Anniversaire de l'Enquête nationale sur les femmes
et les filles autochtones disparues et assassinées

Les cinq ans depuis la publication des 231 appels à la justice soulignés

– Pierre Soublière –

Une cérémonie a eu lieu sur la Colline du parlement à midi le 3 juin pour souligner le cinquième anniversaire de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, le rapport qu'il a engendré publié en juin 2019, Réclamer notre pouvoir et notre place, et ses 231 appels à la justice. L'événement a été appelé par le Urbain Indigenous Action Group, Soeurs par l'esprit, l'Assemblée des sept générations, Femmes de la nation métisse et la Coalition d'Ottawa pour mettre fin à la violence faite aux femmes.

La cérémonie a débuté avec une danse en rond et une chanson en hommage aux femmes, aux filles et aux personnes bispirituelles disparues et assassinées, suivi de discours prononcés par les principaux organisateurs ainsi que par des dignitaires, dont le ministre de la Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada, Gary Anandasangaree.

Un des points faits dans le rapport est que des mesures doivent être prises pour « mettre un terme à ce génocide et redresser la situation » et que ces mesures « doivent être aussi importantes que l'ensemble des systèmes et des actions qui ont contribué à perpétuer la violence coloniale pendant des générations ». Plusieurs organisatrices ont dit qu'il était facile d'évaluer où le gouvernement en était rendu dans ses démarches pour mettre en oeuvre le rapport : il suffit de constater où les choses en sont rendues sur le terrain, dans la vraie vie, dans les communautés telles que celle de Winnipeg où les familles demandent toujours que des fouilles soient menéessites d'enfouissement dans les  pour y trouver leurs mères et leurs soeurs.

Un des appels à la justice demande aux gouvernements de garantir « un revenu annuel viable pour tous les Canadiens et Canadiennes, y compris les peuples autochtones, et qu'ils répondent à tous leurs besoins sociaux et économiques ». La porte-parole de Urban Indigenous Action Group a invoqué cet appel lorsqu'elle a appelé à des investissements accrus dans les logements et dans les programmes sociaux, y compris l'accès aux soins de santé, à la sécurité alimentaire et à un revenu viable et garanti.

Un autre appel à la justice s'adresse à tous les Canadiens : « Veiller à ce que les gouvernements mettent les appels en oeuvre en vertu des principes importants que nous avons invoqués. »

Le même jour, le ministère de Relations Couronne-Affaires autochtones et Affaires du Nord Canada a publié un communiqué intitulé « Le gouvernement du Canada réalise des progrès pour répondre aux appels à la justice pour mettre fin à la crise nationale des femmes, des filles, des personnes bispirituelles et des personnes de diverses identités de genre autochtones disparues ou assassinées. » Malgré l'absence flagrante de « progrès », on peut lire dans le rapport : « Nous devons travailler ensemble, de toute urgence, pour rendre les communautés plus sûres, pour rendre justice aux personnes survivantes et aux familles et pour démanteler le racisme systémique, la misogynie et la discrimination de longue date créés par plus d'un siècle de colonisation qui ont mené à cette crise tragique au Canada. » Seule une institution éhontée sans aucun sens des responsabilités peut prétendre que la réponse du gouvernement constitue un « progrès ».

Loin de « démanteler » le legs colonial, les élites dirigeantes adoptent, au contraire, toutes sortes de mesures et de projets de loi pour consolider leur contrôle, tout en marginalisant encore plus les peuples du Canada et du Québec et les peuples autochtones, et en réprimant davantage leurs luttes.

Les peuples du Canada et du Québec et les peuples autochtones luttent pour de nouveaux arrangements fondés sur une définition des droits établie par le peuple lui-même en affirmant que notre sécurité est dans la lutte pour les droits de toutes et tous et dans le rejet du legs du pouvoir colonial britannique qui reconnaît seulement les droits d'une poignée de privilégiés.


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Volume 54 Numéro 5 - Juin 2024

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