Les arguments de l'Afrique du Sud devant la Cour


L'Afrique du Sud présente ses arguments devant la Cour internationale de justice, le 11 janvier 2024.

Le 11 janvier, le Palestine Chronicle a publié un article détaillé intitulé « L'Afrique du Sud accuse Israël d'intention génocidaire à Gaza ». Il souligne que l'équipe juridique sud-africaine a clairement démontré à la Cour internationale de justice (CIJ) :

1) « La preuve de l'intention génocidaire» en citant des déclarations de responsables gouvernementaux et des vidéos dans lesquelles les forces militaires israéliennes expriment une compréhension claire de la mise en uvre de cette intention à travers leurs actions meurtrières.

2) Des preuves évidentes qu'Israël « commet des actions qui relèvent de la définition des actes de génocide », en violation de l'article II de la Convention de Genève, et qu'il adopte « un comportement systématique dont on peut déduire qu'il s'agit d'un génocide ». Même les soi-disant avis d'évacuation émis par Israël avant les frappes aériennes et terrestres ont été émis et exécutés d'une manière qui témoigne d'une intention génocidaire, et non d'une considération humanitaire pour la population civile.

3) La compétence de la CIJ

4) Que le « droit d'existence » des Palestiniens de Gaza est menacé et le droit à l'existence de la nation palestinienne en tant que tel est aussi menacé. Pour situer le droit à l'existence et les menaces qui pèsent sur ce droit, « la Cour doit comprendre que la requête de l'Afrique du Sud s'inscrit dans un contexte particulier », a expliqué Max Du Plessis, avocat et professeur de droit.

5) Que ce qui se passe actuellement à Gaza n'est pas correctement défini comme un simple conflit entre deux parties. Il s'agit plutôt d'actes destructeurs perpétrés par une puissance occupante, Israël, qui soumet le peuple palestinien à une violation oppressive et prolongée de son droit à l'autodétermination depuis 56 ans. Et ces violations, a déclaré M. Du Plessis, « se produisent dans un monde où Israël se considère depuis des années comme au-delà et au-dessus de la loi ».

6) Qu'« il est urgent de prendre des mesures provisoires pour protéger les Palestiniens de Gaza contre des torts irréparables causés par les violations de la Convention sur le génocide commises par Israël ». Il souligne que le génocide actuel dépasse de loin, par sa portée et son ampleur, les affaires antérieures dans lesquelles la CIJ s'est prononcée et a effectivement constaté que les faits démontraient un génocide.

7) Que la décision immédiate requise par la CIJ concernait « la question des mesures conservatoires à prendre en attendant sa décision finale sur le fond». Le professeur Vaughan Lowe a déclaré : « Israël affirme que la Palestine et les Palestiniens ne sont pas sa cible et que son objectif est de détruire le Hamas. Mais des mois de bombardements continus, durant lesquels des immeubles entiers sont détruits et  toute une population est privée de nourriture, d'eau, d'électricité et de moyens de communication, ne peuvent être considérés de manière crédible comme une chasse à l'homme visant les membres du Hamas.

« Il s'agit d'une campagne aveugle, qui tue, mutile et terrorise l'ensemble de la population de Gaza sans se soucier de d'innocence ou la culpabilité, qui détruit les maisons et les villes dans lesquelles elle vit [...] et qui anéantit toute possibilité pratique qu'elle revienne s'installer au milieu des décombres ».

Les actions préliminaires spécifiques demandées par l'équipe juridique sud-africaine sont les suivantes :

- une ordonnance de la Cour pour la « suspension immédiate » des opérations militaires d'Israël à l'intérieur et à l'encontre de Gaza ;

- que toute unité militaire ou armée irrégulière ne prenne aucune mesure pour poursuivre les opérations militaires susmentionnées ;

- que l'Afrique du Sud et Israël prennent des mesures raisonnables en leur pouvoir pour prévenir le génocide ;

- qu'Israël soit prié de présenter à la Cour un rapport sur toutes les mesures prises pour donner effet « à la présente ordonnance dans un délai d'une semaine à compter de la date de la présente ordonnance et, par la suite, à intervalles réguliers ordonnés par la Cour, jusqu'à ce que celle-ci rende une décision définitive, et que ces rapports soient publiés par la Cour ».


Équipe juridique de l'Afrique du Sud après sa présentation à la Cour internationale
de justice, 11 janvier 2024


Cet article est paru dans
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Volume 54 Numéro 4 - 12 janvier 2024

Lien de l'article:
https://cpcml.ca/francais/Lml2024/Articles/LS54042.HTM


    

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