L'importance de la
rencontre de 1989
à Chertsey, Québec
La pleine signification de la rencontre de Chertsey devient toujours plus évidente avec le passage du temps.
Au moment où le discours de Chertsey était prononcé, le monde vivait une période de transition entre l'essor révolutionnaire et le repli de la révolution. Peu de temps après, le monde était témoin de nombreuses transformations, dont la chute de l'Union soviétique et la fin de la division bipolaire du monde. Comme le décrivait le camarade Bains cinq ans plus tard : « Les peuples étaient engagés dans un grand mouvement pour exiger une profonde transformation économique et ce mouvement grandissait dans plusieurs régions du monde, particulièrement en Europe de l'Est mais pas uniquement là. Ce mouvement s'est cependant tourné contre lui-même, manipulé par l'impérialisme mondial et le révisionnisme. En quelques mois après la Conférence de Chertsey, d'une période d'essor de la révolution nous sommes passés à une période de repli. Pour nous, la Conférence de Chertsey a été une déclaration du PCC(M-L) que non seulement il n'allait pas être manipulé par l'impérialisme mondial et le révisionnisme, mais qu'il allait poursuivre son travail. »
L'analyse de la nature de cette période par le camarade Bains prépara les forces révolutionnaires au Canada pour ce qui allait suivre en analysant précisément les développements à l'échelle nationale et internationale à ce point tournant décisif. Il parla de la victoire historique de l'Union soviétique et de Staline sur le nazisme et le fascisme et des programmes sociaux créés par les sociétés socialistes. Il fit une mise en garde contre les grands dangers posés par l'impérialisme anglo-américain et la réaction mondiale et décrit les grandes tragédies dans lesquelles ils ont plongé les peuples du monde, les innombrables guerres, invasions, coups d'État et violences médiévales contre les peuples qui réclament l'indépendance et le progrès social. Il avertit que d'autres grandes tragédies allaient s'abattre sur le monde.
La prédiction de Hardial Bains que l'hystérie anticommuniste encouragée par la réaction mondiale était le prélude à une offensive généralisée contre les peuples à l'intérieur des forteresses impérialistes et ailleurs s'est réalisée. Le vieux monde s'était exclamé, dans l'euphorie : « Le communisme est mort » et « L'histoire est arrivée à sa fin ». Il a prédit que cette euphorie ferait bientôt place à la pire vengeance et la plus sombre réaction, et c'est ce que nous avons vu et c'est ce à quoi nous résistons aujourd'hui. Il a dirigé le PCC(M-L) dans les préparatifs pour faire face à la trahison de ceux qui persistent à agir comme avant, même dans nos propres rangs. Il a dirigé le PCC(M-L) comme parti qui reste inébranlable et fidèle à ses convictions.
À cet égard, le camarade Bains a énoncé ce que les communistes devaient faire pour bâtir le PCC(M-L) en tant que parti politique de la classe ouvrière afin de réaliser l'unité politique du peuple. Accordant une attention première au besoin de développer la théorie en tant que généralisation du mouvement émancipateur de la classe ouvrière, il a défendu la conception du monde communiste moderne en tant que condition nécessaire à la réalisation d'une société centrée sur l'être humain. Il a prédit avec certitude que la jeunesse, en dépit de l'anticommunisme répandu massivement par la réaction, répondrait à l'appel des communistes et prendrait position pour une cause juste. « Nous déclarons ouvertement que nous voulons le pouvoir de la classe ouvrière et de personne d'autre... parce que la classe ouvrière est la classe productive, c'est la classe la plus complètement révolutionnaire et que ses buts ne peuvent être réalisés sans le renversement du capitalisme par la révolution. [...] Aujourd'hui, peu importe la question abordée, [...] la bourgeoisie ne peut trouver de solution. Seule la classe ouvrière peut trouver une solution. C'est donc la classe ouvrière qui est au centre, et nos points de vue sont ceux de la classe ouvrière. »
Le camarade Bains a souligné que le problème le plus important en termes de travail spécifique est de gagner les masses des travailleurs du côté de l'histoire. « Il faut y aller avec passion, comme quand on essaie de gagner le coeur d'un être aimé, parce que la classe ouvrière est la seule force sociale qui puisse sauver l'humanité », a-t-il dit.
