Exploitation des travailleurs étrangers temporaires, des migrants, des étudiants internationaux et des réfugiés
Opposons-nous résolument aux attaques racistes organisées par l'État contre les migrants et les travailleurs sans papiers
Il y a présentement au Canada multiplication des attaques racistes organisées par l'État contre les travailleurs migrants et sans papiers. En avril dernier, à Dartmouth, en Nouvelle-Écosse, le premier ministre Justin Trudeau a déclaré : « Qu'il s'agisse des travailleurs étrangers temporaires ou qu'il s'agisse des étudiants internationaux en particulier, [...] leur nombre a augmenté à un rythme bien supérieur à ce que le Canada a été en mesure d'absorber [...]. À titre d'exemple, en 2017, les immigrants temporaires représentaient 2 % de la population canadienne. Aujourd'hui, nous en sommes à 7,5 % de notre population composée d'immigrants temporaires. » Ce sont les libéraux qui ont incité ces travailleurs et ces étudiants internationaux à venir au Canada, mais ils n'assument aucune responsabilité pour ce qui est du soutien nécessaire pour vivre en toute sécurité et apporter leur contribution à la société canadienne. Il utilise aujourd'hui la même logique raciste que son père, Pierre Trudeau, dont le gouvernement libéral avait publié en 1975 le tristement célèbre Livre vert sur l'immigration, qui prétendait que le Canada avait une « capacité d'absorption limitée » pour les immigrants présentant des « traits nouveaux et distinctifs », en particulier ceux originaires du Sud asiatique et des Antilles.
Aujourd'hui, les gouvernements à tous les niveaux mènent une offensive antisociale et violent les droits au logement, à la santé et à l'éducation. Ils agissent de connivence avec les universités et les établissements d'enseignement supérieur qui exploitent les étudiants internationaux comme une vache à lait, leur faisant payer des frais de scolarité exorbitants tout en limitant leur capacité à travailler. Les travailleurs migrants sont amenés par des entreprises privées pour maximiser leurs profits et faire pression sur tous les travailleurs pour qu'ils acceptent des conditions de travail de plus en plus mauvaises. Alors que les effets de l'offensive antisociale sont de plus en plus sentis et insoutenables, ces gouvernements font des immigrants, des travailleurs migrants et des étudiants internationaux des boucs émissaires. Cela ne doit pas passer. Les travailleurs ne doivent pas se laisser diviser et tous doivent défendre ensemble la dignité du travail.
Le 26 août, le gouvernement Trudeau a introduit des changements visant à réduire le nombre de travailleurs étrangers temporaires (TET) au Canada, invoquant les abus et les fraudes commis par les employeurs qui utilisent le programme des TET. Il affirme vouloir réduire la « dépendance des employeurs canadiens à l'égard du programme », qui a été utilisé pour « contourner l'embauche de travailleurs talentueux au Canada ». Ces changements sont entrés en vigueur le 26 septembre :
« Le gouvernement du Canada refusera de traiter les
Études
d'impact sur le marché du travail (EIMT) dans les volets
des
postes à bas salaires, applicables au sein des zones
métropolitaines de recensement où le taux de chômage est
de 6 %
ou plus. Des exceptions seront accordées pour les emplois
saisonniers et non saisonniers dans les secteurs liés à
la
sécurité alimentaire (agriculture primaire,
transformation des
aliments et transformation du poisson), ainsi que pour
les
postes en construction et en santé;
« Les employeurs pourront embaucher jusqu'à 10 % de leur
effectif total dans le cadre du Programme des
travailleurs
étrangers temporaires. Ce pourcentage maximum d'embauche
s'appliquera au volet des postes à bas salaires. Il
s'agit d'une
baisse supplémentaire par rapport à celle annoncée en
mars 2024
pour ce volet. Des exceptions seront accordées pour les
emplois
saisonniers et non saisonniers dans les secteurs de la
sécurité
alimentaire (agriculture primaire, transformation des
aliments
et transformation du poisson), ainsi que pour les postes
en
construction, de santé;
« La durée maximale d'emploi pour les travailleurs
embauchés
dans le cadre du volet des postes à bas salaires sera
réduite
pour la faire passer de deux ans à un an. »
Ces changements rendront la vie des travailleurs
titulaires d'un
visa encore plus difficile et leur situation encore plus
précaire. Les entreprises ne sont pas tenues d'offrir des
salaires et des conditions de travail qui permettraient à
chacun
de vivre au Canada avec un niveau de vie respectable. Le
programme est conçu pour absorber les personnes déjà
présentes
dans le pays en utilisant leur statut précaire pour
fournir une
main-d' uvre bon marché. Le gouvernement souligne qu'il
existe
de nombreuses catégories de travailleurs vulnérables qui
peuvent
être exploitées pour fournir la main-d' uvre bon marché
dont les
employeurs ont besoin sans avoir à aller à l'étranger,
indépendamment des besoins des travailleurs eux-mêmes : «
Les
entreprises établies au Canada ont la responsabilité
d'investir
dans nos travailleurs – dans nos jeunes et dans nos
nouveaux
citoyens qui sont trop souvent des ressources économiques
inexploitées au pays. Ils doivent aussi investir dans la
