Un autre exemple flagrant de vol du bien public
Des intérêts privés prennent le contrôle du conseil municipal de Vancouver
Des intérêts privés ont pris le contrôle du Conseil municipal de Vancouver, un bel exemple de ce qui se produit à tous les niveaux de gouvernements au Canada. Le maire actuel de Vancouver, Ken Sim, est un riche homme d'affaires qui a gagné les élections municipales de 2022 par un coup monté. Ken Sim est le co-propriétaire d'une compagnie privée mondiale de soins de santé portant le nom de Nurse Next Door. Sa mainmise sur l'Hôtel de ville de Vancouver – avec sa clique de co-conspirateurs portant le nom de « A Better City (ABC) » – semble avoir été, somme toute, assez facile, avec son argent et celui de riches donateurs et ses connections avec l'élite dirigeante locale, dont les médias de masse.
Sim et sa clique de ABC entraînent la ville dans une plus grande privatisation de ses fonctions et de l'espace public, forts de leurs pouvoirs exécutifs. À l'abri de l'État de droit, ce sont en fait des pouvoirs de police. Un aspect significatif de ce programme est de ne pas chercher à régler les nombreux fléaux sociaux qui existent à Vancouver, y compris la pauvreté, l'itinérance, la vétusté des infrastructures publiques et la désuétude des services publics. La ville a plutôt embauché 100 agents de police de plus alors que les personnes dans le besoin doivent compter sur la générosité de riches philanthropes et d'entreprises privées pour gérer les symptômes des crises, sans que les problèmes à la source ne soient jamais abordés. Ainsi, des multimillionnaires et des entreprises privées sont promus comme étant des leaders et des sauveurs, à contrecourant de l'orientation moderne voulant que le peuple s'investisse du pouvoir et contrôle l'économie socialisée et la politique.
Ken Sim et sa clique de ABC profitent de la situation pour enrichir des compagnies privées et leurs propriétaires. Dans le même temps, on empêche les travailleurs et les travailleuses de faire valoir leurs opinions et leur perspective de renouveau démocratique, d'une nouvelle direction prosociale et d'un nouvel objectif pour l'économie.
Les oeuvres de bienséance sont au centre des solutions du maire aux fléaux sociaux. Il participe à des événements d'oeuvres de bienfaisance, où il s'engage à faire des dons, qu'il puise à même sa fortune personnelle, équivalents aux dons recueillis, D'un geste pour indiquer qu'il n'a qu'à téléphoner à un de ses riches amis, c'est ainsi qu'il compte réparer le train pour enfants au parc Stanley. Pour lui, la détérioration de l'infrastructure et des services publics est l'occasion de mettre en oeuvre son plan de privatisation, ce qui profite aussi à sa compagnie privée de soins de santé. Il prétend que la privatisation est une alternative aux taxes, une notion qu'il invente pour justifier son action. Dans le même temps, il n'est pas contre l'augmentation des frais d'utilisateur au municipal, une forme de taxe sur les services publics, une mesure autoritaire qui s'applique à tout le monde, peu importe le revenu.
Par exemple, le Conseil de ville contrôlé par ABC a adopté des frais de stationnement pour les gens qui veulent profiter de la plage Spanish Bank, un site qui est à toutes fins pratiques inaccessible par transport en commun. La longue plage, avec ses dunes qui s'étendent jusqu'à la baie de Burrard à marée basse est située à Point Grey, possiblement le quartier résidentiel le plus opulent et ayant les maisons les plus riches au Canada. C'est là que se trouve la résidence privée de Ken Sim, sans aucune commune mesure avec les conditions sociales et de vie de la plupart des travailleurs.
L'ordre du jour de privatisation du maire Sim comprend une proposition de parrainage permettant à une entreprise de prêter son nom à un service public ou à un parc et que des compagnies privées puissent s'occuper de propriétés publiques. Par exemple, le Centre aquatique de Vancouver, qui est dans un état de détérioration avancé, ferait une collecte de fonds après avoir été renommé le Centre aquatique Lululemon. Pour remplacer ou réparer la piscine extérieure désuète de Kitsilano, le maire propose des investissements privés pour créer une entreprise publique-privée. Pour le spectacle de feux d'artifice en juillet à la plage English Bay, il a fermé le meilleur site tout au long du mois de juillet pour permettre à des intérêts privés d'y installer des kiosques et vendre de la nourriture, des boissons et des sièges aux rares personnes qui peuvent se le permettre au cours de l'événement de trois jours. La campagne de privatisation de Ken Sim touche aussi au système public de bibliothèques.
Afin de pouvoir augmenter le contrôle et la privatisation des endroits et des services publics, son groupe ABC a proposé au gouvernement provincial d'éliminer la Commission des parcs de Vancouver. Les membres élus de la commission s'y objectent, la plupart d'entre eux ayant été des candidats de ABC, qui se voient maintenant montrer la porte. Le gouvernement néodémocrate a accepté de démanteler la commission et de céder ses fonctions au Conseil municipal mais compte le faire après les élections provinciales du 19 octobre.
Une des principales initiatives de Ken Sim en tant que maire a été de changer les règlements de zonage pour permettre aux promoteurs immobiliers de construire de plus grands édifices dans toute la ville et d'accroître la densité démographique. Pour y arriver, il doit changer des règlements qui interdisent une trop grande densité et que de nouvelles constructions empêchent les résidents de voir les montagnes et la mer. Le maire prétend qu'en autorisant les promoteurs à remplir les « espaces vides » et à augmenter la densité démographique, ce sera une solution à la crise du logement et de l'itinérance et attirera plus de gens à vouloir vivre dans le centre-ville.
Au Canada, comme partout ailleurs, les alternatives aux mégacités à haute densité ne sont jamais discutées de façon sérieuse. Les grandes entreprises veulent que les gens soient entassés pour que les riches puissent obtenir leur profit maximum. Elles exigent que le logement social soit construit par des compagnies privées à des prix exorbitants et qu'aucune entreprise publique ne soit établie pour construire, fournir et entretenir des logements pour la population et que la valeur produite reste dans la communauté publique sous le contrôle du peuple.
Le fait que les intérêts privés se saisissent de gouvernements met en lumière la nécessité du renouveau démocratique. En établissant un système politique et une constitution modernes, les citoyens doivent s'investir du pouvoir de décider et de contrôler toutes les affaires qui affectent leur vie.
Cet article est paru dans
Volume 54 Numéro 7 - Juillet 2024
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