Tentatives de saper la résistance palestinienne et le droit à l'existence en s'appuyant sur l'idéologie des «deux extrêmes» de la guerre froide
Le Canada s'abstient lors du vote pour rehausser le statut d'État obserateur de la Palestine aux Nations unies
Le Canada a été l'un des 25 pays à s'abstenir lors du vote de l'Assemblée générale des Nations unies à l'effet d'accorder à la Palestine des droits accrus en tant qu'État observateur le 10 mai[1]. Les raisons officielles invoquées pour l'abstention du Canada sont typiques d'une lâche acceptation du génocide américano-israélien contre le peuple palestinien. Même au moment où la Palestine a le plus besoin d'aide, le Canada pense pouvoir justifier les crimes contre l'humanité et les actes odieux commis par les génocidaires américains et israéliens en invoquant des idéaux élevés.
Un rapport de l'Associated Press sur l'abstention du Canada montre comment il cherche à se cacher derrière un voile de grands idéaux. Il utilise des mots et des phrases vides de sens qui, selon lui, le placent du côté des anges et lui permettent de criminaliser le mouvement de résistance du peuple palestinien. Il prétend adhérer au droit international alors qu'il condamne en fait tout un peuple à l'anéantissement parce qu'il ne partage pas ses positions criminelles. Tout cela ne fait que confirmer la soumission abjecte du Canada aux impérialistes américains et aux sionistes israéliens et que le Canada doit rendre des comptes.
Selon l'AP, le premier ministre Justin Trudeau dit que la raison pour laquelle le Canada s'est abstenu de voter en faveur de la résolution le 10 mai est que son gouvernement est engagé envers une solution à deux États, comme si la priorité pour le peuple palestinien et le monde entier n'était pas d'arrêter le massacre des Palestiniens en forçant Israël à se retirer de Gaza et à assurer l'acheminement de l'aide humanitaire. Sous couvert de grands idéaux, et en donnant la logique qu'Israël a le droit d'anéantir le Hamas pour se défendre et que la paix ne peut être garantie que si le droit des Palestiniens à l'autodétermination est nié, Justin Trudeau s'est attiré le ridicule et c'est la réputation du Canada dans le monde entier qui en prend un coup.
Selon l'AP, le premier ministre a déclaré après une conférence de presse sur un autre sujet à West Kelowna, en Colombie-Britannique :
« Au cours des dernières années, nous nous sommes éloignés de cette solution à deux États. Le gouvernement israélien, sous la direction du premier ministre Netanyahou, a fermé la porte à toute solution à deux États, ce qui est inacceptable, et nous sommes fondamentalement en désaccord avec cette attitude. [...]
« En même temps, poursuit-il, le Hamas continue de gouverner en tant qu'organisation terroriste à Gaza, de mettre en danger la vie des civils et de refuser de reconnaître l'État d'Israël d'une manière qui est également inacceptable.
« C'est pourquoi le Canada a décidé de changer de position et de s'abstenir plutôt que de voter 'non' à l'ONU. »
Selon le rapport de l'AP, Bob Rae, ambassadeur du Canada aux Nations unies et toujours acteur de premier plan dans l'activité criminelle du Canada, a déclaré que le Canada reconnaîtra l'État palestinien au moment le plus propice à une paix durable, ajoutant qu'il ne s'agit pas nécessairement d'un accord de paix définitif avec Israël.
« Nous pensons qu'il faut continuer de progresser vers l'autodétermination palestinienne et nous ne voulons pas et ne pouvons pas nous permettre de baisser les bras », a-t-il dit dans son intervention lors du vote à New York [le 10 mai].
Ce que les États-Unis et le Canada entendent par autodétermination palestinienne, c'est que le peuple palestinien ne doit pas être autorisé à décider de quoi que ce soit par lui-même. Au contraire, il doit accepter la définition d'une solution à deux États imposée par des pays comme les États-Unis et le Canada, qui maintiennent le pouvoir de décision entre leurs mains.
« Il est clair que nous devons reconstruire d'urgence une voie crédible pour parvenir à une solution à deux États – une solution qui donne de l'espoir aux Palestiniens et aux Israéliens, afin qu'ils puissent vivre côte à côte dans la paix, la sécurité et la dignité. Ce processus ne peut pas retarder indéfiniment la création d'un État palestinien », a poursuivi Bob Rae.