formation professionnelle pour que les membres de la
population
canadienne qu'ils emploient puissent s'adapter à
l'économie de
l'avenir. »
D'autres modifications apportées actuellement aux permis
de
travail des étudiants étrangers récemment diplômés ont un
immense impact sur leur capacité à subvenir à leurs
besoins et à
atteindre leur objectif de résidence permanente et de
citoyenneté. Le ministre de l'Immigration, des Réfugiés
et de la
Citoyenneté, Marc Miller, a annoncé en septembre que le
Canada
réduirait de 10 % le nombre de permis d'études
internationaux
délivrés en 2025, alors qu'il avait déjà promis de
réduire ce
nombre de 35 % cette année. Il a ajouté que le
gouvernement
mettrait en uvre des règles plus strictes pour les
étudiants
qui souhaitent rester au Canada en vertu d'un permis de
travail
de troisième cycle. En avril, le gouvernement a donné un
avertissement de deux semaines : « Les étudiants
étrangers qui
commencent un programme collégial dispensé dans le cadre
d'un
accord de licence de programme d'études public-privé le
15 mai
2024 ou après ne seront pas admissibles à un permis de
travail
postdiplôme lorsqu'ils obtiendront leur diplôme. »
D'abord, ces
étudiants sont plumés, leurs familles sont lourdement
endettées
et, maintenant, on leur refuse sommairement la
possibilité de
gagner leur vie pour remplir leurs conditions d'obtention
de la
résidence permanente et de la citoyenneté.
Les groupes de défense des droits des immigrants soulignent que Justin Trudeau a promis un programme de régularisation en décembre 2021, au plus fort de la pandémie de COVID-19, alors que les travailleurs migrants et les travailleurs sans papiers occupaient des emplois essentiels pour assurer la survie du Canada. Maintenant que la pandémie est en grande partie derrière nous, ces mêmes travailleurs sont accusés de grever le système de santé et les services sociaux, voire d'être à l'origine de la crise du logement. Le chef de l'opposition conservatrice, Pierre Poilievre, a déclaré plus tôt cette année : « La seule façon d'éliminer la pénurie de logements est d'ajouter des logements plus rapidement que nous n'avons de population, et je supprimerai la bureaucratie pour construire les logements et je fixerai les niveaux d'immigration de manière à ce que notre parc de logements dépasse notre population. »
Il est un fait que depuis le début de l'offensive antisociale au Canada, au milieu des années 1980, le logement et tous les programmes sociaux ont fait l'objet de réductions aux niveaux fédéral et provincial. Le logement en tant que droit humain au Canada a été de plus en plus bafoué à mesure que les intérêts privés ont pris le contrôle de la construction du parc immobilier. Accuser les immigrants et les étudiants étrangers d'être responsables de la crise du logement, c'est dire des mensonges et c'est promouvoir le racisme. Les médias monopolisés tels que le Globe and Mail et les maisons de sondage se sont joints à ce choeur anti-immigrants en les accusant d'être responsables de la crise du logement et d'exercer une pression sur les services et programmes sociaux qui ont été progressivement privatisés dans le cadre de l'offensive antisociale menée contre l'ensemble des Canadiens et Canadiennes.
Ces justifications grossières et racistes sont des diversions qui servent à briser l'unité politique des Canadiens, dont la grande majorité souhaite que les immigrants et les réfugiés soient traités équitablement et ne soient pas maltraités. C'est l'État canadien, ses gouvernements et ses médias monopolisés qui sont engagés dans l'hystérie anti-immigrants. Récemment, le ministre de l'Immigration du Canada, Marc Miller, a proclamé qu'il n'y avait pas de consensus sur la régularisation des migrants et des sans papiers au Canada. Auprès de qui s'est-il renseigné pour en arriver à une conclusion pareille ? Certainement pas auprès des travailleurs.
En août, le rapporteur spécial des Nations unies sur les formes contemporaines d'esclavage a noté que le « Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) du Canada alimente les formes contemporaines d'esclavage, car il institutionnalise les asymétries de pouvoir qui favorisent les employeurs et empêchent les travailleurs d'exercer leurs droits ». Le Canada a fait venir 84 000 travailleurs en 2018, près de 136 000 en 2022 et environ 240 000 en 2023. Aujourd'hui, ces travailleurs et d'autres sont blâmés pour les problèmes causés par l'offensive antisociale des riches et de leurs gouvernements au cours des quatre dernières décennies. Ça ne passera pas !
Les immigrants, les travailleurs temporaires et les travailleurs sans papiers se mobilisent et s'élèvent contre ces attaques. Ils font valoir leurs revendications en tant qu'êtres humains et non comme des choses que le Canada peut exploiter, abuser et jeter au gré des caprices des riches et de leur gouvernement. Cela fait partie de la lutte politique organisée pour défendre les droits de toutes les personnes vivant au Canada, en bâtissant un Canada moderne qui proscrit les attaques racistes et les mauvais traitements infligés aux nouveaux arrivants.
Cet article est paru dans
Volume 54 Numéro 9 - Septembre 2024
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