Inauguration du monument anticommuniste

Un monument honteux portant la marque de la glorification de collaborateurs nazis et de l'anticommunisme par les États-Unis/OTAN

– Hilary LeBlanc –

Le monument honteux rendant hommage à des nazis et collaborateurs nazis a été inauguré à Ottawa le 12 décembre, à 9 heures, au Jardin des provinces et des territoires sur la rue Wellington. On rapporte que le député Yvan Baker d'Etobicoke centre devait intervenir lors de l'inauguration, mais ne s'est pas montré. En fait, tous les représentants du gouvernement libéral de Trudeau ont brillé par leur absence. Plus tard, Baker a confié dans un courriel à CBC News qu'il avait participé à une cérémonie privée « en compagnie de membres d'Hommage à la liberté, d'un vétéran canadien, de survivants et représentants de plusieurs communités au Canada », ajoutant : « Je suis un défenseur de longue date de ce projet, et je suis fier que le gouvernement du Canada ait avancé 6 millions de dollars pour sa réalisation. »

Robert Tmej, un membre de l'administration d'Hommage à la liberté, qui est à l'origine du monument, s'est dit déçu que le premier ministre « ne puisse pas, ou a choisi de ne pas, être ici ». Omettant de mentionner pourquoi aucun nom n'a été inscrit sur le monument, le président d'Hommage à la liberté Ludwik Klimkowski a dit que les noms des personnes à qui on cherche à rendre hommage serait ajouté au site au cours de l'année. Sur cette question aussi épineuse, Tmej a affirmé avec arrogance : « Les gens qui ont trouvé asile au Canada ne peuvent être considérés comme des fascistes ou des nazis parce que le gouvernement ou des chercheurs n'ont pas suffisamment fait leur travail pour déterminer qui sont ces personnes. »

Leurs affirmations ont été contredites par Patrimoine canadien. Charles Thibault-Béland, secrétaire de presse de la ministre de Patrimoine, Pascale St-Onge, a dit dans un courriel qu'aucun échéancier spécifique n'avait été fixé par le gouvernement fédéral « puisque nous vérifions toujours les noms ». C'est une référence au fait que les noms soumis sont en grande partie les noms de nazis, de membres de la Waffen SS et de collaborateurs nazis connus qui ont commis des crimes contre l'humanité pendant la Deuxième Guerre mondiale.

En octobre 2024, un rapport préparé à l'Intention de Patrimoine canadien est rendu public. Il recommande que 332 des 550 noms prévus pour figurer sur le mémorial soient retirés en raison de leurs liens avec le nazisme ou parce qu'ils n'ont aucun lien avec le Canada. Le rapport souligne qu'en 2021, des fonctionnaires d'Affaires mondiales Canada ont déclaré à Patrimoine canadien que de nombreux défenseurs et combattants anticommunistes et antisoviétiques étaient également des collaborateurs actifs des nazis qui ont commis des massacres documentés.

Tout le tumulte entourant les noms vise à détourner l'attention du fait que ce ne sont pas que les noms qui sont entachés, c'est le monument lui-même, qui est le produit de forces nazies accueillies au Canada, en Argentine et dans d'autres pays d'Amérique latine par les gouvernements des États-Unis et du Canada. Le résumé à la fin de cet article intitulé History of the World Anti-Communist League 1945-85 (Histoire de la ligue anticommuniste mondiale 1945-1985) met abondamment en lumière qu'aucun des acteurs nazis impliqués n'a été soutenu par les Canadiens qui se sont toujours résolument opposés aux tentatives de la police politique canadienne de promouvoir des groupes fascistes et nazis pour inciter les passions et lancer des attaques racistes et fascistes contre le peuple avec l'appui de l'État[1].

Le Canada cherche toujours à rendre acceptable sa falsification de l'histoire

Le Canada a tout fait depuis la Deuxième Guerre mondiale pour cacher qu'il avait accueilli des nazis et leurs collaborateurs après la guerre. En outre, aujourd'hui, il fait tout ce qu'il peut pour désinformer l'opinion publique sur ses liens avec les néonazis qu'il a aidés à prendre le pouvoir en Ukraine.

