Tentative honteuse de rallier les Canadiens aux préparatifs de guerre lors de la fête du Canada
Le 1er juillet, jour du 157e anniversaire de la Confédération par proclamation royale de 1867, également connu sous le nom de fête du Canada, le gouvernement a organisé un méprisable défilé aérien militaire, se vantant qu'il s'agissait du plus important défilé aérien des 20 dernières années. Le défilé aérien comprenait plus de 45 aéronefs de la plupart des flottes de l'Aviation royale canadienne (ARC), ainsi que plusieurs avions et hélicoptères historiques et du « futur ».
Les avions, dont certains sont stationnés à l'aéroport de Gatineau, ont survolé la colline du Parlement vers 13 h, avant la cérémonie officielle de la fête du Canada au parc des Plaines-LeBreton. Parmi les aéronefs participants figuraient l'avion d'entraînement CT-156 Harvard II, les avions de transport CC-177 Globemaster et CC-330 Husky, les avions de combat CF-188 Hornets, ainsi que les hélicoptères CH-148 Cyclone, CH-147 Chinook, CH-149 Cormorant et CH-146 Griffon. Les CF-188 Hornet ont été utilisés dans le cadre de l'opération Echo, nom de code des frappes aériennes des Forces armées canadiennes lors des bombardements de l'OTAN sur la Yougoslavie en 1999. Entre le 24 mars et le 10 juin de cette année-là, les avions canadiens ont effectué 684 sorties en 224 missions et largués près de 230 000 kg de bombes à gravité et à guidage de précision sur les infrastructures civiles.
Cette « célébration » ou « Parade dans le ciel » fait partie des activités en cours depuis le 1er avril 2024 pour souligner le 100e anniversaire de l'ARC, qui vise à honorer son « patrimoine distinct », en mettant l'accent sur « les contributions à la sécurité nationale, à la paix internationale et à la stabilité mondiale ». Les sites Web du gouvernement indiquent que, depuis sa formation en 1924, l'Aviation royale du Canada « a servi les Canadiens en temps de paix et en temps de guerre » et a joué un rôle essentiel pendant la Deuxième Guerre mondiale, atteignant son « âge d'or » vers la fin des années 1950, avec des dizaines d'escadrons de combat « au-dessus des lignes du front pendant la guerre froide ».
Il s'agit d'une référence directe à la participation du Canada aux Forces intégrées de l'OTAN en Europe, immédiatement après l'adhésion du Canada à l'OTAN en 1949. On dit que l'Aviation royale du Canada a été la deuxième force, après l'armée de l'air des États-Unis, en nombre d'aéronefs modernes fournis aux forces de l'OTAN partout en Europe à l'époque. Ces engagements envers l'OTAN ont donné lieu à un bond gigantesque dans la production d'armements, si bien qu'à son apogée, au début des années 1950, les Forces armées canadiennes ont absorbé plus de 50 % du budget fédéral total. De 1951 à 1959, le Canada s'est classé au quatrième rang des membres de l'OTAN pour ce qui est des dépenses militaires par habitant.
Même si, de facto, c'est le président des États-Unis qui, en tant que commandant en chef de l'OTAN et du NORAD, met les Forces armées du Canada en action lorsqu'une situation d'urgence est déclarée, en vertu de la Constitution du Canada les FAC font partie intégrante des arrangements politiques anachroniques qui sont célébrés le jour de la fête du Canada et qui privent le peuple de son pouvoir. Dans un article de Wikipédia intitulé « La monarchie du Canada et les Forces armées canadiennes » on peut lire :
« 'Le roi du Canada' est 'le commandant en chef des Forces canadiennes et lui-même et d'autres membres de la famille royale canadienne' occupent des 'postes honorifiques dans diverses branches et divers régiments, incarnant ainsi la relation historique de la Couronne avec ses forces armées. Cette conception découle du système de monarchie constitutionnelle du Canada et de ses 500 ans d'histoire monarchique. [...] Le rôle de la Couronne canadienne dans les Forces armées canadiennes est établi par le droit constitutionnel et le droit législatif. La Loi constitutionnelle de 1867 stipule que le commandement en chef de ces forces doit « continuer à relever de la Reine' et la Loi sur la défense nationale stipule que 'les Forces canadiennes sont les forces armées de Sa Majesté levées par le Canada'. [...]
« Officiellement, il y a une chaîne de commandement directe entre le monarque et le gouverneur général, par l'intermédiaire du chef d'état-major de la Défense, tous les officiers qui détiennent la Commission du roi et, par leur intermédiaire, tous les membres des Forces canadiennes. Aucune autre personne, y compris le premier ministre, les autres ministres ou les fonctionnaires, ne fait partie de la chaîne de commandement; aucune autre personne n'a d'autorité de commandement dans les Forces canadiennes, une disposition maintenue pour s'assurer que 'l'armée est un agent et non un maître de l'État'. [...]
« Le monarque délivre des lettres patentes, connues sous le nom de Commission du roi, aux officiers commissionnés de l'Armée canadienne, de la Marine royale canadienne et de l'Aviation royale canadienne. De plus, tous les règlements des Forces canadiennes sont établis par le souverain dans les Ordonnances et règlements royaux. [...] Les déclarations de guerre, la mobilisation des troupes et l'organisation des Forces relèvent toutes de la prérogative royale. L'approbation parlementaire directe n'est pas nécessaire; toutefois, le Cabinet peut la demander, et la Couronne au Parlement est responsable de l'affectation des fonds nécessaires au financement des forces armées. »
À l'heure actuelle, le Canada participe à la prolongation de la guerre par procuration menée par les États-Unis et l'OTAN en Ukraine et il est le complice criminel du génocide du peuple palestinien par Israël. Organiser un tel événement belliciste pour souligner la fête du Canada, qui serait consacrée à célébrer « la richesse et la diversité de la culture canadienne », est une attaque directe contre la conscience du peuple et une glorification ouverte et extrême des crimes de guerre et du génocide. Dans les circonstances d'aujourd'hui, elle sert à amplifier le traumatisme vécu par la communauté palestinienne de la région d'Ottawa-Gatineau, dont les membres ont perdu des familles entières aux mains de ces bâtisseurs d'empire et de ces destructeurs de nation.
Rien qu'au cours des dernières années, des mesures importantes ont été prises pour remettre en question le fondement même de la Confédération de 1867, notamment à la suite de la découverte des tombes anonymes d'enfants autochtones dans tout le Canada et du refus de députés de l'Assemblée nationale du Québec de prêter serment d'allégeance au roi Charles III. Il y a un besoin objectif de nous débarrasser de ces vieux arrangements et d'abolir la prérogative royale sur laquelle repose la Constitution.
Cette démonstration de prouesses militaires par l'Aviation royale du Canada a jeté une ombre sur le corps politique canadien. Il a souligné la nécessité impérieuse d'une constitution moderne qui se débarrasse une fois pour toutes des structures archaïques basées sur ceux qui gouvernent et ceux qui sont gouvernés, les questions cruciales liées à la guerre et à la paix étant placées entre les mains du peuple, et non des partis cartellisés au service d'intérêts privés étroits où la production de guerre et les entrepreneurs privés dominent. Le message sous-jacent du spectacle aérien est que les élites protégeront leurs positions de pouvoir et de privilèges et relègueront le peuple à un rôle de spectateur quoi qu'il arrive. Les Canadiens ne sont pas d'accord.
Cet article est paru dans
Volume 54 Numéro 7 - Juillet 2024
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