Le Conseil de sécurité de l'ONU se réunit sur la Palestine

Le Conseil de sécurité des Nations unies s'est réuni le 23 janvier 2024 et a entendu plus de 60 intervenants, dont de nombreux ministres, qui ont discuté de la nécessité d'un cessez-le-feu humanitaire, de l'urgence d'augmenter l'aide, de l'importance de poursuivre une solution à deux États et de l'impératif d'éviter une nouvelle escalade régionale.

La réunion a débuté par un exposé d'Antonio Guterres, secrétaire général de l'ONU, qui a exigé la fin immédiate du « châtiment collectif du peuple palestinien » qu'il a attribuée à la réponse à ce qu'il a appelé « les horribles attaques terroristes lancées par le Hamas » dans lesquelles « plus de 1 200 Israéliens et d'autres personnes ont été tués et plus de 250 ont été pris en otage ». Antonio Guterres a choisi de se concentrer sur ce dernier point : « Rien ne peut justifier de telles attaques barbares », a-t-il souligné, exigeant la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages.

Le secrétaire général a complètement fermé les yeux sur l'échec de l'ONU à faire respecter les droits du peuple palestinien depuis la résolution de partage de la Palestine du 29 novembre 1947 qui a conduit à la création d'Israël et son échec à faire appliquer de nombreuses résolutions de l'ONU et des rapports d'organes de l'ONU détaillant les violations du droit international et des droits du peuple palestinien en toute impunité. Cette réalité n'a toutefois pas été négligée par les autres intervenants, à l'exception des États-Unis et d'autres partisans et apologistes du génocide israélien en cours à Gaza.

Le premier vice-ministre des Relations extérieures de Cuba, Gerardo Penalver, s'adressant au Conseil de sécurité des Nations unies le 24 janvier, a déclaré : « Il est temps de mettre un terme au génocide israélien contre le peuple palestinien. Nous réitérons notre demande sans équivoque d'un cessez-le-feu immédiat et de la fin du conflit. » Cuba a exigé que les États-Unis cessent d'empêcher le Conseil de sécurité de remplir son mandat, qui est de mettre fin au châtiment collectif du peuple palestinien. Cuba a soutenu l'appel à l'admission de la Palestine en tant que membre à part entière des Nations unies, ainsi que l'initiative visant à convoquer d'urgence une conférence de paix sous les auspices des Nations unies, axée sur la préservation des droits inaliénables de la Palestine. Gerardo Penalver a réitéré la proposition cubaine d'envoi d'urgence à Gaza d'une mission de protection internationale autorisée par l'Assemblée générale afin de garantir la sécurité et la protection des civils et de faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire d'urgence. Il a exigé le retrait total et inconditionnel d'Israël du plateau du Golan syrien et de tous les territoires arabes occupés, l'arrêt de l'agression contre la Syrie et a fermement condamné les attaques militaires menées par les États-Unis et leurs alliés contre le Yémen en violation du droit international.

Le ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Sergueï Lavrov, a déclaré : « Le Conseil de sécurité n'a pas été en mesure de formuler une réponse appropriée à ce défi crucial. Comme vous le savez, la raison en est la position des États-Unis, qui bloquent toutes les tentatives et initiatives visant à mettre fin à l'effusion de sang dans les territoires occupés. Nous sommes choqués par l'ingéniosité de la diplomatie américaine, qui oppose son veto aux résolutions de cessez-le-feu et exige ensuite une réduction de l'intensité des combats à Gaza. Cela lui donne manifestement carte blanche pour poursuivre la punition collective des Palestiniens. [...] L'incapacité de notre Conseil à prendre des mesures globales a abouti à une situation où l'escalade actuelle du conflit en Palestine s'est métastasée dans toute la région. Une fois de plus, cela se produit avec la complicité des États-Unis et de leurs alliés, dont la présence militaire au Moyen-Orient, comme dans d'autres parties du continent eurasien, crée des risques nouveaux et inacceptables pour la sécurité internationale. Nous condamnons fermement l'agression totalement injustifiée contre le Yémen, qui a été lancée sans l'aval du Conseil de sécurité de l'ONU et sous la houlette de Washington et de Londres. Les actions menées par les Anglo-Saxons constituent une menace directe pour la paix internationale et sapent l'ordre mondial fondé sur la suprématie du droit international universel et le rôle central des Nations unies, et non sur des « règles » qu'ils ont eux-mêmes élaborées. Nous condamnons également les bombardements israéliens en Syrie, y compris les frappes visant délibérément des organisations légalement présentes dans le pays à l'invitation de son gouvernement légitime. Les assassinats politiques doivent cesser. Une situation explosive existe à la frontière entre le Liban et Israël. »