Ceux qui sont impliqués dans ce projet visant à ériger un monument anticommuniste à Ottawa sont précisément la lie réactionnaire qui a constitué la Ligue anticommuniste mondiale (LACM) et d'autres organisations antidémocratiques et anti-peuple semblables à qui on a offert refuge et qui ont servi à bloquer le progrès social après la Deuxième Guerre mondiale. Réduire le tout à une question de quelques noms et s'ils doivent être retirés n'efface aucunement cette ignominie que la LACM et ses semblables ont imposée aux peuples du monde depuis la Deuxième Guerre mondiale.

Que Chrystia Freeland prétende que l'information au sujet de ses liens intimes avec les collaborateurs nazis d'hier et les néonazis d'aujourd'hui est de la désinformation russe – en dépit du fait que ces liens sont bien documentés, avec des photos et autres preuves –, cela fait partie intégrante des efforts du Canada pour faire revivre les collaborateurs nazis.

La discussion est interdite sur le rôle que Freeland a joué, avec le premier ministre Trudeau et tous les partis cartellisés siégeant au parlement qui l'ont encouragée à assurer la présence de l'organisation de ces nazis et collaborateurs nazis, le Congrès des Ukrainiens canadiens (CUC), dans les cercles gouvernementaux. En fait, plusieurs libéraux qui ont exprimé leur appui à ce monument anticommuniste mais étaient trop lâches pour se montrer la face lors de son inauguration, font les éloges de Freeland qu'ils qualifient de dirigeante exceptionnelle, allant jusqu'à l'ovationner et à en faire la promotion en tant que future première ministre du Canada.

Ils vivront sans doute assez longtemps pour regretter le jour qu'ils l'ont ovationnée, tout comme ils ont regretté d'avoir ovationné le fier membre de la Waffen SS Yaroslav Hunka au parlement le 22 septembre 2023.

D'autres personnes issues des rangs des cercles officiels – les Stephen Harper, Jason Kenney, Bob Rae, Irwin Cotler et d'autres – ont, elles aussi, été trop lâches pour faire acte de présence à l'ignoble inauguration. Mais cela ne les empêche pas d'appuyer le génocide américano-sioniste à Gaza ou de ne rien faire pour l'arrêter, ou de ne pas s'opposer au soutien du Canada au gouvernement corrompu de Zelenski en Ukraine pris en charge par des néonazis financés par les États-Unis/OTAN avec l'entière collaboration de Canada.

Tout sera dévoilé en temps et lieu, y compris pourquoi il a coûté 7,5 millions de dollars pour ériger ce monument abject, qui a décidé que le gouvernement pouvait contribuer 6 millions alors que l'organisation des amis des nazis Hommage à la liberté n'a pas réussi à recueillir de l'argent auprès des Canadiens et quelles sont les affiliations politiques des donateurs qu'Hommage à la liberté a réussi à convaincre de donner de l'argent.

Reste aussi à dévoiler quelle a été la destination des fonds publics que le gouvernement a versés au gouvernement ukrainien depuis le coup de Maidan en 2024 et durant la période où il a perpétré des massacres contre la population russophone du Donbass et les crimes qu'il a commis depuis qu'il tente d'isoler et de vaincre la Russie.

En plus des qualifications sordides de tous ceux qui font partie d'Hommage à la liberté, le « partenaire » du gouvernement du Canada dans ce projet honteux, un nom qui apparaît fréquemment en appui au monument sur la base des falsifications les plus flagrantes de l'histoire est celui de Marcus Kolga. Kolga est un professionnel en résidence de l'Institut MacDonald-Laurier (IML), qui en fait ainsi la promotion :

« Marcus Kolga est un réalisateur de documentaires, lauréat de récompenses internationales, journaliste, stratégiste des communications numériques et expert canadien en matière de la Russie et de l'Europe centrale et orientale. Marcus se focalise sur les stratégies de communications et médiatiques en tant qu'instruments de la politique étrangère et de la défense, et continue d'écrire des commentaires pour les médias nationaux et internationaux y compris le Globe and Mail et le Toronto Star. Il est le co-fondateur et l'éditeur de UpNorth.eu, un magazine en ligne d'analyses et de nouvelles politiques et culturelles provenant des régions nordiques et baltiques. Il a fréquemment commenté des questions touchant à la Russie et à l'Europe orientale et centrale à la radio et la télévision nord-américaines et dans des conférences politiques nationales. En 2008, il a été le fer de lance des efforts pour faire du 23 août jour d'anniversaire du pacte Molotov-Ribbentrop, une journée nationale canadienne de commémoration des victimes européennes du nazisme et du communisme – la Journée du Ruban noir – en préparant une résolution parlementaire qui a été présentée et adoptée grâce à l'Honorable Bob Rae. En 2015, Marcus a reçu l'Ordre estonien de l'Étoile blanche des mains du président Toomas Hendrik Ilives. »

