans notre accusation de génocide contre le président Biden. Nous avons demandé une injonction préliminaire, car on ne peut pas ramener des vies humaines perdues au cours d'un génocide en obtenant une bonne décision trois ans plus tard.

« Si la CIJ devait statuer qu'il existe actuellement un risque sérieux de génocide, ou qu'un génocide est en cours, tous les États, et en particulier ceux qui ont la capacité d'influencer le comportement d'Israël, auront à prendre des mesures immédiates, sous peine d'être eux-mêmes en violation de la décision de la CIJ.

« Cela signifie que les États-Unis et tous les pays européens, l'Australie, les pays qui apportent un soutien militaire au génocide, doivent cesser de le faire. Et si l'ensemble de l'Union européenne, les États-Unis, l'Australie, le Canada et d'autres pays décident de ne tenir aucun compte de l'arrêt de la CIJ, cela remet en question la légitimité de l'ensemble du système juridique, ce qui n'est pas une mince affaire.

« Nous avons besoin d'une Cour internationale de justice qui soit indépendante, qui applique les faits à la loi de manière égale pour tous les peuples, qui protège tous les peuples et qui soit prête à demander des comptes aux puissants. Nous sommes à l'heure des comptes en matière de justice internationale et de responsabilité.

« Les ramifications des procédures de la CIJ se voient déjà, car elles obligent les États à choisir leur camp, celui de l'humanité ou celui de l'arrogance et de la destruction de l'autre. La décision concrète aura des effets encore plus importants, tant sur le plan juridique, sous la forme d'affaires potentielles au niveau national, que sur le plan diplomatique, où nous pourrions assister à des mesures visant à isoler Israël et à amener les pays à se comporter différemment, en ce qui concerne le degré de soutien qu'ils sont prêts à apporter à un régime qui tente de perpétrer un génocide contre le peuple palestinien. »


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Volume 54 Numéro 8 - 31 janvier 2024

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