Sergueï Lavrov a déclaré que la Russie « condamnait fermement les attaques perpétrées contre des civils en Israël le 7 octobre 2023 », tout en rejetant les appels « des représentants occidentaux, qui nous demandent de ne plus nous concentrer sur le moment présent mais sur le 'lendemain' du conflit israélo-palestinien, comme si l'escalade à Gaza avait cessé et que la situation dans cette région ne nécessitait plus l'attention du Conseil de sécurité ». Lorsque nous en arriverons à la discussion sur le « lendemain », a-t-il déclaré, l'avenir de la Palestine est avant tout l'affaire des Palestiniens. « Ce sont eux qui doivent décider de leur avenir, de qui les gouvernera et de la manière dont ils le feront. Je crois que nos collègues occidentaux décrivent cela comme une démocratie. L'application de décisions externes et de solutions d''ingénierie sociale', qui plaisent tant à nos collègues occidentaux, sont absolument inacceptables dans ce cas. »

« Le deuxième facteur clé, a poursuivi Sergueï Lavrov, est l'inviolabilité de la formule des deux États pour un règlement israélo-palestinien et l'impératif de sa mise en oeuvre rapide. [...] L'objectif de toute médiation internationale n'est pas d'interférer dans ces processus, ni de transformer la région en une plate-forme de rivalité géopolitique, mais de créer les conditions extérieures les plus favorables au rétablissement de la confiance entre les parties concernées. [...] À l'étape suivante, une conférence internationale sur le règlement du conflit au Moyen-Orient devra être convoquée. L'objectif est de proclamer un État palestinien et d'élaborer des mesures pour assurer la sécurité d'Israël et la normalisation de ses relations avec tous les pays arabes et musulmans en général. [...] Non seulement il est important que le Conseil de sécurité des Nations unies réaffirme qu'il n'y a pas d'alternative au cadre juridique international existant pour cette question des plus urgentes, mais il est également nécessaire qu'il définisse des moyens et des délais spécifiques pour agir. Il ne s'agit pas seulement d'obligations découlant des résolutions de l'Assemblée générale et du Conseil de sécurité des Nations unies, des principes de Madrid et d'autres décisions. Il s'agit de l'impératif moral de la communauté internationale, et nous demandons qu'il soit respecté. »

Ahmed Attaf, le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger de l'Algérie, a mis en garde contre les tentatives d'Israël de renforcer sa présence sur les ruines du projet national palestinien et a appelé à la convocation d'une conférence de paix internationale afin de trouver une solution définitive au conflit israélo-arabe sur la base de la formule à deux États.

Tanja Fajon, vice-première ministre et ministre des Affaires étrangères et européennes de la Slovénie, a appelé à un cessez-le-feu pour assurer la protection des civils. Seul un cessez-le-feu permettra l'acheminement de l'aide humanitaire et le retour en toute sécurité des déplacés. Elle a condamné l'idée d'un déplacement massif des populations de Gaza défendue par certains responsables israéliens et a exprimé se vives inquiétudes au sujet des conditions de vie des Palestiniens déplacés à l'intérieur de Gaza, ajoutant que « des gens sont constamment forcés de fuir, poussés vers des zones plus sécuritaires qui sont éventuellement bombardées ».