Dans un article du 12 décembre publié dans le Ottawa Citizen, se référant à la période de la Deuxième Guerre mondiale, Kolga affirme : « Notre compréhension collective de l'histoire européenne est superficielle. Nous nous en tenons trop souvent à un narratif anglo-saxon sursimplifié et chauvin de la Deuxième Guerre mondiale, présentant l'Union soviétique comme un allié sans reconnaître son agression conjointe avec l'Allemagne nazie. » Kolga va jusqu'à accuser « la machine de propagande du Kremlin » de déshumaniser « les réfugiés de l'Europe orientale et centrale, les présentant comme des ennemis du Canada » et prétendant que « le fait de résister au colonialisme soviétique était l'équivalent du fascisme ».

Un article de 2019 qui se voulait une critique d'un article de David Pugliese intitulé « Nazi whitewash gathers momentum as memory of the Holocaust fades » (La promotion du nazisme gagne du terrain alors que la mémoire de l'Holocauste s'efface), Kolga affirme : « Toutes tentatives d'utiliser l'histoire et ces victimes pour diviser les communautés canadiennes ou pour miner la confiance dans les relations transatlantiques du Canada doivent être traitées avec scepticisme. Les actions de groupes marginaux de l'extrême-droite doivent être fortement condamnées, mais ce sont les actions de quelques-uns, et non de nations entières, et elles ne doivent pas servir de justification pour mettre fin à la participation du Canada au Enhance Forward Presence de l'OTAN en Lettonie ou à Operation Unifier en Ukraine, comme certains auteurs le suggèrent. » Kolga se réfère aussi à l'information au sujet du grand-père nazi de Chrystia Freeland comme étant « une campagne de salissage ciblant Chrystia Freeland en raison de ses positions intransigeantes envers la Russie ».

Kolga aurait aussi joué un rôle déterminant dans « la campagne de la société civile pour la loi sur les sanctions Magnitski » et continue « de défendre les victimes des droits humains partout dans le monde[2]. » Il prétend être un expert de la « désinformation russe » et d'avoir joué un rôle clé pour faire du 23 août une Journée nationale de commémoration pour les victimes du nazisme et du communisme en Europe.

Les partenaires en recherche du MLI sont, entre autres, le Global Engagement Center du département américain à Washington, le Centre de l'excellence StratCom de l'OTAN à Riga, l'Institut de Vilnius, le Eastern Stratcom/EUvsDisinformation (Bruxelles) de l'Union européenne et l'ambassade des États-Unis.

Par le biais d'un réseau mondial de tels « partenaires », le « Disinformation Watch » du MLI « surveille des narratifs de désinformation et de mésinformation en ligne et sur les réseaux sociaux, les plateformes parrainées par des États étrangers, des publications sur les plateformes de médias sociaux qui partagent des narratifs alignés sur des régimes étrangers malveillants, et les médias utilisant une troisième langue au Canada et ailleurs qui font la promotion de narratifs qui s'alignent avec des régimes étrangers malveillants. »

Un réseau d'espionnage des États-Unis/OTAN s'il en est un !

Jusqu'à présent, aucun nom n'est apparu sur le monument anticommuniste, mais celui-ci porte sans s'y tromper la marque de la campagne anticommuniste et antirusse belliciste des États-Unis/OTAN. Avec ce monument ignoble, sur la rue Wellington, de surcroît, le Canada tente d'échapper à l'histoire, mais la réputation du Canada est entachée à tout jamais.

Notes

1. History of the World Anti-Communist League (Part 1 : 1945-85)

2. Loi sur la justice pour les victimes de dirigeants étrangers corrompus (loi de Sergueï Magnitski) L.C. 2017, ch. 21

Sanctionnée 2017-10-18, « Loi prévoyant la prise de mesures restrictives contre les étrangers responsables de violations graves de droits de la personne reconnus à l'échelle internationale et apportant des modifications connexes à la Loi sur les mesures économiques spéciales et à la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés. »



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Volume 54 Numéro 12 - Décembre 2024

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