Journée internationale des migrants

Les travailleurs migrants exigent que le Canada respecte leurs droits

L'Alliance internationale des migrants (Canada), en collaboration avec le Réseau des droits des migrants et d'autres organisations, a appelé à des actions partout au Canada le 18 décembre, Journée internationale des migrants, pour exiger que le Canada respecte les droits des travailleurs migrants. Des actions ont eu lieu à Saguenay, Chicoutimi, Rimouski, Québec et Montréal, ainsi qu'à Toronto, Calgary et Vancouver.

Les politiques d'immigration racistes du Canada ont été vigoureusement dénoncées, tout comme les récents changements visant à réduire le nombre d'immigrants, d'étudiants étrangers, de travailleurs étrangers temporaires et de réfugiés acceptés par le Canada. Les participants aux actions ont exigé l'annulation de ces politiques gouvernementales injustes. Ils ont également exigé la reconnaissance et la garantie des droits des migrants à des conditions de travail sûres, à des salaires leur permettant de vivre, ainsi qu'à leurs familles, et à des programmes sociaux tels que la garde d'enfants, les soins de santé et les aides sociales.

L'annonce récente que le Canada dépensera 1,3 milliard de dollars pour renforcer la sécurité aux frontières a également été dénoncée. Les immigrants, les réfugiés et les étudiants étrangers ne rendent pas la société moins sûre, bien au contraire, mais cette campagne vise à criminaliser les migrants et les demandeurs d'asile pour apaiser le futur président américain Donald Trump et intégrer davantage le Canada à l'économie de guerre et à l'appareil de « sécurité » des États-Unis.

Les intervenants ont également souligné que le Canada, emboîtant le pas aux impérialistes américains, se livre à des actes d'agression et de guerre qui chassent les gens de chez eux, créant ainsi la crise des réfugiés, mais n'assume aucune responsabilité pour les conséquences de ses actes. Au lieu de cela, le gouvernement canadien s'en prend à ceux qui viennent au Canada pour y chercher refuge et sécurité.

La situation critique des étudiants internationaux a également été soulignée. Des étudiants ont expliqué qu'on les avait incités à venir au Canada en leur promettant la résidence permanente. Sur la base de cette promesse, leurs familles ont fait de grands sacrifices pour les envoyer au Canada, où ils sont confrontés à une réalité très différente. Les intervenants ont souligné que les étudiants étrangers contribuent à l'économie canadienne à hauteur de plus de 31 milliards de dollars par an et qu'ils occupent de nombreux emplois qui permettent à l'économie de fonctionner. Les changements récents apportés aux règles régissant les étudiants internationaux signifient que les permis de travail de centaines de milliers d'entre eux qui se trouvent actuellement au Canada expireront d'ici à la fin de 2025 et qu'ils risquent l'expulsion. Les orateurs ont dénoncé ces changements brutaux et arbitraires ainsi que les interventions du gouvernement et des médias qui accusent ouvertement les étudiants internationaux et les travailleurs migrants d'être responsables des crises du logement, de l'éducation et des soins de santé. Il s'agit d'une désinformation visant à dissimuler le fait que ces crises sont le résultat de décennies de destruction antisociale des programmes sociaux par les gouvernements eux-mêmes, au service d'intérêts privés étroits.

Par leurs actions, les organisations de défense des migrants ont affirmé que les travailleurs migrants, qui font partie de la classe ouvrière canadienne, défendent leurs droits en tant qu'êtres humains et exigent que l'État canadien fasse respecter leurs droits.

Actions à Montréal

Deux actions ont eu lieu à Montréal le 18 décembre. La première était une conférence de presse devant les bureaux d'immigration du gouvernement fédéral au Complexe Guy-Favreau, organisée par le Centre des travailleurs immigrants (CTI). Il s'agissait de souligner l'énorme contribution des travailleurs migrants, des étudiants internationaux, des réfugiés, des demandeurs d'asile et des travailleurs sans papiers à la société canadienne et d'exiger que les gouvernements et les médias monopolisés mettent fin à leurs attaques contre les sections les plus vulnérables de la population.

L'un des orateurs était Denis Bolduc, secrétaire général de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec. Il a condamné les permis de travail fermés auxquels la plupart des migrants sont contraints. Les assimilant à une forme d'esclavage moderne, il a dit qu'« il ne peut y avoir deux classes de travailleurs au Québec »[1]. La FTQ rapporte que le gouvernement de la Coalition Avenir Québec (CAQ) a annoncé, lors de la Journée internationale des migrants, pour le comble, qu'il suspendait l'acceptation des demandes dans le cadre de son Programme pour les réfugiés à l'étranger (parrainage collectif) jusqu'au 30 juin 2025, par le biais d'un arrêté ministériel.


Denis Bolduc, secrétaire général de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec ; Claire Launay, présidente de l'Organisation Le Québec c'est aussi nous (LQCNA)

Claire Launay, présidente du groupe de défense des droits Le Québec c'est aussi nous (LQCNA), a souligné que « les gouvernements québécois et fédéral ont accumulé les mesures anti-immigration » et que son organisation « tente de sensibiliser la population à l'agression dont nous avons été victimes ». Elle a ajouté que « cette dernière année et demie a été particulièrement difficile » pour les immigrants, accusant les gouvernements de les utiliser « comme bouc émissaire pour leurs propres lacunes politiques », que ce soit en matière de logement, de soins de santé ou d'éducation[2].

