Le gouvernement Legault se prépare à une nouvelle ronde d'attaques contre les plus vulnérables au Québec
Le 20 août, le premier ministre du Québec François Legault a annoncé une nouvelle ronde de mesures anti-ouvrières, invoquant de nobles idéaux comme la protection de la langue française ou une volonté de ne pas exacerber la crise du logement avec l'arrivée d'un plus grand nombre d'immigrants. Et ainsi de suite.
Lors d'une conférence de presse d'une heure, le premier ministre a déclaré un moratoire qui entrerait en vigueur le 3 septembre sur toute demande, nouvelle ou renouvelée, de travailleurs étrangers en vertu du Programme des travailleurs étrangers temporaires – qui relève du Québec – si les demandes sont pour l'île de Montréal.
François Legault prétend en partie que ces mesures visent à protéger la langue française à Montréal. Ce changement engendrerait le rapatriement de près de 3500 travailleurs étrangers vivant présentement à Montréal, dont beaucoup travaillent dans des restaurants et des entrepôts. Un nombre moins important de travailleurs étrangers temporaires oeuvrent dans des secteurs comme l'agriculture, la transformation alimentaire, la construction, l'éducation, la santé et les services sociaux, ainsi qu'à l'emploi d'Hydro-Québec quand elle en a besoin.
On rapporte que ce sont les demandeurs d'asile, les plus vulnérables de tous, qui seront appelés à accepter ces emplois, en attendant une décision de la Commission du statut de réfugié ou d'être expulsés.
François Legault prétend que le moratoire est le résultat de sa démarche auprès du gouvernement fédéral pour que celui-ci réduise sensiblement le nombre de demandeurs d'asile au Québec et les « redistribue » dans l'ensemble du Canada, et pour une compression importante dans le programme de mobilité internationale du fédéral. Il a dit que la réponse du gouvernement fédéral avait été : « Et vous, qu'allez-vous faire ? »
Le premier ministre a annoncé que cet automne il présenterait un projet de loi concernant les étudiants internationaux afin de tenter d'éliminer ceux qui veulent venir étudier mais qui veulent rester.
Dans les semaines et mois qui ont précédé cette annonce, différents acteurs du réseau de l'éducation ont exprimé leur consternation devant le désinvestissement dans les cours de francisation, alors que le gouvernement du Québec prétend que c'est sa priorité.
Ils ont souligné que, cette année, le gouvernement du Québec a décidé de mettre fin à la hausse des sommes allouées aux centres de services scolaires (anciennement les commissions scolaires) alors même que le commissaire à la langue française reconnaissait le printemps dernier que les heures actuellement offertes en francisation étaient nettement insuffisantes. D'autres font valoir que cette décision mènerait à la fermeture de milliers de classes.
Le président de l'Association québécoise du personnel de direction des écoles (AQPDE) exprime aussi sa déception et son incompréhension : « On a besoin de ces gens-là, des travailleurs qui parlent français, et on vient freiner le processus. Pour nous, sur le terrain, c'est très difficile à accepter comme décision. »
En juillet, la Fédération autonome de l'enseignement (FAE) envoyait une lettre au premier ministre François Legault et à la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, pour dénoncer la situation. On peut y lire, entre autres : « Seulement 43,6 % des personnes immigrantes ayant déclaré ne pas connaître le français à l'admission ont participé à des cours de francisation dans les trois ans suivant leur admission. Entre le 1er juin 2023 et le 15 avril 2024, seule la moitié des personnes ayant envoyé une demande à Francisation Québec avaient commencé leurs cours ou reçu une confirmation d'inscription à un cours. »
La FAE souligne aussi qu'en janvier dernier, 36 204 personnes attendaient une place dans une classe de francisation, en dépit du fait que dans la dernière convention collective, le syndicat avait négocié avec le gouvernement une amélioration des services d'accueil et d'apprentissage du français pour les élèves issus de l'immigration.
En dépit des faits, le gouvernement Legault ne rate aucune occasion de blâmer le peuple pour l'offensive antisociale et inciter au racisme contre les travailleurs migrants, les réfugiés, les étudiants internationaux et d'autres. C'est du racisme d'État, mais ce sont les Québécois qui sont accusés d'être xénophobes, parmi bien d'autres accusations farfelues.
Cet article est paru dans
Volume 54 Numéro 9 - Septembre 2024
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