De mal en pis: les plans des gouvernements
fédéral
et provinciaux pour l'immigration
Le ministre de l'Immigration informe le Comité permanent de la Chambre
Les étudiants internationaux et les membres de la communauté
marquent 100 jours de campement de protestation à Brampton pour
exiger la justice pour les étudiants internationaux et rejeter
les plans du gouvernement visant à faire expirer les permis de
travail de centaines de milliers d'étudiants actuellement au
Canada d'ici la fin de 2025, date à laquelle ils seront
confrontés à la déportation. Le 7 décembre 2024.
Le ministre de l'Immigration, Marc Miller, a comparu devant le Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration le 25 novembre pour discuter du travail de son gouvernement en matière d'immigration au Canada. Son témoignage a confirmé à quel point le gouvernement agit de façon intéressée, comment il utilise et rejette les personnes qu'il fait venir au Canada et manifeste un mépris total pour les droits humains et pour la vie des êtres humains et de leurs familles.
Marc Miller avoue d'emblée que l'objectif du gouvernement est d'attirer « certains des meilleurs et des plus brillants du monde à venir étudier et travailler au Canada ». Il a commencé sa présentation du « Plan des niveaux d'immigration 2025-2027 et du budget supplémentaire des dépenses (B) » en expliquant : « En réponse à la récente pandémie mondiale et aux pénuries de main-d'oeuvre, nous avons mis en oeuvre des mesures temporaires pour inciter certains des meilleurs et des plus brillants du monde à venir étudier et travailler au Canada. Ces mesures nous ont aidés à traverser une période très difficile, à éviter une récession et à accélérer notre reprise. »
Le ministre a ensuite présenté l'argument du gouvernement, voulant qu'hier, c'était hier, et qu'aujourd'hui, c'est aujourd'hui et que ces mesures ne sont plus nécessaires. Il a dit :
« Aujourd'hui, l'économie canadienne a évolué. Bien que les nouveaux arrivants restent essentiels pour notre économie et remplissent des rôles cruciaux dans les soins de santé, les métiers et d'autres secteurs, nous reconnaissons la nécessité d'interrompre la croissance démographique et de ramener cette dernière à des niveaux prépandémiques. C'est pourquoi nous avons adopté une approche globale pour protéger l'intégrité de notre système d'immigration et assurer une croissance durable. »
Pas un mot sur les êtres humains en question ni sur leurs besoins. Tout tourne autour de ce qui est utile. Selon Marc Miller, pour la première fois, le Plan des niveaux d'immigration 2025-2027 « comprend des objectifs pour les résidents temporaires, y compris les étudiants étrangers et les travailleurs étrangers temporaires, en plus des objectifs pour les résidents permanents ». Il a dit que cette approche tient compte « des besoins économiques, tout en atténuant les pressions qui s'exercent actuellement sur le logement, les infrastructures et, bien évidemment, les services sociaux ».
Les activistes qui travaillent dans le domaine de la défense des droits des migrants et des étudiants étrangers qui subissent les attaques du gouvernement disent qu'ils savent pourquoi le gouvernement Trudeau agit ainsi maintenant. Ils disent que c'est uniquement parce la maltraitance du gouvernement envers les étudiants internationaux, les travailleurs étrangers temporaires et les demandeurs d'asile qui sont privés de leurs droits et ensuite blâmés pour l'offensive antisociale du gouvernement a été démasquée. Après avoir rompu toutes les promesses faites aux étudiants internationaux, aux travailleurs étrangers temporaires et aux travailleurs sans papiers, et avoir failli à ses responsabilités de faire respecter le droit au logement, à l'éducation, aux soins de santé et à d'autres services sociaux, le gouvernement Trudeau tente de faire porter aux migrants, aux réfugiés et aux étudiants internationaux la responsabilité des conséquences de son offensive antisociale.
Le ministre a souligné que pour ce qui est de son Budget supplémentaire des dépenses, les principales mesures concernent le gouvernement du Québec qui, a-t-il dit, « subit des pressions disproportionnées en ce qui concerne l'accueil des demandeurs d'asile ». Il a dit que c'est pourquoi le gouvernement Trudeau avait alloué 750 millions de dollars pour le rembourser et indiqué que « le budget supplémentaire des dépenses (B) prévoit 91 % de cette somme ».
Marc Miller a ensuite dit que grâce au Programme d'aide au logement provisoire, « nous remboursons les provinces, les territoires et les municipalités qui fournissent un logement aux demandeurs d'asile, en particulier pendant les mois d'hiver ». Il n'a pas dit comment les demandeurs d'asile se trouvent un logement le reste de l'année.
Le ministre a également indiqué que par le biais du Programme fédéral de santé intérimaire « nous fournissons les soins de santé nécessaires aux réfugiés et aux demandeurs d'asile jusqu'à ce qu'ils soient admissibles à la couverture provinciale ou territoriale ».
Pour ce qui est du nombre croissant d'étudiants étrangers demandant asile, il a dit que « ces demandes ont peu de chances d'être acceptées, compte tenu de leurs conditions ». Néanmoins, « ils ont le droit de recourir à une forme de procédure régulière dans ce pays ». Sur la question de l'efficacité de ce processus, il a encouragé tout le monde à suivre le débat au cours des prochaines semaines « au cours desquelles nous proposerons d'autres amendements au système d'immigration et au système d'octroi de l'asile »[1].
