Discussion sur le terrorisme israélien
L'article suivant, rédigé par le Dr Ismail Zayid, est paru dans le Halifax Chronicle Herald le 4 novembre 2001. Le Dr. Zayid affirme : « La définition d'un acte terroriste change si vous êtes à la pointe du canon d'une arme à feu. » Plus de vingt ans plus tard, les États-Unis, les sionistes israéliens et des pays comme le Canada et d'autres qui pratiquent la politique de l'apaisement envers le génocide israélien, continuent de confondre ce qui constitue un acte de terreur et ce qui constitue un acte de résistance pour justifier l'injustifiable. Le Dr Zayid a écrit :
L'horrible massacre de milliers de victimes innocentes, le 11 septembre [2001] à New York et Washington, a attiré beaucoup d'attention sur le sujet du terrorisme, Oussama ben Laden et son groupe Al-Qaïda.
Les médias et les politiciens se sont également livrés à des insinuations à l'égard des Arabes et des musulmans, en référence au Moyen-Orient et au conflit palestinien.
Mais nulle part il n'est fait mention du terrorisme israélien dans le cadre de ce conflit.
Le terrorisme est défini de différentes manières. Une définition intéressante est proposée par le célèbre intellectuel Noam Chomsky, qui a écrit :
« Il y a une autre propriété qui définit le 'terrorisme' dans le jargon contemporain : il se réfère à des actes violents commis par Eux, et non par Nous. »
Une autre définition est celle où les hommes, les femmes et les enfants qui sont tués sont des Palestiniens et où les tireurs ou les pilotes qui les assassinent sont des Israéliens. Cette forme de terrorisme n'est pas du terrorisme, nous dit-on, mais de simples représailles, de la légitime défense ou ce que l'on peut appeler le « terrorisme civilisé ».
Le feu professeur Israel Shahak, survivant de l'Holocauste et alors président de la Ligue israélienne des droits de l'homme et des droits civils, a écrit : « Il n'y a rien de nouveau dans le fait qu'Israël est un État terroriste qui, presque depuis sa création, a utilisé ses services de renseignement (le Mossad) pour assassiner des personnes en sol étranger avec toute la violence ou la terreur qu'il juge nécessaire pour parvenir à ses fins. »
Les actions de l'État d'Israël depuis sa création et celles des bandes terroristes (le Stern, l'Irgoun Zwei Leumi et la Haganah) qui l'ont fait naître, témoignent de la longue histoire d'Israël en matière de terrorisme, non seulement au Moyen-Orient mais aussi sur la scène internationale. Ce bilan est énorme et il faudrait des volumes pour le relater, mais je me contenterai d'évoquer quelques exemples :
L'assassinat de dirigeants et d'intellectuels palestiniens, en Europe et au Moyen-Orient, se poursuit depuis des années. Il s'agit notamment de l'affaire de Lillehammer en Norvège en 1972, où un serveur marocain innocent a été tué par erreur, au lieu d'un Palestinien ciblé, du meurtre du diplomate et universitaire palestinien Naim Khader en 1985 à Bruxelles, et de bien d'autres encore.
Fathi Shikaki a été assassiné à Malte en 1995 sur ordre d'Yitzhak Rabin. Et n'oublions pas le rôle d'Ehud Barak, déguisé en femme arabe, dans l'assassinat de trois dirigeants palestiniens, dont le poète Kemal Nasser, en 1973 à Beyrouth.
L'assassinat ciblé par Israël de Palestiniens décrits comme des activistes, ainsi que de passants, se poursuit à ce jour. Les assassinats israéliens ne se limitent pas aux Palestiniens, cela inclut l'assassinat en 1944 du ministre britannique Lord Moyne au Caire, planifié par Yitzhak Shamir.
Un crime horrible a été commis avec l'assassinat du noble suédois, le comte Folke Bernadotte, médiateur des Nations unies, le 17 septembre 1948, à Jérusalem, sur ordre d'Yitzhak Shamir, qui devint plus tard premier ministre d'Israël. Le péché du comte Bernadotte a été de recommander, en tant que médiateur de l'ONU, que les réfugiés palestiniens chassés de chez eux par Israël soient autorisés à rentrer dans leurs foyers. Cette recommandation est à l'origine de la résolution 194 de l'ONU, du 11 décembre 1948, qui stipule le droit au retour des réfugiés palestiniens dans les plus brefs délais.
L'utilisation d'armes chimiques par Israël est également attestée par la tentative ratée d'assassinat de Khalid Meshal à Amman en 1997, sur ordre du premier ministre Benjamin Netanyahou.
Aussi incroyable que cela puisse paraître, Israël s'est également livré au développement du bioterrorisme.
Certains lecteurs se souviendront peut-être de la chronique de Daniel Paul dans le Chronicle Herald, intitulée : « Où est l'indignation à propos des travaux d'Israël sur les armes biologiques ? » (1er janvier 1999). Il se référait à un article du Sunday Herald intitulé : « La bombe ethnique : les armes israéliennes tueraient les Arabes et épargneraient les Juifs » (15 novembre 1998), tiré du Sunday Times de Londres, citant des scientifiques et des hommes politiques israéliens.
Le premier acte de piraterie aérienne de l'histoire de l'aviation civile a été commis par Israël en 1954, lorsqu'un avion de ligne civil syrien a été abattu à Tel-Aviv et ses passagers et son équipage retenus en otage, malgré la condamnation internationale.
Le premier acte d'abattage d'un avion de ligne civil a été délibérément commis par Israël lorsqu'un avion de ligne libyen a été abattu par des chasseurs à réaction israéliens au-dessus du Sinaï en février 1973, sur ordre de la première ministre Golda Meir, tuant 107 passagers et l'ensemble de l'équipage français.