Le représentant de la Chine, Zhan Jun, a dit que la tragédie de Gaza est une atteinte à la conscience de l'humanité et une violation de la lettre du droit international. « Il n'y a pas de justification pour ce qui se passe et cela ne doit absolument pas continuer », a-t-il dit, rappelant le consensus au sein de la communauté internationale pour un cessez-le-feu immédiat. Une volonté ferme, des initiatives fortes et des actions efficaces de la part des Nations unies, y compris du Conseil de sécurité, sont nécessaires pour éteindre les flammes de la guerre et restaurer la paix. Il a aussi souligné qu'un cessez-le-feu immédiat doit être prioritaire et a appelé Israël à immédiatement cesser ses actions et ses attaques militaires tous azimuts contre Gaza. La solution de deux États est la seule voie pour la paix entre la Palestine et Israël, a dit le délégué qui s'est dit préoccupé par les propos tenus par des responsables israéliens qui rejettent désormais la solution de deux États. L'établissement de l'État palestinien doit être un processus irréversible, a-t-il dit, exprimant son appui à ce que la Palestine soit membre à part entière des Nations unies.

Ayman H. Safadi, vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères et des Expatriés de la Jordanie, a dit qu'Israël se moque du droit international, déplorant que ce Conseil n'ait pas encore réclamé de cessez-le-feu. En outre, cette instance tarde même à mettre en oeuvre sa propre résolution exigeant que les affamés puissent avoir accès à de la nourriture, les malades et les blessés aux médicaments et les enfants subissant des interventions chirurgicales pour des blessures causées par le bombardement aveugle de maisons, d'écoles, d'hôpitaux et d'abris, à l'anesthésie. Il a réaffirmé : « Arrêtez ce massacre. »

Hakan Fidan, ministre des Affaires étrangères de la Turquie, a jugé « honteux que la communauté internationale ne puisse arrêter le bain de sang en cours à Gaza et en Cisjordanie ». Il a souligné que les arguments de sécurité avancés par Israël pour mener cette guerre sont « peu convaincants », ajoutant que la situation à Gaza et en Cisjordanie démontre sans aucun doute qui a le plus besoin de sécurité et du droit de se défendre. Il s'est félicité à cet égard de l'examen desdites allégations par la Cour internationale de justice sur les violations par Israël de ses obligations en vertu de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide. « C'est un effort important pour protéger le peuple palestinien contre de plus grandes souffrances ».

Hossein Amir Abdollhahian, ministre des Affaires étrangères de l'Iran, a constaté que l'incapacité du Conseil à prendre en compte les crimes du régime israélien et de le tenir pour responsable est inacceptable. Il a souligné que les États-Unis empêchent le Conseil d'arrêter le génocide en cours à Gaza et d'imposer un cessez-le-feu. Il a exhorté le Conseil d'adopter une résolution définitive exigeant un cessez-le-feu immédiat, l'acheminement sans entrave de l'aide humanitaire et le retrait immédiat d'Israël de Gaza. Soulignant la nécessité de lever le blocus contre Gaza et de faciliter le retour des Gazaouis à leurs maisons, il a aussi demandé qu'Israël soit redevable pour ses crimes de guerre.

Abdallah Bou Habib, ministre des Affaires étrangères et des Émigrés du Liban, a fait valoir que 75 ans après la création d'Israël sur terre palestinienne, déplaçant la moitié de sa population vers des pays avoisinants, des solutions temporaires sont proposées alors que le conflit éclate à nouveau, comme lors du 7 octobre. Seule une solution à la question palestinienne permettra la sécurité, a-t-il dit, appelant la communauté internationale à exiger d'Israël qu'il mette fin à son occupation de terres palestinienne, libanaise et syrienne, conformément aux résolutions en ce sens et à l'Initiative de paix arabe de 2002. Aujourd'hui, Israël menace de poursuivre sa « guerre irresponsable » sans la perspective d'une paix durable, réduisant Gaza aux cendres pour éliminer le Hamas, a-t-il dit, déplorant que l'Occident ait donné un « chèque en blanc » à Israël et reste aveugle devant l'exécution de civils palestiniens.