Ces déclarations sont typiques du recours du Canada aux valeurs libérales qu'il a acquises auprès des bâtisseurs d'empire du XIXe siècle, qui toléraient tout ce qui favorisait l'Empire britannique et commettaient des atrocités pour détruire les peuples des terres que les Britanniques déclaraient « posséder ». Présenter ceux qui luttaient pour la libération nationale et la liberté dans les termes les plus bestiaux, les dépeindre comme des terroristes qui s'opposaient à l'homme blanc civilisé et craignant Dieu, ainsi qu'à sa mission civilisatrice, était dans l'ordre des choses. L'ampleur des crimes commis par les bâtisseurs d'empire et l'héroïsme des peuples qui les ont combattus restent à ce jour méconnus. Des pays comme le Canada et d'autres pays qui ont pratiqué la politique de l'apaisement envers le sionisme américain et israélien pensent qu'ils peuvent éviter le jour où ils devront rendre des comptes une fois pour toutes.
Les déclarations du premier ministre et de l'ambassadeur du Canada à l'ONU sont également influencées par la conception du monde de la guerre froide imposée par les États-Unis après la Deuxième Guerre mondiale. C'est la conception du monde qui imprègne également l'État canadien et sa raison d'État établie par les impérialistes anglo-américains après la Deuxième Guerre mondiale. L'un de ses principes fondamentaux est que le communisme et le fascisme sont deux extrêmes et que les institutions démocratiques libérales établissent un « équilibre » qui prône la « modération », la « tolérance » et les valeurs démocratiques anglo-américaines auxquelles tout le monde doit adhérer. La quête de domination mondiale des États-Unis opposait la démocratie libérale des États-Unis et de leurs alliés de l'OTAN à ce qu'ils appelaient la dictature communiste et au prétendu terrorisme de tous ceux qui luttaient contre le nazisme et pour la libération nationale. Les valeurs des peuples du monde sur la paix, la liberté et la démocratie, pour lesquelles ils ont versé le sang dans la guerre antifasciste, ont été codifiées, avec la création des Nations unies, dans la charte de l'ONU et toutes les conventions reconnues comme formant le droit international, mais elles n'ont jamais guidé la conduite des impérialistes américains et de leurs valets canadiens.
L'absurdité des extrêmes est utilisée pour justifier l'injustifiable. Elle définit quiconque refuse de succomber au diktat des États-Unis comme des terroristes, des commanditaires du terrorisme, des membres de l'axe du mal, etc. À l'heure où leurs institutions libérales du XIXe siècle et leur idéologie de la guerre froide sont indéfendables et que les relations entre humains et entre les humains et la nature révèlent que le peuple est dénué de pouvoir politique, les agissements de ceux qui occupent des positions privilégiées et de pouvoir font beaucoup de dommage. L'administration Biden et le gouvernement Trudeau ont beau essayer de défendre les crimes commis contre l'humanité au nom de grands idéaux, il est clair que ce sont eux qui soutiennent les extrémistes en lice pour les postes de pouvoir et les privilèges qu'ils convoitent, tandis que la résistance des peuples du monde trace une nouvelle voie pour l'humanité.
L'abstention du Canada sur le vote visant à accorder à la Palestine des droits accrus en tant qu'État observateur aux Nations unies est inacceptable et est un acte de lâcheté. Sa prétention que « ce n'est pas le bon moment » de prendre une position qui contribue à une solution de paix, son obstination à dire que le Hamas est le problème et sa présomption de pouvoir décider à la place des Palestiniens quel État ils établiront et qui décidera de sa forme de gouvernement, sont tous des aspects plus méprisables les uns que les autres. C'est la Résistance palestinienne et les milliards de personnes dans le monde qui la soutiennent qui demandent de facto des comptes à ceux qui gouvernent le Canada aujourd'hui. Cela inclut à la fois ceux qui sont au pouvoir et ceux qui forment l'Opposition loyale, ainsi que toutes les forces de l'establishment qui trouvent des excuses pour ce que font les sionistes et qui trouvent des fautes et criminalisent ceux qui résistent. Ils auront beau faire, ils n'échapperont pas au verdict de l'histoire.
Note
1. Neuf pays ont voté contre la résolution : Argentine, États-Unis, Hongrie, Israël, Micronésie, Nauru, Palau, Papouasie-Nouvelle-Guinée et République tchèque.
Vingt-cinq pays se sont abstenus :
Albanie, Autriche, Bulgarie, Canada, Croatie, Fidji, Finlande, Géorgie, Allemagne, Italie, Lettonie, Lituanie, Malawi, Îles Marshall, Monaco, Macédoine du Nord, République de Moldavie, Paraguay, Pays-Bas, Roumanie, Royaume-Uni, Suède, Suisse, Ukraine et Vanuatu.
Cet article est paru dans
Volume 54 Numéro 5 - Mai 2024
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