La terreur israélienne ne s'est pas limitée aux Palestiniens, aux Arabes et aux Européens, elle s'étend à son plus proche soutien et allié, les États-Unis. En 1954, des agents secrets israéliens ont bombardé les centres diplomatiques américains du Caire et d'Alexandrie (l'affaire Lavon) pour en rejeter la responsabilité sur les Égyptiens. Israël a par la suite honoré l'auteur de l'attentat, Marcello Ninio.
En juin 1967, pour ne pas exposer leurs communications secrètes, les forces israéliennes ont attaqué et coulé le navire espion américain USS Liberty et mitraillé des bateaux de sauvetage, tuant 35 personnes et blessant 170 militaires américains. Elles ont à nouveau tenté d'en rejeter la responsabilité sur les Égyptiens. Aussi incroyable que cela puisse paraître, le Congrès américain refuse à ce jour d'ouvrir une enquête sur ce crime, comme le demandait l'équipage survivant. Il va sans dire qu'aucune sanction n'a été imposée et qu'aucun appel à l'extradition des auteurs n'a été lancé.
La terreur sioniste n'a pas épargné les Juifs non plus. En 1940, la bande terroriste Irgun Zwei Leumi de Menachem Begin a bombardé le navire Patria dans le port de Haïfa, tuant 240 réfugiés juifs, afin de rejeter la responsabilité sur les Britanniques pour des raisons politiques.
Juste après le début de la Deuxième Guerre mondiale, le
gang de
l'Irgoun dirigé par Begin a fait exploser le SS
Patria
sous pavillon français à Haïfa.
En 1950-1951, des agents israéliens ont été envoyés en Irak où ils ont fait exploser des grenades dans la synagogue Massauda Shem-Tov bondée, faisant de nombreux morts, afin d'en rejeter la responsabilité sur les Irakiens et d'encourager les Juifs irakiens réticents à émigrer en Israël.
Le terrorisme israélien contre les Palestiniens se poursuit : meurtres, tortures, expropriation de leurs terres pour la création de colonies illégales, démolition de milliers de maisons et de villes et villages entiers, sans parler des nombreux massacres, dont ceux de Deir Yassin, Qibya, Sabra et Chatilla.
Peinture murale du massacre de Sabra et Chatila en 1982
par
l'artiste irakien Dia al-Azzawi
Les Palestiniens de Cisjordanie sont sous occupation illégale depuis plus de 34 ans, au mépris du droit international et des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies. Leurs actes de résistance sont qualifiés de terrorisme par Israël, alors que le droit international autorise tous les peuples, y compris le peuple palestinien, à résister à l'occupation étrangère.
L'occupation est une violence, et pour mettre fin à la violence et apporter la paix et la sécurité aux Israéliens et aux Palestiniens, Israël doit se conformer au droit international et se retirer complètement de tous les territoires occupés en 1967, y compris Jérusalem-Est.
Les actes de belligérance d'Israël vont au-delà de son mépris du droit international et des résolutions du Conseil de sécurité et s'étendent à la violation de ses propres accords avec l'Autorité palestinienne.
La réoccupation récente de sept villes dans les zones autonomes palestiniennes est illégale. Le prétexte en est le récent assassinat du ministre israélien du Tourisme, Rehavam Zeevi, par des membres du Front populaire de libération de la Palestine, en représailles à l'assassinat par Israël de leur chef, Mustafa Zibri, deux mois plus tôt.
Mustafa Zibri est l'un des plus de 50 dirigeants palestiniens assassinés au cours de l'année écoulée. L'invasion de ces villes, y compris Bethléem et Beit Jala, à l'aide de chars et d'hélicoptères Apache, a mené à la démolition d'un grand nombre de maisons et à la mort de plus de 50 Palestiniens, pour la plupart des femmes et des enfants.
L'invasion de ces villes se poursuit au mépris de la condamnation internationale et de l'appel au retrait immédiat lancé par les États-Unis, l'allié, le bienfaiteur et le soutien inconditionnel d'Israël. Mais, hélas, Israël reste au-dessus du droit international.
Le regretté historien canadien Frank Epp, alors président du collège Conrad Grebel de l'Université de Waterloo, a écrit : « Il est vrai que des actes terroristes ont été perpétrés par des personnes identifiées comme étant des Palestiniens. Mais il existe un autre terrorisme, plus pernicieux et plus brutal, celui de la dépossession et du déplacement forcés des Palestiniens.
« Toutefois, le terrorisme perpétré par les Palestiniens, aussi regrettable soit-il, est minuscule par rapport à celui qui leur a été infligé. Les médias n'ont pas suffisamment insisté sur ce point. »
La tragédie pour le peuple juif d'Israël, dans les crimes qui sont commis en son nom, est mise en évidence dans la déclaration du célèbre historien britannique Arnold Toynbee, qui a dit lors d'une conférence à l'Université McGill en 1961, devant un auditoire majoritairement juif : « Le traitement des Arabes par les Juifs en 1948 était aussi moralement indéfendable que le massacre de six millions de Juifs par les nazis. Ce qu'il y a de plus tragique dans la vie humaine, c'est que des gens qui ont souffert imposent la souffrance à leur tour. »
Le peuple palestinien réclame aujourd'hui un minimum de justice. Sans cela, il n'y aura pas de paix pour les Arabes ou les Juifs au Moyen-Orient.
(Tiré de Dossier on Palestine, Shunpiking Magazine. Traduit de l'anglais par LML.)
Cet article est paru dans
Volume 54 Numéro 5 - Mai 2024
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