Grande-Bretagne
Les fermiers manifestent contre les «répercussions» des changements à «l'impôt sur les successions» du gouvernement travailliste
Défilé des tracteurs de fermiers à Whitehall, à Londres, le 11
décembre 2024
Les fermiers partout en Grande-Bretagne manifestent contre les changements à l'impôt sur les successions du gouvernement proposés par la chancelière Rachel Reeves. Le gouvernement travailliste a imposé une taxe sur la succession de 20 % sur les biens agricoles excédant 1 million de livres. L'augmentation entre en vigueur en avril 2026.
Les fermiers sont confrontés à une question fondamentale, comme l'est la classe ouvrière d'Angleterre, d''Écosse et du Pays-de-Galles ainsi que du nord de l'Irlande que les dirigeants britanniques continuent de déclarer leur, celle de la prise en charge du pouvoir décisionnel par les intérêts privés étroits. C'est ce que représente le Parti travailliste, tout comme les autres partis cartellisés qui sont présentés comme des « choix » lorsque les gens participent à l'élection de nouveaux gouvernements.
Cette politique de payer les riches obligera des familles agricoles à vendre leurs fermes, en totalité ou en partie, pour payer les nouvelles factures d'impôts, menaçant de déstabiliser les fermes, petites et moyennes, ce qui aura des répercussions disproportionnées sur les communautés rurales qui dépendent de l'agriculture.
Le 19 novembre, le Syndicat national des fermiers (SNF) a appelé des milliers de fermiers à manifester devant le Parlement à Londres. Parmi les actions étaient des rencontres de 1 800 membres du SNF avec les députés pour les inciter à abroger cette mesure. Il y a aussi eu des manifestations publiques où les manifestants ont mené des actions symboliques, telles que diriger des enfants sur des tracteurs en jouet et portant des chandails avec des slogans. Hormis l'action comme telle, des manifestants ont conduit leurs tracteurs dans les rues de Westminster.
Le 11 décembre, plus de 600 tracteurs ont paradé bruyamment dans les rues de Westminster pour manifester contre les impacts du budget d'automne sur l'agriculture. Organisé par Save British Farming et Kent Fairness for Farmers, le rassemblement a mis en lumière la frustration grandissante des fermiers qui croient que les politiques gouvernementales menacent l'avenir de l'agriculture britannique et de leur moyen de subsistance.
Les fermiers sont arrivés d'aussi loin que Exmoor, Worcestershire, Somerset et l'Isle of Wright. Bien que le SNF n'y ait pas officiellement participé, son président Tom Bradshaw a exprimé son appui à la cause, reconnaissant la colère qui gronde dans la communauté agricole et exhortant le gouvernement à se réveiller.
Farmers Weekly rapporte : « De façon simultanée, les fermiers de Yorkshire et de Wales ont organisé leurs propres manifestations, ajoutant leur voix aux appels au changement. À York, plus de 120 tracteurs ont défilé dans le centre-ville lors d'un rassemblement ayant comme mot d'ordre 'Sauvons les fermes familiales'. Entretemps, les fermiers du Pays-de-Galles se sont rassemblés devant le Senedd à Cardiff, dénonçant les politiques de l'administration travailliste du Pays-de-Galles, qui, selon eux, menacent l'agriculture. »
Les manifestations sur les changements aux impôts arrivent alors que des actions ont eu lieu plus tôt cette année pour exiger un soutien à la production alimentaire et pour exprimer les préoccupations grandissantes face à l'avenir de l'agriculture[1].
La crise agricole s'exacerbe en Grande-Bretagne et partout en Europe, alors que les coûts augmentent pour l'énergie, les fertilisants et le transport, tandis que la valeur à la ferme diminue. Les oligopoles de l'agroalimentaire ont le pouvoir de manipuler les prix des terres, des matières premières, en passant par le bétail, la nourriture pour bétail et les fertilisants, tandis que les supermarchés fixent des prix inférieurs aux coûts de production. Dans leurs efforts pour prendre le contrôle de la terre et de la production, les oligopoles poussent les petits producteurs à la faillite.
La compétition pour les marchés et le contrôle des régions et des routes commerciales est aussi sans précédent et est liée de près aux préparatifs de guerre. Les sanctions et les embargos des États-Unis/OTAN sur le pétrole et le gaz russes ont été un facteur, tandis que les fertilisants en provenance de l'Ukraine et de la Russie sont l'objet de rivalités, tout comme le retrait des quotas et les frais de douane sur les produits ukrainiens.
Mais les fermiers de l'Inde, des pays européens, des États-Unis, du Canada et d'ailleurs dans le monde se lèvent à la défense de leurs fermes et pour exiger un contrôle sur les décisions qui ont un impact sur leur vie. D'autres actions récentes sont celles des fermiers bulgares qui ont dressé des barrages routiers à Sofia pour exiger du gouvernement un soutien face aux coûtes de l'énergie et des fertilisants à la hausse et de l'aide face aux réglementations de l'UE. Les fermiers en France, en Italie et en Grèce ont organisé des manifestations contre les politiques agricoles, les importations bon marché et les coûts à la hausse.
En dépit de la destruction des forces productives, l'agriculture est toujours essentielle à la production alimentaire, alors que plus de la moitié de la nourriture consommée en Grande-Bretagne est produite au pays[2]. Ces forces productives ne doivent plus être détruites ; la destruction de la terre et des forces productives est une tendance des plus dangereuses qui porte la menace de famine.
La question se pose : à qui appartient la terre ? Quel objectif sert-elle, quels intérêts sont promus ? Des sections de l'oligarchie internationale en rivalité et les oligopoles agroalimentaires prennent le contrôle de la terre, usurpant le pouvoir décisionnel pour adopter les mesures antisociales telles que l'augmentation de l'impôt sur les successions en Grande-Bretagne. C'est aussi un fait connu que « la Couronne » et l'aristocratie sont en grande partie propriétaires de la terre, dont ils ont « hérité » à l'époque médiévale.
Workers' Weekly, le journal du Parti communiste révolutionnaire de Grande-Bretagne (marxiste-léniniste), souligne : « Les manifestations contre l'impôt sur les successions mettent en lumière les tensions accrues entre la communauté agricole de la Grande-Bretagne et les gardiens du pouvoir au parlement, alors que les petits et moyens fermiers sont de toute évidence écartés des prises de décision avec les autres sections de la classe ouvrière. La nécessité d'un rôle décisionnel pour ceux qui travaillent la terre, et pour que leurs préoccupations soient entendues, et la nécessité que le peuple s'organise lui-même pour faire face à la crise alimentaire et dans d'autres domaines est cruciale. La lutte des fermiers et des travailleurs agricoles est juste ; leurs problèmes sont les mêmes que les problèmes de la société dans un contexte de chaos et de destruction auxquels le peuple est confronté. Les travailleurs agricoles détiennent les solutions aux problèmes de la production alimentaire ; ce qui leur manque est le pouvoir politique. »
Notes
1. « Farmers across Britain and Europe are Joining Together to Fight for their Rights », Workers' Weekly, 30 mars 2024
2. La Grande-Bretagne a importé 46 % de la nourriture consommée en 2020 ; 54 % a été produit au pays. Voir « An Overview of the UK's Food Imports », SSO International Forwarding, le 28 septembre 2023.
(Avec des informations de Workers' Weely, SNF, Politico, The Standard, The Independent, Farmers Weekly)
Cet article est paru dans
Volume 54 Numéro 12 - Décembre 2024
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