Retno Marsudi, ministre des Affaires étrangères de l'Indonésie, a dit que le Conseil a le mandat de maintenir la paix internationale, pas de tolérer des guerres et le génocide, et a exhorté l'instance d'arrêter les horreurs vécus par les Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie. Mettant en garde contre la menace d'une guerre élargie au Moyen-Orient, elle a exigé un cessez-le-feu immédiat et permanent. Elle a affirmé qu'il était nécessaire que la Palestine devienne un membre à part entière des Nations unies, ce qui préparera le terrain pour un effort équitable et équilibré de la solution à deux États. L'envoi d'armes à Israël doit cesser, et celui-ci doit être tenu pour responsable de ses actions, a-t-elle dit, ajoutant qu'« aucune nation n'est à l'abri de la loi ».

Mohamad Hasan, ministre des Affaires étrangères de la Malaisie, a estimé que Gaza est à deux doigts d'une famine d'origine humaine. La famine est un acte de guerre et un crime de guerre. Israël agit en sorte que personne n'est en sécurité, même pas les enfants. Il a exigé un cessez-le-feu immédiat et qu'Israël soit redevable pour ses violations flagrantes du droit international. Il ne doit y avoir aucune réduction du territoire palestinien. Toute tentative d'usurper les terres des Palestiniens est une violation du droit international et mine davantage toute perspective d'une coexistence pacifique. Soulignant que bien que l'État d'Israël soit né des horreurs de la Deuxième Guerre mondiale, depuis 75 ans il inflige la même destruction délibérée au peuple palestinien. Maintenant, il poursuit son plan prémédité. Ce pogrom illégal et immoral d'annihilation totale doit inciter les membres du Conseil de sécurité des Nations unies à adopter une seule décision reconnaissant que ce qu'Israël commet est un génocide. Il est temps d'accepter l'État de Palestine en tant que membre à part entière des Nations unies.

Waleed El-Khereiji, vice-ministre des Affaires étrangères de l'Arabie saoudite, a constaté que les tensions s'exacerbent au Moyen-Orient alors que la machine de guerre israélienne continue d'attaquer des hôpitaux, des maisons et des lieux de culte en Cisjordanie. Soulignant que 30 000 Palestiniens ont perdu la vie en raison de l'escalade militaire sans relâche, il a demandé : « Comment cette tragédie peut-elle continuer sans qu'aucune mesure ne vienne arrêter le carnage et le châtiment collectif de civils sans défense ? » Les répercussions sur la sécurité régionale doivent être contenues, comme doivent l'être les opérations dans la mer Rouge, a-t-il dit. Soulignant la nécessité d'une solution durable qui prend en compte les origines de la crise, il a appelé le Conseil à agir pour qu'il y ait un cessez-le-feu et pour rétablir la paix. Il a évoqué la résolution de l'Assemblée générale appelant à un cessez-le-feu, ajoutant que le Conseil doit obliger Israël à respecter le droit international et mettre fin à la souffrance, soulignant la nécessité d'un cheminement crédible vers un État palestinien, favorisant la sécurité et la stabilité pour tous.

Le cheikh Jaber al-Ahmad Al-Sabah, vice-ministre des Affaires étrangères du Koweït, a déclaré que la principale raison du conflit est l'existence d'une occupation qui n'a aucune chance de prendre fin. Pour parvenir à une paix et une sécurité durables, la question doit être résolue selon les références convenues et les résolutions internationalement légitimes, en particulier les résolutions pertinentes du Conseil et l'initiative de paix arabe de 2002. Il s'est félicité de l'initiative prise par l'Afrique du Sud de saisir la Cour internationale de justice d'une plainte contre Israël pour génocide à l'encontre du peuple palestinien. La communauté internationale doit rejeter toute tentative de déplacer le peuple palestinien et d'exacerber le problème de réfugiés dont les droits doivent être respectés. « Le temps qui passe et les vagues de déplacements forcés ne peuvent priver le peuple palestinien frère du droit de retourner dans sa patrie », a-t-il déclaré.

