La politique d'exportation de la main-d'oeuvre des Philippines et la situation des travailleurs migrants philippins au Canada
La présidente de Migrante International s'adresse à une réunion à Toronto
Joanna Concepcion, la présidente de Migrante International, était l'invitée d'honneur lors d'un événement organisé par Migrante Ontario à Toronto le 14 août. Migrante Ontario est l'organisation d'auto-défense des Philippins et d'autres travailleurs migrants dans la province, une composante de Migrante Canada qui, lui, est affilié à Migrante International, avec ses plus de 200 branches locales et régionales en Asie, en Europe et en Amérique du Nord.
Joanna a souligné que cette année est le 50e anniversaire de la Politique d'exportation de la main-d'oeuvre adoptée dans les Philippines par le régime notoire de Ferdinand Marcos père, soutenu par les États-Unis. Cinquante ans plus tard, le gouvernement philippin actuel de Ferdinand Marcos fils a institutionnalisé davantage cette politique en créant un département des travailleurs migrants qui, comme l'a expliqué Joanna Concepcion, n'est qu'un autre mécanisme permettant d'imposer des frais de traitement et d'extorquer de l'argent aux personnes voulant quitter les Philippines à la recherche d'un avenir meilleur pour eux et pour leurs familles.
Actuellement, plus de 6000 migrants quittent les Philippines à chaque jour. Près de 58 % de ces migrants sont des femmes. Collectivement, les près de 2,5 millions de travailleurs étrangers d'outremer (TEO) envoient plus de 37 milliards de dollars US aux Philippines, un facteur essentiel à l'économie philippine. Joanna a expliqué que les Philippines sont le plus important fournisseur de marins et de travailleurs dans des domaines connexes et un des plus grands fournisseurs d'infirmières à des pays comme les États-Unis et le Canada, alors que c'est la pénurie dans les îles. Le ratio actuel en soins infirmiers aux Philippines est présentement d'une infirmière pour soixante patients, tandis qu'au Canada, malgré la crise qui sévit dans le système de santé, le ratio est d'environ une infirmière pour six patients.
L'absence de protection pour les TEO au fil des gouvernements philippins a fait en sorte que plus de 5000 Philippins vivent présentement en détention et plus de 70 sont dans le couloir de la mort dans divers pays dont la Malaisie, l'Indonésie, le Qatar, l'Arabie saoudite et ailleurs.
La présidente de Migrante International a également souligné que la domination de l'économie des Philippines par les monopoles américains, chinois, sud-coréens, japonais et autres monopoles étrangers a engendré une crise économique qui a poussé les gens à émigrer à la recherche d'une vie meilleure pour leur famille. Elle a dit que le régime de Marcos fils s'applique en ce moment à subventionner de vastes projets d'infrastructure construits par le privé, qui sont une source de profits faramineux pour les propriétaires tandis des compressions sont imposées dans les programmes sociaux et les fonds détournés vers l'armée ou les élites corrompues qui règnent sur le pays. Elle a aussi souligné que les secteurs énergétiques, technologiques et de la construction appartiennent entièrement ou en grande partie à des entreprises multinationales étrangères. Près de 70 % du secteur manufacturier appartient à des intérêts étrangers.
Le point le plus important que Joanna a soulevé est que les migrants philippins rejoignent les autres migrants et travailleurs là ils sont pour lutter pour leurs droits et tiennent tête aux attaques accrues de gouvernements visant à briser l'unité de la classe ouvrière. Dans plusieurs pays, la propagande anti-immigrants, une propagande organisée par l'État, est à la hausse et des projets de loi racistes sont adoptées, ce qui criminalise davantage les travailleurs migrants et les autres immigrants, les rendant encore plus vulnérables aux abus, à l'exploitation et aux violences physiques.
Pour terminer, la présidente de Migrante International a applaudi les prises de position courageuses des migrants philippins au Canada et ailleurs, qui exigent que leurs droits soient protégés par l'État philippin, mais aussi par les gouvernements des pays où ils travaillent et où ils vivent. Leurs actions militantes fondées sur les principes contribuent à accroître la sensibilisation mondiale aux conditions des travailleurs migrants, y compris les travailleurs philippins, et sont une contribution essentielle à la lutte pour la justice et la dignité de tous les travailleurs, et pas seulement des migrants, a-t-elle ajouté
La présentation a été suivie d'une discussion animée à laquelle
ont participé des travailleurs et des jeunes migrants engagés
dans la défense des droits des migrants au Canada.
Cet article est paru dans
Volume 54 Numéro 8 - Septembre 2024
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