Opposons-nous à l'intégration du Canada à l'économie
de guerre des États-Unis

Non à l'argent de l'armée américaine dans les opérations minières canadiennes ou dans d'autres industries !

– K.C. Adams –

CBC News rapporte que l'armée américaine a donné à deux sociétés minières canadiennes une première tranche de 15 millions de dollars pour exploiter et traiter le cuivre, l'or, le graphite et le cobalt au Québec et dans les Territoires du Nord-Ouest. L'armée américaine a fait savoir qu'elle disposait d'un demi-milliard de dollars pour mettre ces minéraux à la disposition de sa machine de guerre composée d'avions, de drones, de véhicules électriques, de missiles et de munitions.

Les impérialistes américains développent fébrilement leur capacité de guerre et ont de plus en plus intégré le Canada dans leur économie militaire. L'élite dirigeante américaine se tourne vers le Canada pour s'assurer un approvisionnement en minéraux et en combustibles carbonés afin d'alimenter ses guerres d'agression dans le monde entier. Il s'agit notamment de la guerre par procuration qu'elle mène actuellement en Ukraine contre la Russie, de l'approvisionnement des bellicistes sionistes déterminés à massacrer tous les Palestiniens jusqu'au dernier, du renforcement de la capacité de guerre des États-Unis dans les Amériques, les Caraïbes et l'Afrique, ainsi que de l'encerclement et de la menace de frappes préventives contre la Chine et la République populaire démocratique de Corée.

Le financement actuel de l'armée américaine directement dans l'économie canadienne se fait sous l'égide de la Loi sur la production de défense (DPA) des États-Unis qui donne au président américain le pouvoir d'acheminer l'argent de l'armée américaine à l'étranger. Un communiqué de presse de l'armée américaine qualifie ce financement de « co-investissement canado-américain ».

La DPA remonte à la période immédiate après la Deuxième Guerre mondiale, lorsque les impérialistes américains se sont engagés dans une politique de guerre mondiale visant à « endiguer le communisme ». Les États-Unis ont largué deux bombes atomiques sur des cibles civiles au Japon, alors que les militaristes japonais avaient déjà été vaincus et qu'il ne leur restait plus qu'à se rendre officiellement. Les États-Unis ont filmé et abondamment photographié les explosions atomiques et envoyé les images menaçantes dans le monde entier, en particulier à l'Union soviétique, en laissant entendre que « vous et vos alliés êtes les prochains ». Ils ont déclenché une guerre d'agression en Corée pour empêcher le peuple coréen de décider de son propre avenir après sa victoire historique sur l'occupation coloniale japonaise. Ils ont préparé leurs forces militaires à occuper le Vietnam pour remplacer les envahisseurs coloniaux français qui étaient sur le point d'être totalement vaincus par l'héroïque peuple vietnamien. Partout, les impérialistes américains ont cherché à freiner les mouvements de libération nationale qui luttaient pour compléter leurs victoires après la Deuxième Guerre mondiale.

Pour servir l'objectif des militaristes américains d'endiguer le communisme et de parvenir à l'hégémonie mondiale d'après-guerre, le DPA confère au président des États-Unis le pouvoir de financer la production ou d'acheter du matériel pour leurs systèmes d'armement avancés, au nom de la « sécurité nationale ». En ce qui concerne le financement actuel de l'extraction et du traitement des ressources au Canada par la DPA, l'armée américaine a entamé le processus en 2022, en lançant des appels d'offres pour l'exploitation minière et le raffinage par des demandes détaillées, puis en sélectionnant deux finalistes. Selon la CBC, le gouvernement canadien a alors engagé des millions de dollars de subventions pour soutenir les initiatives de l'armée américaine. La CBC cite Ben Steinberg, qui a travaillé sur les questions de sécurité énergétique pour le gouvernement américain et qui travaille aujourd'hui pour un cartel de fabricants de batteries, et qui affirme ce qui est évident : « L'armée américaine a besoin de ces matériaux pour participer aux combats. »

L'argent versé par l'armée américaine et le gouvernement canadien aux sociétés minières privées concerne les études de faisabilité, l'obtention des permis et les préparatifs pour la production. Le gouvernement canadien a promis à l'armée américaine que si des événements futurs déterminaient une nécessité pour les minéraux, ils seraient fournis sans interruption, conformément à une clause de la version canadienne de la DPA, qui donne au gouvernement le pouvoir d'acheter des matières premières au nom d'un allié de l'OTAN. En conséquence, l'armée américaine « passerait en premier dans la file d'attente des clients ».