Parlant du grave danger que font planer l'impérialisme anglo-américain et la réaction mondiale, le camarade Bains a souligné qu'il n'y a pas d'autres façons de sauver le monde de la crise qui le menace. « La classe ouvrière peut perdre une bataille, mais pas la guerre », a-t-il dit.
Il a parlé de l'esprit communiste qui imprègne le mouvement révolutionnaire. Ce mouvement a donné naissance à une personnalité nouvelle, a-t-il dit, parce que le Parti mène son travail consciemment et en suivant un plan.
Cinq ans après la rencontre de Chertsey, parlant de la nécessité du Parti, le camarade Bains disait : « Le 19 août 1989, je déclarais au nom du PCC(M-L) que des femmes et des hommes nouveaux avaient vu le jour au Canada. Qui sont ces êtres nouveaux ? Ceux qui ont des idéaux élevés, sont honnêtes et sincères, ont la conscience claire et ont tout sacrifié, qui ont créé une nouvelle façon de vivre dans les conditions du capitalisme décadent. Ces conquêtes sont maintenant sous les tirs croisés de ceux qui veulent une vie révolutionnaire à temps partiel. Ils nous disent que c'est de l'extrémisme que d'exiger que chacun soit responsable de ses paroles et de ses actes, que le PCC(M-L) refuse toute conciliation avec la pourriture que fait jaillir la société capitaliste dans sa déchéance. Ils tentent de proposer que les communistes aient dans la vie deux attitudes différentes, qu'ils agissent d'une certaine manière lorsqu'ils font de la politique et d'une autre le reste du temps. Si nous dégénérons au niveau de ce type de 'communistes', nous deviendrons des hypocrites, une force décadente bourgeoise incapable de réaliser quoi que ce soit, quelles que soient les circonstances. Nous ne sommes pas une force de ce genre et nous ne le deviendrons pas. Nous n'avons jamais admis l'imbécillité ou l'impuissance, pour ce qui est de notre travail en général, et nous n'acceptons pas l'impuissance face à la situation. [...] Notre Parti s'exprime avec grandes convictions sur tous les fronts. Aucun océan n'est plus profond que ses convictions. Ses idéaux sont plus élevés que les sommets les plus élevés de l'Himalaya et sa détermination est telle que nul ne peut encore la définir. »
Aujourd'hui, à l'heure où sur le plan national comme sur le plan international la trahison et la perfidie sont devenues un mode de vie pour les impérialistes anglo-américains et les grandes puissances d'Europe, la rencontre de Chertsey est un événement qui assume à chaque jour une importance plus grande. Chertsey était et demeure le symbole de la force, de la maturité et de la vitalité du Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste). Le discours prononcé par le camarade Bains offre des lignes directrices cruciales pour que les êtres humains modernes puissent prendre contrôle de leur vie. Il donne des lignes directrices qui ont permis au Parti de lancer son Initiative historique, son projet d'édification nationale en 1995, et les plans d'action qui ont suivi pour répondre aux exigences de chaque période. Il a amené à l'adoption du programme : Arrêtez de payer les riches ! Augmentez les investissements dans les programmes sociaux ! en 1997 et, en dépit de la perte monumentale subie par le Parti avec le décès du camarade Bains le 24 août 1997, il a mené au succès du VIIe Congrès tenu en 1998 qui a adopté l'Initiative historique du Parti et du VIIIe Congrès en 2008 sous le thème : « Pour jeter les fondements du Parti communiste de masse ».
Le camarade Bains avait conclu cette rencontre historique à Chertsey en lançant : « Nous marcherons ensemble et réaliserons les tâches que nous nous sommes fixées pour la période actuelle. Regardez-nous bien, nous allons gagner ! »
Cet article est paru dans
Volume 54 Numéro 8 - août 2024
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