Le 100e jour du campement de Brampton souligné le 7 décembre
2024
Marc Miller a rappelé que tous les autres partis de la Chambre des communes avaient voté contre les réformes en matière d'asile du gouvernement Trudeau lors du budget fédéral 2024. Il a commenté que ces réformes sont semblables à celles proposées par le Parti conservateur quelques années auparavant, mais que maintenant, à des fins électoralistes, les Conservateurs avaient choisi de « faire de la politique à ce sujet ».
Le gouvernement Trudeau est en déni total face au génocide qui se déroule à Gaza et à l'échec de ses soi-disant mesures spéciales temporaires qui devaient aider les familles élargies des Canadiens palestiniens qui s'y trouvent. Salma Zahid, députée libérale de Scarborough-Centre, a demandé au ministre s'il allait y avoir un programme semblable pour les familles élargies des Canadiens d'origine libanaise qui viennent au Canada.
Mark Miller a répondu que le Liban était unique, puisqu'il s'y trouve « un nombre important de citoyens et de résidents permanents canadiens », ce qui fait que le gouvernement doit se concentrer « sur eux et sur les ressources nécessaires pour les évacuer, si la situation devait s'aggraver ».
Quant aux citoyens libanais présents au Canada, le ministre a informé qu'il avait annoncé « un certain nombre de mesures » comme « la prolongation de leur visa » et que « les renvois vers le Liban ont fait l'objet d'un report administratif ».
La députée Salma Zahid a ensuite changé de sujet et a souligné le fait que le budget supplémentaire des dépenses (B) comprenait « des fonds pour le Programme fédéral de santé intérimaire » et a posé une question sur l'importance des demandes de budget et quelles pourraient être les conséquences si elles n'étaient pas approuvées.
Marc Miller a répondu que les conséquences « seraient assez dévastatrices » dans certaines situations « en ce qui concerne les prestations provisoires de santé » pour les demandeurs d'asile et que « nous devons veiller à ce que ces personnes ne se voient pas refuser une couverture médicale pendant que nous les intégrons aux systèmes provinciaux ». Il a informé que l'approbation devait être accordée avant la mi-décembre. [Le Parlement a finalement approuvé les 21,6 milliards de dollars de dépenses publiques lors d'un vote tardif à la Chambre des communes le 10 décembre, le dernier jour où les fonds pouvaient être votés – Note de la rédaction].
Un autre enjeu de la plus haute importance, selon le ministre, est l'engagement envers le gouvernement du Québec que nous avons pris : « le remboursement au Québec de certaines des dépenses qu'il a engagées en assumant une part disproportionnée des demandeurs d'asile qui sont entrés dans le pays ».
« Le Budget supplémentaire des dépenses (B) contient également un financement pour le programme d'aide au logement provisoire », a ajouté Salma Zahid, qui a demandé au ministre de parler davantage de l'aide que son gouvernement a apportée à des villes telles que Toronto.
« Les personnes sont naturellement attirées par les grands centres urbains », a dit Marc Miller. « Étant donné que Pearson et Trudeau sont de grands aéroports, les personnes s'installent à Montréal et à Toronto, et de plus en plus en Ontario ». Il a dit : « Nous devons nous assurer non seulement que le gouvernement de l'Ontario est présent à la table des négociations, mais aussi que nous soutenons les municipalités qui assument une grande partie de ce fardeau sans bénéficier des leviers financiers dont disposent les provinces et le gouvernement fédéral. »
Quand un gouvernement qui a complètement intégré le Canada à la
machine de guerre des États-Unis, qui fournit des milliards de
dollars aux plus grands monopoles dans le cadre de stratagèmes
pour payer les riches et qui se plie aux ordres de l'oligarchie
financière mondiale qualifie de fardeau les migrants qui
contribuent tant à l'économie et au tissu social du Canada, cela
dit tout.
Note
1. Les demandes d'asile émanant d'étudiants internationaux s'élèvent à 33 985 sur la période 2018-2024 sur 1 747 940 permis d'études, soit 1,94 % de l'ensemble des étudiants internationaux. Le nombre de demandes d'asile a augmenté ces dernières années, en même temps que le nombre d'étudiants internationaux. En 2024, environ 14 000 étudiants ont demandé l'asile. Il n'est guère surprenant que le nombre de demandes d'asile ait augmenté compte tenu des guerres, des conflits et des crises humanitaires qui sévissent dans le monde. Ce n'est pas non plus surprenant compte tenu de la situation désespérée que les institutions et les gouvernements avec leurs fausses promesses ont imposée aux étudiants internationaux. Leurs familles endettées, confrontés à des frais de scolarité exorbitants, à des loyers et à d'autres coûts de la vie, les étudiants internationaux ne peuvent pas faire une pause dans leurs études pour gagner de l'argent, sous peine d'être expulsés. « Nous voulons que vous restiez », a-t-on dit aux étudiants internationaux, et maintenant le gouvernement dit : « Nous ne voulons plus de vous une fois que vous avez obtenu votre diplôme, payé des frais de scolarité exorbitants, travaillé comme des travailleurs mal payés et été exploités jusqu'à l'os. » Ce sont les gouvernements et les institutions qui doivent être tenus responsables des fraudes, pas les étudiants internationaux.
(Avec des informations du Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration, CBC News)
Cet article est paru dans
Volume 54 Numéro 12 - Décembre 2024
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