Le représentant des Émirats arabes unis a appelé à un cessez-le-feu humanitaire immédiat à Gaza, ajoutant qu'il était temps que l'opinion minoritaire cesse d'empêcher que cela se produise.

L'observateur permanent de la Ligue des États arabes a noté que, lors de la réunion demandée par l'Algérie au nom de la Ligue des États arabes le 12 janvier 2024, les membres du Conseil ont unanimement rejeté l'intention déclarée d'Israël de transférer de force des personnes déplacées vers des pays de la région. Néanmoins, le Conseil n'a pris aucune mesure concrète pour mettre un terme à ces projets. Dans l'attente de l'adoption par le Conseil, dès que possible, d'une résolution claire appelant à un cessez-le-feu immédiat et prévoyant des mesures spécifiques pour mettre fin au transfert forcé des Palestiniens, il a également exhorté l'organe à faire face à toute tentative israélienne visant à détruire la solution des deux États.

Le représentant du Bahreïn, s'exprimant au nom du groupe arabe, a fermement rejeté la politique israélienne de punition collective imposée à la population de Gaza, rejetant toute tentative de déplacement forcé des Palestiniens de leur terre. Il a également condamné les pratiques illégales d'Israël en Cisjordanie, qui ne font qu'exacerber les tensions dans la région, ainsi que ses agressions répétées sur les territoires syrien et libanais. Il a appelé à l'urgence d'assurer l'indépendance de l'État de Palestine, avec Jérusalem-Est comme capitale, et a noté que la Palestine devrait se voir accorder le statut de membre à part entière des Nations unies. Il a souligné que la paix au Moyen-Orient passe par le retrait d'Israël de tous les territoires arabes occupés, y compris le Golan syrien occupé.

La représentante du Mexique a appelé les États membres à redoubler d'efforts pour limiter l'utilisation du droit de veto dans les situations d'atrocités de masse. Elle a exhorté les États qui ne l'ont pas encore fait à se joindre à l'initiative France-Mexique sur la restriction volontaire de ce pouvoir. Cette initiative a déjà recueilli le soutien de 106 États. Par ailleurs, elle a exprimé son soutien à l'organisation d'une conférence internationale pour une paix globale au Moyen-Orient.

Le représentant de l'Afrique du Sud a déclaré que « nous devons tous insister sur un cessez-le-feu global », notant que les punitions collectives infligées par Israël aux Palestiniens persistent depuis des décennies sans que des mesures efficaces soient prises pour protéger la vie des Palestiniens. Le droit international doit être appliqué de manière uniforme pour être crédible, a-t-il observé, soulignant que l'Afrique du Sud a présenté une requête à la Cour internationale de justice le 11 janvier afin d'obtenir justice pour le peuple palestinien. La requête vise à obtenir des mesures provisoires, y compris l'ordre pour Israël de mettre fin à sa campagne militaire à Gaza, a-t-il noté.

Le représentant du Pakistan a déclaré que les trois derniers mois avaient été marqués par le massacre de civils le plus brutal du XXIe siècle, ajoutant que ce massacre aveugle d'innocents et les souffrances imposées à la population s'apparentaient à un génocide, comme l'a affirmé le cas de l'Afrique du Sud devant la Cour internationale de justice. Malgré deux résolutions de l'Assemblée générale et des votes quasi unanimes du Conseil, la communauté internationale n'a pas réussi à mettre un terme au génocide en cours. Si la machine de guerre n'est pas stoppée, le conflit menace d'engloutir de nombreuses nations de la région, a-t-il averti. Les dirigeants extrémistes d'Israël poursuivent leur guerre brutale et rejettent la création d'un État palestinien, condamnant ainsi le Moyen-Orient à un conflit perpétuel, a-t-il déclaré, appelant le Conseil à envisager des mesures visant à inverser un « rejet délibéré de la paix » et à adopter une résolution entraînant la cessation des hostilités. Si les dirigeants israéliens refusent la paix, le Conseil et l'Assemblée générale doivent prendre des mesures pour leur demander des comptes, a-t-il déclaré, rappelant les précédents visant à persuader les États membres de se conformer aux décisions du Conseil et de l'Assemblée générale.