Parmi les autres organisations représentées à la conférence de presse figuraient Migrante Québec, l'Association pour les droits des travailleurs domestiques et agricoles (RHFW)[3], Amnistie internationale Canada francophone[4] et la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI)[5].

Après la conférence de presse, les participants ont marché jusqu'aux bureaux d'immigration du gouvernement du Québec sur le boulevard Saint-Laurent, où ils ont écouté un certain nombre de témoignages. Sergio, un travailleur migrant du Brésil, a fait remarquer : « Nous entendons souvent dans les médias un discours anti-immigrant visant à diviser et à nous rendre responsables de tous les problèmes. En 2022, je me souviens d'un homme politique qui disait que 80 % des immigrés ne travaillaient pas. » Il a ajouté : « Regardez autour de vous. Tout ce que vous voyez ici – les rues, les écoles, les hôpitaux, les bâtiments et même les bureaux du MIFI [Ministère de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration] – tout cela a été construit par des travailleurs immigrés. Nous faisons partie de cette société. Nous sommes ici dans les écoles, les hôpitaux, sur les chantiers, dans le commerce. Sans nous, cette société s'arrêterait[6]. »

À 16 h le même jour, des représentants d'organismes de défense des migrants se sont succédé au micro au métro Parc-Ex. Maxime Thibault-Leblanc du Réseau d'aide aux travailleuses et travailleurs migrants agricoles du Québec (RATTMAQ) a rappelé qu'il y a 50 ans, en 1974, le Canada signait pour la première fois un accord avec le Mexique pour que des Mexicains travaillent dans le secteur agricole québécois[7], accord qui a permis aux travailleurs québécois et canadiens de toucher des salaires de misère pendant des décennies. Il a ajouté que la production agricole au Québec a toujours dépendu de l'exploitation de ces travailleurs qui passent des mois à travailler ici chaque année.

Pendant 50 ans, a-t-il poursuivi, les gouvernements ont tenu ces travailleurs à l'écart du reste de la société, les ont exclus et les ont empêchés de s'installer ici de façon permanente. Le travail du RATTMAQ auprès des travailleurs agricoles migrants, a-t-il noté, révèle la faillite des systèmes, qui se traduit par les plaintes des travailleurs, leur détresse et leur précarité. Il a réclamé l'accès à la résidence permanente et le droit à la syndicalisation.

Sohnia Karamat Ali, du Comité d'action de Parc Extension (CAPE), a décrit Parc Extension comme un « quartier très diversifié qui n'a cessé d'accueillir différentes vagues de migrants [venant] de partout dans le monde »[8]. Elle a dénoncé l'échec de l'État, au fil des ans, à offrir des logements décents et abordables aux immigrants à travers le Québec et le Canada.

« Ils ne se battent pas seulement pour un logement décent », a-t-elle déclaré à propos des migrants qui se battent pour obtenir un statut d'immigrant. Elle a souligné que « sous le capitalisme néolibéral », les gouvernements ne respectent pas les droits des personnes marginalisées et des travailleurs, des droits fondamentaux qui appartiennent à tous, quel que soit leur statut. « Ici, aujourd'hui, a-t-elle dit, nous soutenons fermement cette campagne de régularisation ... et nous demandons des logements sociaux pour tous les locataires à faibles revenus. » Elle a ajouté qu'« au lieu de blâmer l'immigration ou les immigrants pour la crise du logement », les gouvernements doivent garantir tous les droits fondamentaux à tous les êtres humains et leur offrir une voie vers la résidence permanente.

Loin d'être la cause de la crise économique, a déclaré une organisatrice de Migrante Québec, « la main-d'oeuvre immigrée a souvent été l'élément vital qui a permis à l'économie de fonctionner, comme cela a certainement été démontré pendant la pandémie ». « Les migrants et les réfugiés ont le droit de défendre leurs droits, et les travailleurs du Canada doivent reconnaître que leur lutte est liée à cette même lutte », a-t-elle poursuivi. Elle a dit que le gouvernement canadien « doit mettre fin à l'exploitation des étudiants étrangers, des réfugiés et des travailleurs migrants » et que les employeurs qui exploitent les travailleurs migrants doivent être sanctionnés.

La représentante de Migrante Québec a conclu : « Le Canada doit assumer la responsabilité de son rôle dans le déplacement des populations à l'échelle mondiale et cesser d'utiliser la migration comme un outil de destruction capitaliste. Nous sommes solidaires des travailleurs, qu'ils soient migrants ou nés au Canada, dans leur lutte contre le système qui nous exploite tous. Aujourd'hui, nous disons : Rien ne bouge sans nous ! Nous sommes des travailleurs ! Nous ne sommes pas jetables ![9] »

Chaudière-Appalaches



Toronto



Notes

1. « 18 décembre : Journée internationale des migrants », FTQ, 18 décembre 2024

2. Le Québec c'est nous aussi, 18 décembre 2024

3. « End Migrant Worker Unfreedom Strategic Litigation : Constitutional Class Action », Association pour les droits des travailleurs domestiques et agricoles

4. « Protéger les droits humains des migrants », Amnistie internationale Canada francophone

5. Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI)

6. Voir la vidéo de la TCRI

7. Réseau d'aide aux travailleuses et travailleurs migrants agricoles du Québec, 19 décembre 2024

8. Comité d'action de Parc-Extension, Rien ne bouge sans nous, 18 décembre 2024

9. Migrante Québec, Rien ne bouge sans nous, 18 décembre 2024

(Photos et captures d'écran : LML, Le Québec c'est nous aussi, FTQ, CSN, Migrante Québec)



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Volume 54 Numéro 12 - Décembre 2024

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