La société Fortune Minerals, basée en Ontario et « bénéficiaire » des stratagèmes pour payer les riches, affirme que, dans le cadre de son contrat de subvention, le gouvernement américain paiera le prix du marché pour les minéraux dès qu'il deviendra client. L'entreprise affirme avoir « déjà dépensé 137 millions de dollars en travaux préparatoires pour une mine de cobalt-or-bismuth-cuivre dans les Territoires du Nord-Ouest et une installation de traitement dans le sud du Canada ».

CBC écrit : « L'argent n'était pas disponible auprès des banques parce que les marchés des capitaux, pour les petites sociétés minières, sont fermés [...] depuis plusieurs années. [Fortune Minerals] a commencé à demander de l'argent aux départements fédéraux américains il y a plusieurs années, et a appris que la plupart d'entre eux ne pouvaient pas financer un projet étranger; mais l'armée le pouvait, en raison d'un ancien accord défense-industrie, auquel le Royaume-Uni et l'Australie viennent d'adhérer. »

Avec l'approbation et le financement du projet par l'armée américaine et des fonds supplémentaires du gouvernement canadien, la construction des infrastructures et de la mine va bientôt commencer, la production étant prévue pour 2027, car l'entreprise « dispose déjà des principaux permis et d'une évaluation environnementale ». Apparemment, pour que l'entreprise reçoive le financement, elle a dû promettre que « le contrôle de ces minéraux [resterait] entièrement en Amérique du Nord et que [l'entreprise] traiterait potentiellement des matériaux pour le géant minier britannique Rio Tinto ».

L'autre offre gagnante d'un financement de l'armée américaine est celle d'une entreprise québécoise, Lomiko Metals, qui cherche à développer ce qu'elle décrit comme l'un des plus grands gisements de graphite au monde. « Comme vous pouvez l'imaginer, nous avons été très enthousiastes à la nouvelle du financement de l'armée américaine », a déclaré Gordana Slepcev, cheffe des opérations de Lomiko. « C'est une étape extraordinaire et excitante pour nous ». Elle a précisé que le financement de l'armée et du gouvernement américains couvrira la moitié de tout ce dont l'entreprise a besoin avant de prendre une décision sur la construction, c'est-à-dire la dernière phase des travaux de faisabilité et d'obtention des permis.

CBC écrit : « Avec le soutien du Pentagone, elle ne s'inquiète pas de pouvoir réunir l'autre moitié au cours des prochaines années ; Elle estime que les plans définitifs prendront entre trois et cinq ans et que les premiers coups de pioche pourraient être donnés entre 2027 et 2029. 'La réalité est que nous pouvons toujours accélérer le calendrier, a-t-elle déclaré. Si les capitaux arrivent tout de suite, nous pourrons aller [plus vite].' »

Selon la CBC, le financement des projets par l'armée américaine a été promis lors de la visite de Joe Biden à Ottawa au début de l'année 2023, mais il a fallu un an de plus pour que les premiers projets soient confirmés. Le ministre des Ressources naturelles du Canada, Jonathan Wilkinson, a évoqué l'urgence des préparatifs de guerre et la nécessité d'accélérer la production des matériaux nécessaires à la fabrication des armes modernes, déclarant à la CBC : « Nous devons aller plus vite. Il ne peut pas nous falloir 12 à 15 ans pour autoriser l'ouverture de nouvelles mines dans ce pays. »


Cet article est paru dans
Logo
Volume 54 Numéro 5 - Juin 2024

Lien de l'article:
https://cpcml.ca/francais/Lml2024/Articles/LM54053.HTM


    

Site web :  www.pccml.ca   Courriel :  redaction@pccml.ca