Le représentant de la Libye, notant les critiques d'Israël à l'égard des Nations unies, s'est demandé pourquoi ce pays participe même à des sessions comme celle d'aujourd'hui et pourquoi il ne se retire pas de l'organisation. L'Assemblée générale a récemment adopté, à une écrasante majorité, une résolution en faveur d'un cessez-le-feu. Le Conseil a également adopté une résolution sur la coordination de l'acheminement de l'aide humanitaire à Gaza. Cependant, les résultats sont inexistants. « Où est votre conscience ? », a-t-il demandé, notant que l'histoire enregistre tous ces échecs. Ceux qui sont restés silencieux devant ces massacres sont également restés silencieux devant le meurtre délibéré de femmes et d'enfants. « C'est une honte pour l'humanité », a-t-il déclaré.

Le représentant de l'Égypte, s'alignant sur le groupe arabe, a déclaré que la guerre à Gaza avait entraîné des atrocités dont l'humanité n'avait pas été témoin depuis des siècles. Elle n'a épargné personne, pas même les morts, dont les tombes ont été dégradées et les corps exhumés. Appelant à un arrêt immédiat de la guerre, qui risque de déborder, il a ajouté que la situation en mer Rouge ne peut être traitée séparément de la guerre dans le territoire palestinien occupé. Il a donc réitéré son appel à un cessez-le-feu immédiat et à la mise en oeuvre de la résolution 2720 (2023). Ceux qui ont cru que l'occupation était viable et que les problèmes de sécurité pouvaient être résolus uniquement par des moyens militaires ont été induits en erreur, a-t-il déclaré, soulignant la nécessité de réexaminer la « solution unique » : la création d'un État palestinien ayant Jérusalem-Est pour capitale. Il a ajouté que cette solution faisait l'objet d'un consensus international et qu'il n'y avait qu'une seule voix discordante, celle d'Israël.

Le représentant du Vietmam a déclaré que le bilan effarant du conflit à Gaza, qui a fait 25 000 morts parmi les Palestiniens, principalement des femmes et des enfants, mettait en évidence la nécessité d'un cessez-le-feu immédiat. S'alarmant des dégâts considérables causés aux infrastructures civiles, du déplacement de la majorité de la population et des graves pénuries de produits de première nécessité, il a condamné toutes les attaques aveugles menées contre les civils et les infrastructures essentielles. Dans ce contexte, il a déclaré que la réponse du Conseil avait été insuffisante, ajoutant que les résolutions qu'il avait adoptées n'ont pas permis d'endiguer la vague de destruction et de souffrance. Il a exhorté le Conseil à s'attaquer d'urgence à la crise en protégeant les civils et en garantissant l'acheminement de l'aide humanitaire. Il a souligné la nécessité de maintenir la stabilité régionale et a réitéré le soutien de son pays à une solution à deux États, pierre angulaire d'une paix durable au Moyen-Orient.

De passage en Turquie le 24 janvier, le président iranien Ebrahim Raeisi a appelé à la réforme des Nations unies et des autres organismes mondiaux, expliquant que les organisations internationales ont échoué à l'épreuve de Gaza et ont montré qu'elles n'étaient plus efficaces. « C'est une grande tragédie que les États-Unis soutiennent officiellement le régime sioniste. En fait, ce sont les États-Unis qui commettent ces crimes, et il est encore plus regrettable que les syndicats, les organisations internationales et les Nations unies aient perdu leur efficacité et soient incapables d'empêcher les crimes qui sont devenus évidents pour tout le monde. » Il a déclaré que l'occupation israélienne doit arrêter et que les Israéliens doivent verser des réparations pour 75 ans de crimes contre les Palestiniens.


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Volume 54 Numéro 7 - 26 janvier 2024

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